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My Skinny Sister (2015)
de Sanna Lenken
publié le mardi 15 décembre 2015

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n° 369-370, décembre 2015

Mention spéciale du jury international du festival de Berlin 2015

Sortie le mercredi 16 décembre 2015


 

Il s’agit du premier long métrage de la Suédoise Sanna Lenken, après une série de cinq courts métrages et d’une série télé, Double Life, inconnue en France.

My Skinny Sister, titre peu engageant, aurait pu s’appeler en français Ma sœur, la maigre, qui aurait sans doute été pire.
Dans une famille "normale", avec un papa et une maman, deux sœurs rousses cohabitent, avec des hauts et des bas. L’une patine, l’autre pas. En tout cas, elle essaie parce qu’elle est un peu boulotte et est tombée amoureuse du coach de patinage de sa sœur aînée dont elle découvre peu à peu le secret, l’anorexie.


 

Faire un film sur l’anorexie est une gageure et Sanna Lenken ne traite pas le sujet avec désinvolture.
Son film est plaisant, bien mis en scène et très bien interprété, surtout par les deux jeunes filles : Stella, incarnée par Rebecka Josephson, est époustouflante de naturel et de vivacité ; Katja, l’aînée qui se suicide à petit feu, c’est Amy Deasismont, chanteuse très célèbre en Suède.

Le point de vue est celui de la jeune Stella - bonne idée, car elle porte sur son aînée de six ans un regard à la fois plein d’amour et de jalousie : elle aimerait être belle, sportive et mince comme elle. C’est elle qui la sauvera de la mort imminente alors que leur entourage ne s’est rendu compte de rien. Elle est à la fois la narratrice et le moteur de toute cette histoire qui, sans elle, pourrait n’avoir qu’une valeur médicale quasi documentaire.


 


 

My Skinny Sister n’est pas une fantaisie, le film raconte une souffrance réelle, engendrée par une maladie psychologique grave, dont de nombreuses jeunes filles sont victimes aujourd’hui, la mode et ses corps décharnés n’étant certainement pas innocente.
Katja n’est cependant pas une fashion victim, elle semble plutôt bien dans sa peau, et c’est un peu la faiblesse du film de ne pas donner une explication rationnelle à son basculement - sans doute parce qu’il n’y en a pas. La réalisatrice sait de quoi elle parle : son expérience personnelle et la culpabilité ressentie en voulant mourir devant sa sœur qui souffrait de ne pouvoir l’aider.

Le film soulève de vrais problèmes, celui de l’image de nous-même que la société nous impose (voir l’épisode de la "moustache" de Stella) et la solitude éprouvée lorsqu’on souffre de maladie psychosomatique.

"J’avais prévu, explique Sanna Lenken, de raconter l’histoire du point de vue des personnes malades, mais j’ai eu le sentiment qu’une petite sœur qui admire son aînée tout en étant dans son ombre, rendrait l’histoire plus forte. Je voulais raconter le passage à l’âge adulte et la difficulté de devenir une femme et, en adoptant le point de vue d’un proche de la personne malade, parler de la difficulté d’aider".

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n° 369-370, décembre 2015

My Skinny Sister (Min lilla syster). Réal, sc : Sanna Lenken ; ph : Moritz Schulteiss ; mont : Hanna Lejonqvist ; mu : Per Störby Jutbring. Int : Rebecka Josephson, Amy Deasismont, Annika Halin, Henrik Noren, Maxim Mehmet (Suède-Danemark, 2015, 95 mn).

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