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Jeunesse mon amour (2023)
de Léo Fontaine
publié le mercredi 8 mai 2024

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°429, mai 2024

Sortie le mercredi 8 mai 2024


 


On les connaît très (trop ?) bien ces premiers films qui racontent des histoires de copains. Mais ce premier long métrage, on ne sait pourquoi, attire l’œil et la sympathie. Pourtant, rien de bien nouveau sous le soleil. On assiste ici aux retrouvailles, après plusieurs années, d’un groupe de jeunes gens. Le temps du lycée est révolu, mais ils tentent désespérément de rattraper le temps perdu. Et, bien sûr, soleil et apéro aidant, cette modeste barbecue party va se transformer en un étrange règlement de comptes entre anciens amoureux et jalousies inavouées. Les souvenirs et les non-dits refont surface, chacun prend conscience que certaines choses ne sont plus comme avant. Et la petite fête organisée pour dire adieu à la maisonnette qui va être vendue et dans laquelle ils ont beaucoup de souvenirs va se transformer en petite foire aux désillusions.


 


 

Ce court film, juste ce qu’il faut (70 mn), révèle un talent indéniable et une maîtrise certaine de la direction d’acteurs. Léo Fontaine a déniché une sorte de sosie pour camper le rôle principal (celui du fils du propriétaire de la maison et qui, nolens volens, tire un peu les ficelles de ce petit théâtre de marionnettes), Dimitri Decaux et Inas Chanti dans celui de la gentille copine qui tente de recoller les morceaux, et qui avait déjà largement fait ses preuves dans deux films troublants de Antoine Desrosières, Haramiste (2014), et À genoux les gars (2018). (1)


 

Une mélancolie diffuse s’exhale de cette petite troupe d’acteurs (sept, sans compter le chien), car le sujet du film n’est rien d’autre en fait que le passage à l’âge adulte et tous les renoncements qu’il annonce. Le réalisateur le reconnaît : "Est-ce que ce serait triste de réaliser que l’on perd ses amis d’enfance en grandissant car ils constituent une base importante de notre vie ? Ou bien est-ce réjouissant d’y penser car ils représentent des souvenirs indélébiles ?"


 


 

Comme s’il refusait d’admettre cette vérité hélas inexorable, Léo Fontaine semble se contempler dans le miroir de ses désillusions et à se replacer dans le cadre même de sa propre vie : "Je tourne dans le jardin de ma maison d’enfance et dans le bois dans lequel je promène quotidiennement mon chien, Walle, celui du film. Un film qui regorge de souvenirs de mon adolescence et que j’ai réalisé dans une certaine urgence comme s’il y avait un besoin de faire ce constat maintenant, de peur que les sentiments m’échappent avec le temps". Les amis se perdent peu à peu, comme s’il fallait fuir cette première vie, comme quand on sort d’une chrysalide, juste pour s’en construire une autre et disparaître. Un peu comme le chien que les six copains cherchent pendant la dernière demi-heure du film, et qu’ils ne retrouveront pas. Charles Trenet l’avait chanté déjà et résumé : Que reste-t-il de nos amours ?

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°429, mai 2024

1. "À genoux les gars", Jeune Cinéma n°388-389, été 2018.


Jeunesse mon amour. Réal, sc : Léo Fontaine ; ph : Olivier Ludot ; mont : Hugues Dardart ; mu : Côme Ordas. Int : Dimitri Decaux, Inas Chanti, Manon Bresch, Yves-Batek Mendy, Matthieu Lucci Clémence Boisnard (France, 2023, 70 mn).



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