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Laissez-moi (2023)
de Maxime Rappaz
publié le mercredi 20 mars 2024

par Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n°423, été 2023

Sélection ACID au Festival de Cannes 2023

Sortie le mercredi 20 mars 2024


 


Laissez-moi est le premier long métrage du jeune réalisateur et scénariste suisse Maxime Rappaz, après ses deux courts Tendresse (2018) et L’Été (2016).
Il filme Claudine, couturière, mère d’un enfant handicapé, tiraillée entre le devoir maternel et le désir d’aimer. Pour rencontrer des hommes, elle se prostitue chaque mardi dans un hôtel du bout du monde, à flanc de montagne, coincé entre un gigantesque ensemble de panneaux solaires et une réserve d’eau.


 


 


 

Sa façon de les aborder, portée par l’impertinence du regard et la beauté troublante de Jeanne Balibar, revêt un charme inhabituel. Un climat parfois comparable à celui de Marguerite Duras, suspendu dans le temps. Instants volés, moments de liberté dérobés à son fils, incarné par l’acteur Pierre-Antoine Dubey, dont le jeu est remarquable.


 


 

Le sourire si particulier de Jeanne Balibar agit de façon permanente. Est-ce ce sourire insistant, à la fois doux et généreux, parfois indifférent et lointain, qui fabrique et entraîne le film vers une sorte de dénouement impossible où seul le sacrifice de la mère et / ou du fils serait le salut ? Où le dévouement, la privation, l’abstinence, le renoncement de la mère signerait le salut ? Ce sourire est-il la clé de l’existence même de Claudine, est-il aussi la clé du film de Maxime Rappaz ? Dit-il une abnégation, une bonté d’âme face aux événements de sa vie, est-il le reflet de son altérité, de son incapacité à vivre sereinement, à se sentir toujours happée par l’autre versant de sa vie ?


 


 

Dualité difficilement supportable. Après plusieurs expériences sexuelles à l’hôtel, Claudine ressent un sentiment amoureux envers Michael (Thomas Sarbacher). D’une vie réglée sur des horaires, des contraintes et des plaisirs organisés, le film s’évade vers une romance espérée. Un portrait de femme moderne et libre qui, cependant, par un "Laissez-moi" souriant, sacrifie sa vie amoureuse à son enfant.

Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n°423, été 2023


Laissez-moi. Réal, sc : Maxime Rappaz ; ph : Benoît Dervaux ; mont : Caroline Detournay ; mu : Antoine Bodson. Int : Jeanne Balibar, Thomas Sarbacher, Pierre-Antoine Dubey, Véronique Mermoud (Suisse-France-Belgique, 2023, 92 mn).



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