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Dheepan (2015)
de Jacques Audiard
publié le mercredi 26 août 2015

par Nicole Gabriel
Jeune Cinéma n° 366-367, été 2015

Palme d’or du Festival de Cannes 2015

Sortie le mercredi 26 août 2015

Malgré quelque invraisemblance scénaristique et, selon nous, une insuffisance documentaire là où la moindre production américaine eût fait appel à des "recherchistes" pointus et à des coaches en tous genres, le dernier film de Jacques Audiard est efficace et a - en tous les cas, on ne peut le nier - suscité un certain enthousiasme de la part de nos confrères lors de sa séance de présentation à la presse.

De quoi s’agit-il ?

Quittant son pays, le Sri Lanka, à la fin de la guerre civile, un indépendantiste tamoul trouve refuge en France grâce à un stratagème : il fait passer pour sa femme et sa fille, deux malheureuses qui, de leur côté, ont perdu leur famille.
De ces époque et lieu précis (mai 2009, nord-est du Sri Lanka), la famille "recomposée" passe assez facilement à un non lieu, à un temps et terrain plus vagues (de nos jours, quelque part en banlieue parisienne).
Comme par miracle, l’intégration se fait grâce à l’obtention, illico presto, d’un logement social pour le trio, d’un emploi de gardien d’immeuble pour le héros, Dheepan, d’un boulot de garde-malade pour sa supposée épouse, Yalini et à la scolarisation de la petite Illayaal.

Un sans-faute dont rêveraient bien des migrants, qui, s’il était avéré, ferait de la France une terre d’asile comparable à l’Angleterre, qui reste la ligne de mire des damnés de la terre.

Les choses se gâtent.
Tant mieux pour le film.
Audiard décrit alors les barres d’immeubles contrôlés par les dealers y faisant leur loi, la vie de caïds en liberté plus ou moins surveillée (le bracelet électronique remplaçant le boulet), les ascenseurs déglingués, l’occupation des halls d’immeubles, les règlements de comptes à l’arme au poing, le petit commerce illicite.

Nous n’avons été convaincu ni par les situations prévisibles, ni par la morale guerrière triomphante.
En revanche, nous avons apprécié l’interprétation en finesse de Vincent Rottiers, crédible en voyou et chef de gang, protecteur bienveillant d’un père kabyle, muré dans le silence.

Nicole Gabriel
Jeune Cinéma n° 366-367, été 2015

Dheepan. Réal, sc : Jacques Audiard ; sc : Thomas Bidegain, Noé Debré ; ph : Éponine Momenceau ; mont : Juliette Welfling ; mu : Nicolas Jaar. Int : Jesuthasan Antonythasan, Kalieaswari Srinivasan, Claudine Vinasithamby, Vincent Rottiers (France, 2015, 100 mn).

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