Trois jeunes à mobylettes face à une étendue de paysages filmés en 16 mm. Les premières images de Riddle of Fire témoignent d’un style rétro assumé de Dareen Razzoli. Au travers d’un premier long métrage qui rend hommage aux "classiques" américains, citant aussi bien Stand by me de Rob Reiner (1986) que Twin Peaks de David Lynch (1992), le réalisateur met en scène trois enfants. Jodie (Skyler Peters), Hazel (Charlie Stover), et Alice (Phoebe Ferro), partent à la recherche d’un œuf tacheté dans l’espoir de récupérer le mot de passe de la télévision.

Dans cet univers que le cinéaste explique vouloir rendre tangible, le rythme s’impose directement au spectateur. Le film, séquencé en chapitres, à la manière d’étapes dans un jeu vidéo, nous plonge à l’intérieur de cette quête. Les trois protagonistes participent à ce rythme, et, rapidement, on esquisse un sourire face à leurs dictions parfois maladroites et leur insolence candide. Cette légèreté enfantine trouve sa force dans les dialogues, brillamment écrits, dans lesquels les personnages semblent imiter les adultes qui les entourent. Cette dynamique trouve sans doute son paroxysme dans une scène entre Hazel et Jodie, pendant laquelle tous deux discutent sur un rocher, au soleil, d’un prétendu mariage entre Alice et Jodie - en réalité un bisou échangé entre les deux quelques années plus tôt.

Malheureusement ce rythme ne fonctionne que grâce à la synergie entre les personnages. Aussi, lorsqu’ils se retrouvent séparés, la nuit paraît-elle aussi longue aux personnages qu’aux spectateurs. La musique expérimentale, qui offrait au départ un certain onirisme, ne suffit plus à compenser une intrigue qui perd de son intérêt. L’originalité de la mise en scène est effacée dans un scénario finalement simple, dont le seul enjeu est la poursuite d’un œuf.

Dareen Razzoli, qui s’offre le rôle de Marty dans la secte d’adultes, semble la métaphoriser comme étrangère et effrayante. Pourtant ce groupe d’antagonistes paraît insignifiant et peine à nous tenir en haleine. Les personnages sont peu caractérisés et paraissent vides.

Ainsi, alors que la gourou du groupe, interprétée par Lio Tipson, est censé terroriser enfants et adultes dans le film, elle semble plutôt ridicule.
Si le rythme reprend positivement dans la dernière partie du film, son retour tardif ne fait qu’en souligner l’irrégularité. Malgré des failles scénaristiques, on retient de Riddle of Fire des couleurs et des forêts magnifiées par la pellicule.

Lilia Penot
Jeune Cinéma en ligne directe

Riddle of Fire. Réal, sc, mont : Weston Razooli ; ph : Jake L. Mitchell. Int : Lio Tipton, Charles Halford, Weston Razooli, Danielle Hoetmer, Charlie Stover (USA, 2023, 114 mn).