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Nuit noire en Anatolie (2022)
de Özcan Alper
publié le mercredi 14 février 2024

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Sélection Le Festival du cinéma méditerranéen de Montpellier 2023,
Antigone d’or

Sortie le mercredi 14 février 2024


 


Özcan Alper est un cinéaste turc bien reconnu à l’étranger, dans les festivals, et cela dès son premier long métrage : Sonbahar, en 2008, a été sélectionné dans plus de soixante festivals dont deux français (Angers et Paris-Cinéma) (1). Ses films personnels suivants (2) ont également été remarqués : Le temps dure longtemps (2011) a été présenté au Festival international de Toronto, Les Mémoires du vent (2014) a été soutenu par la Cinéfondation du Festival de Cannes et le Fonds Hubert-Bals du Festival de Rotterdam.


 


 


 

En attendant son prochain film pour Netflix, Le Festival des troubadours, (2022) filmé et monté la même année, voici donc son quatrième long métrage, Nuit noire en Anatolie, pour lequel il a bénéficié du soutien du Fonds mondial de la Berlinale et de l’Aide aux cinémas du monde (CNC). Antigone d’Or au dernier CinéMed de Montpellier, il se penche sur l’état actuel de son pays, la Turquie, de plus en plus enlisé dans le racisme et le nationalisme. Même si cet état se propage actuellement et rapidement au monde entier, il est vrai que c’est très inquiétant et les peuples, dans une sorte de sidération, comme un lapin ébloui par les phares d’une voiture, se sentent à la fois impuissants et coupables devant l’impossibilité d’agir.


 


 


 

Le film raconte une histoire qui se déroule parmi des gens ordinaires, dans une petite ville de montagne. Un jeune homme, Ishak, revient dans le village de sa famille, au chevet de sa mère malade, et découvre l’hostilité des habitants à son égard, hostilité qui ira jusqu’au bout, dans une logique criminelle.
Nuit noire en Anatolie se base sur des faits réels, tels celui d’un journaliste tué dans la rue au cours d’une bataille de boules de neige, et surtout celui d’un jeune étudiant parti travailler pendant l’été dans une ville connue pour son nationalisme et mystérieusement disparu, sans aucune réaction de la société, alors que les recherches menées par son père sont restées vaines.


 


 


 

Il décrit par petites touches l’ambiance de suspicion et de méfiance qui entoure ce visiteur, dont on découvre peu à peu à la fois la vie passée et les orientations, jusqu’à une fin inattendue. Fin d’autant plus triste et affligeante que le film présente tout du long une nature et des paysages superbes, qui ne font que mettre l’accent sur le malheur d’un pays où Mein Kampf est devenu un best-seller de librairie…


 


 


 

Ce qui a principalement poussé le cinéaste à réaliser ce film, c’est le processus politique qui constitue son arrière-plan. Avec la volonté de montrer comment les désirs réprimés par la société, la sexualité non exprimée, peuvent créer un climat de peur et de violence. Nuit noire en Anatolie se présente comme un hommage à ceux qui, malgré tout, luttent et résistent à la triste réalité géopolitique du monde.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

1. Sonbahar est resté inédit en salles en France.

2. Sur les 11 réalisations de Özcan Alper, on compte trois courts métrages, deux films collectifs et une série.


Nuit noire en Anatolie (Karanlik Gece). Real : Özcan Alper ; sc : Ô. A. & Murat Uyurkulak ; ph : Yunus Roy Imer ; mont : Osman Bayraktaroglu, Umut Sakalliglu. Int : Ates Berkay, Pinar deniz, Cem Vigit Uzümoglu (Turquie-Allemagne-France, 2022, 114 mn).



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