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Nouvelle Femme (la) (2023)
de Léa Todorov
publié le mercredi 13 mars 2024

par Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n°427-428, mars 2024

Sélection officielle en compétition du Festival du film italien de Villerupt 2023

Sortie le mercredi 13 mars 2024


 


Après deux documentaires, Sauver l’humanité aux heures de bureau (2012), tourné au Kosovo, et Utopie russe (2014) avec Joanna Dunis, filmé lors des élections en Russie, au cœur d’un groupe politique opposant à Poutine, Léa Todorov réalise, en 2014 également, un portrait sensible et attachant de son père Tzvetan Todorov, retrouvant la Bulgarie natale, quittée il y a cinquante ans. La Nouvelle Femme est son premier long métrage de fiction.


 

Un film sur Maria Montessori (1870-1952), une femme médecin italienne, mondialement connue, qui révolutionna le regard sur les enfants neuro-atypiques, au début du 20e siècle, en inventant une méthode pédagogique pour les intégrer normalement à la société. La "nouvelle femme" est donc la femme en devenir, celle qui se bat et affronte les obstacles d’une époque pour faire accepter ses idées, qui vit à la fois une vie de mère et une brillante carrière dans un monde d’hommes.


 


 

Sensible aux questions d’égalité et d’émancipation des femmes, Léa Todorov construit un dispositif scénaristique fort intéressant. Plutôt qu’un récit linéaire reposant sur la biographie de Maria Montessori, elle compose un face-à-face entre deux femmes très différentes, issues de milieu très distincts, l’une médecin et pédagogue (Jasmine Trinca), l’autre courtisane (Leïla Bekhti). Chacune, au moment de leur rencontre, a un enfant qu’elles s’interdisent de reconnaître officiellement, de peur du qu’en dira-t-on qui provoquerait la fin de leur activité professionnelle.


 


 


 

D’une facture classique, le film est remarquablement mis en scène, dans des décors bourgeois et des costumes d’une belle élégance. Le scénario ne cherche pas à dénoncer de façon anecdotique les complexités de la situation alors très injuste des femmes, mais va droit au but. Les expressions et les dialogues répondent directement à leurs situations totalement dépendantes de la société organisée par et pour les hommes. En un regard, une attitude ou juste quelques mots, la réalité du combat est décrite et la manière de se battre est montrée.


 


 


 

Une belle séquence, avec les enfants dansants et Leïla Bekhti au piano, marque la réussite de la pédagogie de Maria Montessori. Une belle séquence, faite des regards soudain étonnés de cette mère envers sa fille et des autres enfants qui, sous nos yeux, semblent se libérer et trouver l’expression de la grâce. La finesse de la réalisation permet cette simplicité d’échanges dans l’évidence et la compréhension. Un premier long métrage de fiction qui porte le spectateur vers une réflexion à multiples facettes, à la fois sur le combat des femmes pour exister librement et sur le regard du handicap dans la société.

Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n°427-428, mars 2024


Maria Montessori / La Nouvelle Femme. Réal, sc : Léa Todorov ; ph : Sébastien Goepfert ; mont : Esther Lowe ; mu : Émilie Sornin. Int : Jasmine Trinca, Leïla Bekhti, Rafaëlle Sonneville-Caby, Raffaelle Esposito, Laura Borelli, Nancy Huston, Agathe Bonitzer, Sébastien Pouderoux (Italie-France, 2023, 114 mn).



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