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Metropolis (1926)
de Fritz Lang (Brève)
publié le mardi 18 août 2015

Jeune Cinéma en ligne directe

Journal de Old Gringo (lundi 3 août 2015)


 


Lundi 3 août 2015

 

Ce matin, fantastique photo de Vincent Jaroisseau dans Libération du 3 août 2015.
Titre de l’article : "Cité de la mode : De l’autre côté du miroir". Dans le 13e arrondissement de Paris : les migrants sous les danseurs.


 

On pense immédiatement à Metropolis de Fritz Lang (1927) : chef d’œuvre mythique.

Le jardins fleuris dans la lumière, et les souterrains occupés par les damnés.
Sauf que là, en 2015, il n’y a même plus d’exploitation des humains par d’autres humains.
Le système n’a même plus besoin de ces intelligences, de ces énergies, de ces forces de travail, de ces chances aussi (car ceux qui ont survécu à des voyages terribles sont, par définition, des humains remarquables).

En fait, c’est parce qu’on ne garde en mémoire que les fulgurantes beautés du début.
La ville basse des travailleurs, les machines dévorantes, et les vastes bureaux des dirigeants de la ville haute. La ville, le travail abrutissant, les esclaves humiliés, le contraste absurde et étanche entre le haut et le bas, ça c’est beau. Et puis, les bons et les méchants, dans un monde clair, ce manichéisme, nous convient bien.


 

Mais après ça bascule. Quand il s’agit de montrer l’oisiveté et les paradis des riches, ça devient consternant. Comment on se distrait quand on est jeune, beau, riche et insouciant ? Mystère.
Fritz Lang n’a pas d’idée sur la question et il affuble ses acteurs de déguisements ridicules et de poursuites niaises dans de très laids jardins. D’une certaine façon, d’ailleurs, c’est tout à son honneur, qu’il n’ait pas d’imaginaire du luxe vain. Mais c’est décevant.

Et puis, encore plus tard, quand le fils fout la merde en tombant amoureux de Brigitte Helm, Fritz Lang s’emmêle les pinceaux, et ne sait comment s’en sortir. C’est comme s’il ne disposait, dans son esprit, comme armes narratives, ni de l’amour fou ni de la lutte armée.

Alors quand il colle un messie et la joyeuse collaboration entre les classes, sous-produit parodique d’humanisme, on commence à s’ennuyer magistralement, et on n’écoute même plus la musique, merci patron.

Il faut dire que la Thea von Harbou était co-scénariste, que Fritz Lang était amoureux, et venait de la grande bourgeoisie, ça ne s’oublie jamais. C’est là qu’il s’est éborgné. Oui, on sait, Thea a aussi travaillé avec lui pour M. Le Maudit. Ça ne l’excuse pas.

Ne jamais revisiter ses souvenirs sans solides garanties.



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