Journal de Hushpuppy (août 2016)
Août 2016
publié le mercredi 31 août 2016


AOÛT 2016

 



Mercredi 31 août 2016

 

Marc Riboud (1923-2016), grand voyageur, grand photographe, est mort hier le 30 août 2016.

On peut le pister sur France Culture.

À Perpignan aussi, où Visa pour l’Image 2016, le Festival international du photojournalisme vient de commencer (27 août-11 septembre 2016).

Depuis 1989, il est annuel. Entrée gratuite.

Un programme très riche, avec Marc Riboud, au milieu de ses camarades, qui nous présente son Cuba.


 



Aujourd’hui commence le festival international du film de Venise, la Mostra 2016, 73e édition (31 août-10 septembre 2016).


 

Au programme, les films que nous préférons :

* À jamais de Benoit Jacquot (2016).

* Frantz de François Ozon (2016).

* Une vie de Stéphane Brizé (2016).

* Les Beaux Jours d’Aranjuez de Wim Wenders (2016).

* Le Concours de Claire Simon (2016).

* Planetarium de Rebecca Zlotowski (2016).


 

Ce soir, Opening Night avec :

* À 19h00 : un hommage à Jerzy Skolimowski et la remise du Lion d’or pour l’ensemble de son œuvre.

Suivi par La La Land de Damien Chazelle (2016).


 

Faites votre programme.

Palazzo del cinema, Lido, Venise.


Et puis, à Paris, la Cinémathèque française a fini ses vacances.

Coup d’œil sur la saison.

Ce soir, ouverture de la rétrospective Josef von Sternberg, avec deux conférences et un ciné-concert (31 août-25 septembre 2016).

* À 20h00 : L’Impératrice rouge (1934).

Rétrospective Josef Von Sternberg - Bande annonce from La Cinémathèque française on Vimeo.


 

Cinémathèque française, 51 rue de Bercy 75012 Paris.


La Fondation Jérôme Seydoux-Pathé aussi fait sa rentrée, avec les neufs films muets d’Alfred Hitchcock, en ciné-concert (31 août-27 septembre 2016).


 

Ils ont été restaurés en 2013 par le British Film Institute (BFI).


 


 

Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, 73 Avenue des Gobelins, 75013 Paris.


Les sorties sur les grands écrans :

* Le Fils de Jean de Philippe Lioret (2015).

* Nocturama de Bertand Bonello (2016).

* Un petit boulot de Pascal Chaumeil (2016).

* Divines de Uda Benyamina (2016).
Quinzaine des réalisateurs et Caméra d’or au festival de Cannes 2016.

* En quatrième vitesse (Kiss Me Deadly) de Robert Aldrich (1955).



Mardi 30 août 2016

 

Adieux à l’Holocène, bienvenue dans l’Anthropocène !

Les géologues ont hésité longtemps pour valider la notion, qui, certes, était utilisable, poétique même, mais pas suffisamment étayée pour faire partie d’un outillage scientifique un peu rigoureux. Mais ça y est, c’est pratiquement acquis.


 

Comme on vous l’annonçait dans notre Chronique de l’Anthropocène, le nouveau rendez-vous était en août 2016, en Afrique du sud, au cours du 35e Congrès géologique international (Le Cap, 27 août-4 septembre 2016).

L’Holocène a commencé à la fin de la dernière glaciation et a duré 11 700 ans.
L’Anthropocène a commencé dans les années 1940-1950 et deviendra une subdivision du Quaternaire.

Rappelons que le concepteur de la notion, le prix Nobel de chimie Paul Crutzen faisait débuter l’époque avec la Révolution industrielle au 19e siècle.
Les travaux de 2016 préfèrent dater ses débuts autour de l’après Seconde Guerre mondiale.

Pour la première fois en 4,5 milliards d’années, une espèce unique a radicalement changé la morphologie, la chimie et la biologie de notre planète : l’espèce humaine devenue une force telle qu’elle modifie la planète.
C’est Catherine Jeandel du Laboratoire d’études en géophysique et océanographie spatiales (LEGOS, CNRS), et membre du groupe de travail, qui l’a déclaré à l’AFP, hier, 29 août 2016.


