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Mange, ceci est mon corps (2007)
de Michelange Quay
publié le lundi 19 octobre 2015

par Lucien Logette
Jeune Cinéma en ligne directe (septembre 2015)


 

Bien étrange chose. En tout cas, véritable film d’auteur : Michelange Quay, comme ses homonymes les Quay Brothers, se veut poète et visionnaire.
Le pari est difficile, mais il le réussit parfois.

Toute la séquence d’ouverture prise d’avion, par exemple, est superbe, avec la remontée de la rivière asséchée, et au moins un plan sur deux est remarquable (cadre, intensité, durée).


 

La vieille châtelaine blanche (la Reine ?) immobile se nourrit du lait dans lequel ont été noyés les enfants noirs. Le serviteur noir se transforme en albinos. Sylvie Testud se promène dans le marché (Port-au-Prince ?) pour redécouvrir le Réel et meurt sur le rivage entourée d’enfants noirs chantant.

L’Occident dévore les forces vives du Tiers-Monde.
Mais si la barque des symboles est pas mal chargée - mais on peut le reprocher à la naïveté de l’auteur et pas à ses calculs.


 

Les vociférations de Catherine Samie au début ont un souffle véritable - théâtral certes, mais pourquoi pas ? - et il y a dans l’ambiance de la grande maison des échos de Saint-John Perse (enfin, en mineur).

À ce film, il faudrait inventer une case, catégorie "Du côté d’ailleurs", là où la beauté certaine de la forme fait supporter l’obscurité du propos.

Quand c’est signé Lynch, on est prêt à tout accepter. Signé Quay, pas sûr…

Lucien Logette
Jeune Cinéma en ligne directe (septembre 2015)

Mange, ceci est mon corps. Réal : Michelange Quay ; mu : Magic Malik ; ph : Thomas Ozoux ; mont : Jean-Marie Lengelle. Int : Sylvie Testud, Catherine Samie, Hans Dacosta Saint-Val, Jean Noël Pierre (France, 2007, 105 mn).

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