home > Thématiques > Société(s) > Jeux Olympiques 2016 (5-21 août 2016)
Jeux Olympiques 2016 (5-21 août 2016)
Brèves
publié le jeudi 18 août 2016

Jeune Cinéma en ligne directe
Journal de Huspuppy (août 2016)


 


Vendredi 5 août 2016

 

Ça ne vous aura pas échappé, c’est le début des Jeux Olympiques de Rio (5-21 août 2016).

On ne peut pas augurer de leur couleur et leur climat, ni, évidemment, des performances des athlètes. Mais nous devons nous réjouir des fêtes.


 

Pourquoi, alors, ces jeux-là de 2016, sont-ils nimbés d’un halo de tristesse, y compris dans les médias les plus conventionnels ?

La compétition fait partie intégrante des désirs des humains (enfin, "humains", ça a commencé avec les mâles) qui n’apprécient rien tant que les concours. Mais cela devrait être joyeux, le sport plutôt que la guerre.

Aparté de l’année du singe I : Que ces désirs de compétition du patriarcat aient engendré le capitalisme est d’une parfaite logique.


 

C’était l’occasion : on a lu la charte des JO, et tout spécialement les principes fondamentaux de l’Olympisme (Introduction, page 13)
Ou en résumé.

Et on voit bien que ces valeurs ne sont guère à l’ordre du jour, en général sur la Terre, et en particulier au Brésil, dont la réalité politique et sociale vacille.

D’ailleurs, toujours Citius, Altius, Fortius, est-ce bien raisonnable ?

Souvent, dans le désarroi, nous nous réfugions chez les Monty Python qui nous consolent toujours, un moment.

Il n’est jamais inutile, pour connaître la vraie nature d’un humain ou d’un fait social, d’aller voir les origines. Ainsi peut-on compléter ce qu’on croit savoir.


 

Les premiers jeux se seraient déroulés à Olympie, Grèce, en 776 av. J.-C. donc à peu près contemporains de la fondation de Rome (753 av. J.-C.).
Ils avaient lieu chaque olympiade (i.e. tous les quatre ans) à la nouvelle lune précédant le solstice d’été.
Au début, c’était à qui courait le plus vite, puis d’autres épreuves sont apparues.


 


 

Pendant les Jeux, les guerres s’arrêtaient. Les Jeux remplaçaient les guerres. Pas longtemps, pas souvent. Mais il était bien compris que c’était de la même essence.

Les compétitions avaient lieu entre cités, les athlètes n’en étaient que les représentants qui ne participant pas à titre individuel.
Comme on le signalait à propos des enjeux politiques de 1936, Athènes et ses alliés exclurent Sparte de la participation aux Jeux de 424 av. J.-C., dans le cadre de la guerre du Péloponnèse.

Par ailleurs, très vite, les cités engagèrent des athlètes venus d’autres cités, qu’ils payaient pour les représenter, des sortes de mercenaires et une sorte de professionnalisme. Pas des Barbares (des non-Grecs) puisque les Jeux étaient réservés aux hommes grecs libres (ni esclaves ni femmes).

Il y a eu des petit creux dans la tradition, quand, dans l’Empire romain déclinant, le christianisme (en l’occurrence Théodose 1er et l’évêque Ambroise vers 393 ap. J.-C.) a considéré que c’était (devenu) païen.
Les pratiques s’étaient perverties et les dieux aussi avaient changé.

Aparté de l’année du Singe II : Certes, le corps, c’est pas aussi divin que l’âme. C’est pourquoi il n’est pas anormal de le maltraiter.

Il y a donc les JO anciens, et il y eut une résurrection : les JO modernes à partir de la deuxième partie du 19e siècle.
La première ébauche eut lieu chez les Anglais, c’est la création, en 1866, d’une Fédération nationale d’athlétisme amateur, venue des universités, donc des classes possédantes : exclusion des ouvriers et des artisans "afin de rester entre gentlemen".

Aparté du Singe III : Les corps des pauvres, leur force, leurs muscles sont faits pour le travail productif. Le sport, c’est du temps perdu pour l’enrichissement (de qui donc exactement ?). Le sport, c’est comme un art d’agrément, et il faut les moyens pour le pratiquer : du temps et de l’argent. Ce temps et cet argent, on le récupère quand d’autres s’occupent de l’intendance. Joli verrouillage du système.

À la fin du siècle est advenue une vraie renaissance des JO, grâce à Pierre de Coubertin (1863-1937), baron humaniste, anglophile et pédagogue, soupçonné de colonialisme, de racisme et de misogynie, bref un homme de son époque, pétri de contradictions.
Comme tous ceux qui ouvrirent la voie à notre démocratie actuelle.
Date officielle de la naissance de ces JO modernes : 6 avril 1896, au stade Panathénaïque, à Athènes.


 


 

Celui qui remporta le marathon, le Grec Spyrídon Loúis (1873-1940) n’était pas un gentleman sorti d’une grande université anglaise, mais un simple porteur d’eau.


 


 

En 1936, il avait 63 ans, et, devenu vieux et héros national, aux JO de Berlin, il apporta un rameau d’olivier à Hitler.


 

Finalement, question démocratie, après la crise de 1929, on en revient toujours à l’année 1936.
On l’a pas mal évoquée, à plusieurs occasions, tout au long des mois de juin et juillet du Journal de Hushpuppy, à partir du dimanche 5 juin 2016 pour fêter l’anniversaire du Front populaire : 80 ans, c’est un bon gros nombre rond, rassurant (bien qu’avec des failles temporelles comme pour tous ceux qui sont nés ou morts les 29 février des années bissextile). Et notamment à propos des JO de 1936 à Berlin.

Une année particulière, 1936, une sorte d’année zéro d’un temps historique dont nous ne connaissons encore ni la destination, ni la forme définitive.

Aparté du Singe IV :

Ne soyons pas trop pressés de savoir.
Pour nous les vivants, une année de plus, c’est une année de moins.

Pour ceux qui viendront après nous, suivons François Villon (1462)

Frères humains qui après nous vivez

N’ayez les cœurs contre nous endurcis,

Car, se pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tost de vous merciz.
Excusez nous, puis que sommes transis.
Mais priez Dieu que tous nous veuille absouldre !


 

Suivons aussi Bertolt Brecht (en 1939).

Vraiment, je vis en de sombre temps !

Celui qui rit
 n’a pas encore reçu la terrible nouvelle.
Que sont donc ces temps, où
 parler des arbres est presque un crime
, puisque c’est faire silence sur tant de forfaits !

Mon pain, je le mangeais entre les batailles,.
Pour dormir je m’étendais parmi les assassins.

L’amour, je m’y adonnais sans plus d’égards.

Et devant la nature j’étais sans indulgence.

Ainsi se passa le temps
 qui me fut donné sur terre.
Mais vous, quand le temps sera venu
 où l’homme aide l’homme,
 pensez à nous 
avec indulgence.

 

A Ceux qui viendront après nous from Coline Yacoub on Vimeo.

Revue Jeune Cinéma - Mentions Légales et Contacts