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Vie pure (la) (2014)
de Jeremy Banster
publié le mardi 24 novembre 2015

par Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 25 novembre 2015


 


En 1949, à l’âge de 23 ans, le jeune explorateur français Raymond Maufrais (1) quitte ses parents et part en expédition en solitaire dans la forêt amazonienne.
Le film de Jeremy Banster est un biopic retraçant sa courte vie, tourné en Guyane française, au cœur de l’Amazonie. Un voyage initiatique, une quête de liberté à la rencontre d’un peuple et d’une terre inconnus, où il disparaîtra mystérieusement. Son père, qui lui lisait enfant des récits de voyage le cherchera pendant douze ans, multipliant les expéditions et les kilomètres, en vain.
L’unique source scénaristique du réalisateur est le carnet de voyage de Raymond Maufrais, titré La Vie pure, miraculeusement retrouvé sur la rive d’un fleuve par Monpéra, un Amérindien de la tribu des Wayanas.


 

Le voyage débute à Maripasoula, à une heure de Cayenne, dans une végétation luxuriante où rien n’indique encore l’épreuve physique et mentale qui va suivre, portée par le jeu sidérant de Stany Coppet. À travers la forêt envahissante, sur les fleuves Maroni et Tamouri, aux eaux tumultueuses boueuses et verdâtres, la nature est violente, à l’état sauvage. L’acteur se heurte à cette nature, lutte contre les pluies, le froid, la fièvre et la faim. Son corps décharné se couvre peu à peu de blessures. Le sang, la peur, la solitude, les visions et délires l’agitent en tout sens, il est fébrile, tout l’assaille et le tourmente. En dépit de son état maladif, il brave la forêt, prend des risques insensés.


 

Ce film est semblable aux expériences limites de Werner Herzog, lorsque les performances de l’homme dans la nature sont à la lisière du dépassement de soi, du danger. L’image de Jérémy Banster transcende la réalité, la lutte pour la survie est évoquée par la rudesse des conditions de vie et les différents états ressentis par Stany Coppet. Il meurt de faim, il mange avec férocité, il tremble de tous ses membres au milieu de la forêt, de plus en plus inextricable et hostile. Les Indiens rencontrés semblent appartenir au rêve de l’explorateur, réelles apparitions dans ce lieu inhospitalier.


 

Jérémy Banster donne la dimension réelle du paysage et de sa démesure, sans artifice ni mensonge : les dangers sont présents et l’explorateur les endure, son corps en imprime les traces, il est sale, blessé, affamé. Il déploie un réel talent à restituer la véracité de l’histoire de cette solitude extrême au cœur de la forêt d’un homme devenu fou, pris à son piège de soif de liberté.


 

Au-delà de soi, la mort, sans doute recherchée par Raymond Maufrais, suicide inconscient ou quête mystique dont le titre du journal ouvre une piste de réflexion possible. La dernière danse dans la clairière face au soleil est hallucinante et le jeu de Stany Coppet époustouflant d’un bout à l’autre.

Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma en ligne directe

1. Site officiel de Raymond et Edgar Maufrais.


La Vie pure. Réal : Jeremy Banster ; sc : J.B. et Stany Coppet d’après l’histoire vraie de Raymond Maufrais ; ph : Rudy Harbon, Jean-Christophe Beauvallet ; mont : Fabien Montagner. Int : Stany Coppet, Aurélien Recoing, Elli Medeiros, Daniel Duval, Alex Descas (France, 2014, 93 mn).



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