home > Films > Antiquaire (l’) (2014)
Antiquaire (l’) (2014)
de François Margolin
publié le mercredi 18 mars 2015

par Gisèle Breteau Skira 
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 18 mars 2015


 


Depuis longtemps, François Margolin creuse le sillon de l’art et l’essai, s’attachant à produire des films d’auteurs comme Ruiz, Assayas, Depardon, Lapiower, Breillat, Claire Denis, Hou Hsiao-hsien.

L’Antiquaire son deuxième long métrage en tant que réalisateur, aborde le sujet de la spoliation des œuvres d’art des collections juives par les nazis pendant la guerre.
Une jeune femme (Anna Sigalevitch) décide d’enquêter sur les conditions de la disparition et de la dispersion de la collection de sa grand-mère, révélant au passage des secrets de famille peu reluisants.

Le scénario co-écrit avec Sophie Seligmann, Vincent Mariette et Jean-Claude Grumberg est d’une objectivité historique sans concession, et dévoile l’enfouissement de drames familiaux, lors des événements tragiques de la guerre.

Au cours de l’enquête, est également mise à mal l’administration des musées de France qui n’a pas poursuivi le travail d’inventaire fait par Rose Valland des œuvres volées par Goering, ni cherché à résoudre un certain nombre de restitutions qui s’avéraient possible.

Ce que le film dénonce avec virulence et clarté, c’est la chape de plomb des années 50 sur la période de la collaboration, l’impossibilité française de faire le point et le mutisme qui s’est emparé de ceux qui l’ont vécue.


 

La distribution, outre la jolie Anna Sigalevitch, est remarquable, avec François Berléand (Simon, son père) dont la présence presque muette est bouleversante, Michel Bouquet (Raoul), le grand-oncle manipulateur et Robert Hirsch (Weinstein), l’ami meurtri. 
La séquence du grand escalier est un moment d’une intensité rare où éclatent, dans la diagonale de l’image, mensonge, lâcheté et collaboration.

François Margolin résout le problème du passé-présent par l’apport judicieux d’images en super-8 à l’intérieur de la fiction, montrant la jeunesse de la grand-mère, le grain de la matière filmique donnant la dimension du temps.

Mais ce que le film développe aussi, c’est combien le besoin de connaissance est puissant, combien la mise à plat de cette période sombre et confuse est utile à la société.


 

Un film nécessaire qui, avec beaucoup de sensibilité et d’émotion, ouvre la brèche à de multiples scénarios semblables, dans le milieu de l’art comme dans tout autre milieu professionnel français de cette époque.
Ce qui est réjouissant c’est de voir combien le regard d’un enfant sur une peinture peut le marquer à jamais.

Gisèle Breteau Skira 
Jeune Cinéma en ligne directe (mercredi 18 mars 2015)

L’Antiquaire. Réal : François Margolin ; sc : F.M., Vincent Mariette, Jean-Claude Grumberg ; ph : Caroline Champetier, Olivier Guerbois ; mont : Xavier Sirven. Int : Anna Sigalevitch, Michel Boquuet, François Berléand, Robert Hirsch, Louis-Do de Lencquesaing (France, 2014, 96 mn).



Revue Jeune Cinéma - Mentions Légales et Contacts