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Le Titien, l’empire des couleurs (2022)
de Laura Chiossone & Giulio Boato
publié le mercredi 28 février 2024

par Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n°427-428, mars 2024

Sélection officielle du FIFA 2023

Sortie le mercredi 28 février 2024


 


Aborder le Titien et son œuvre considérable est un pari audacieux, même dans un documentaire de long métrage. Un peintre célèbre dont il est déjà difficile de dater précisément la naissance, probablement située entre 1480 et 1488, à Pieve di Cadore, en Vénétie. Une longue vie pour l’époque, certains disent qu’il aurait vécu et travaillé jusqu’à son décès en 1576 à Venise, à 96 ans.


 


 

Quatre styles d’images se confrontent et se mêlent tout au long du film, qui emprunte parfois à la fiction. Tout d’abord une succession de cadrages classiques sur de nombreux intervenants, historiens d’art, conservateurs de musées et, étrange invitation, sur le peintre néo-pop américain Jeff Koons. Chacun évoquant le peintre ou son œuvre, intercalée d’une mise en scène genre commedia dell’arte introduisant des personnages costumés et masqués représentant parfois le Diable, parfois des visages grotesques ou comiques ; des vues classiques sur les œuvres et enfin une mise en scène de personnages réels figurant les personnages peints dans les positions et attitudes identiques aux tableaux présentés, sans oublier l’apparition du peintre incarné par un acteur.


 

Laura Chiossone & Giulio Boato commencent leur film par la peste noire qui s’abat sur Venise, puis présentent, dans un incessant tourbillon d’images et de paroles, la vie foisonnante du Titien, depuis son enfance proche des forêts des Dolomites, jusqu’à Venise où il arrive à l’âge de 12 ans, pour étudier la peinture et la fabrique des pigments. Ce qui est raconté, dans un rythme extrêmement rapide est passionnant.


 


 

Le Titien dévoile en outre des qualités de très bon marchand de son travail. Son ambition est dévorante, il n’aura de cesse de chercher les honneurs et le pouvoir. Ainsi, il obtient une pension versée par le Conseil des Dix, peint "La Bataille de Cadore" pour le Palais des Doges, gagne la confiance de l’État vénitien qui lui commande "L’Assomption de la Vierge", pour l’église des Frari.


 


 

Il tentera tous les voyages possibles pour atteindre ses objectifs. À Ferrare, où il présente sa toile Le Christ au denier, il rencontre Pierre l’Arétin qui restera son ami et le principal défenseur de son œuvre auprès des instances du pouvoir. Il se rend à Bologne pour se rapprocher de la dynastie des Habsbourg et de Charles V pour qui il fera de nombreux portraits…


 

Entre temps, il épouse Cecilia, dont il aura trois enfants. Il se rend à Rome pour conquérir le pape Paul III. Tout cela est mentionné, énormément d’informations qui auraient mérité un temps plus long pour les inclure artistiquement dans le déroulement de son œuvre.


 


 


 

Un temps plus long aussi pour contempler les tableaux. Car ce qui est visible sur le tableau se modifie avec les événements de la vie, sa peinture au fil du temps devient plus puissante, il cherche à exprimer les sensations extrêmes, l’amour, la mort. Il perd sa fille Lavinia, son ami l’Arétin, Charles V, et son frère Francesco. Et la peste revient à Venise en 1575, il en est victime ainsi que son fils Orazio.
Ce film a le mérite d’exister, il fourmille d’informations et retrace le parcours de vie d’un artiste exceptionnel.

Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n°427-428, mars 2024


Le Titien, l’empire des couleurs (Titian : the Empire of Color). Réal : Laura Chiossone & Giulio Boato ; sc : Mirko Sala ; ph : Giovannin Andreotta & Dario Ghezzi ; mont : Davide Vizzini & Elia Risato ; mu : Joe Schievano ; cost : Germana Melodia. Int : Sara Lazzaro, Tommaso Amadio, Leonardo Scarpa, Giovanni Tomassetti, Diego Carli, Alessia Di Fiore, Veronica Franzosi, Massimo Romanò, Carlo Raimondi, Jeff Koons (Allemagne-Italie, 2022, 87 mn).



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