 


 

En effet, les traces de l’humanité seront désormais détectables, pendant des millénaires : les matières plastiques, l’aluminium et les particules de béton, les traces des explosions nucléaires, les changements climatiques et le niveau de la mer, la circulation accélérée d’espèces favorisées par le transport humain, notamment.

Ces recommandations doivent encore être validées par la Commission internationale de stratigraphie puis par le Comité exécutif de l’Union internationale des sciences géologiques (IUGS), ce qui pourrait prendre un ou deux ans.

C’est beaucoup pour une vie humaine.
Mais si peu pour l’humanité, en cours de divinisation.


 


On ne sait pas toujours son nom, mais deux ou trois générations au moins ne connaissent que lui.

Gene Wilder (1933-2016) est mort hier, le 29 août 2016.

Mel Brooks, toujours bien vivant, a immédiatement tweeté : "Gene Wilder-One of the truly great talents of our time. He blessed every film we did with his magic & he blessed me with his friendship".

Il faut dire que, avec sa belle gueule de play-boy parodique, il fut partie quasi-majoritaire des succès de Frankenstein Junior (Young Frankenstein) ou Le shérif est en prison (Blazing Saddles), légendaires comédies de 1974 qui firent hurler de rire les jeunes et leurs parents, en un temps où il y avait encore de quoi (rire). C’est simple, on l’aimait presqu’autant que les Monty Python.


 

Du coup, quand on avait raté Les Producteurs (Mel Brooks, 1968) ou Charlie et la chocolaterie (Mel Stuart, 1971), on tentait par tous les moyens de l’époque de les voir. Et on s’était précipité pour voir Transamerica Express (Arthur Hiller, 1976).

Woody Allen, Stanley Donen, Sidney Poitier et quelques autres ont suivi les deux Mel, qui avaient vite compris l’aura torride de ses yeux bleus étonnés et de ses boucles enfantines.

Il avait perdu la mémoire. L’histoire du cinéma ne l’oubliera pas. Nous non plus.


Aujourd’hui commence Jazz à la Villette, édition 2016 (30 août-11 septembre 2016).


 

Avec du cinéma au MK2 Quai de Seine : une sélection de cinq documentaires sur l’Afrique et sa musique, de Kinshasa à Johannesburg et des années 50 à nos jours,

Ce soir, à La Villette, les concerts commencent à 20h00 avec une soirée hip-hop en deux parties, placement libre.

* David Murray Quartet feat qui dialogue avec Saul Williams accompagnés par Orrin Evans au piano, Jaribu Shahid à la contrebasse et Nasheet Waits à la batterie.


 

Et, après l’entracte :

* Nas


 

Si vous ne trouvez pas de place pour cette soirée, prévoyez les soirées suivantes.

Grande halle de La Villette, Nef Nord, 211 avenue Jean-Jaurès, 75019 Paris.



Lundi 29 août 2016

 

Humeur du Singe, ce matin de "Rentrée".
Rentrée où ?


 


En 1966, le 29 août, a lieu le dernier concert des Beatles, au Candlestick Park de San Francisco.
La vie publique leur est devenue insupportable voire dangereuse. Sur scène, ils sont devenus inaudibles, couverts par les hurlements. Hors scène, ils sont traqués.
Ils se replient dans les studios.


 

Sgt. Peppers Lonely Hearts Club Band sort le 1er juin 1967.
Brian Epstein (1934-1967) meurt le 27 août 1967.

Le 30 janvier 1969, ils font un dernière tentative publique, en improvisant ensemble sur les toits d’Apple Records, à Londres, à midi. Ça dure 40 minutes, jusqu’à ce que la police, dépassée par les embouteillages, intervienne pour faire cesser le bœuf.
L’annonce officielle de la séparation du groupe a lieu le 10 avril 1970.

En 1977, Dennis Hopper racontait à Bruno Ganz qu’il travaillait au retour des Beatles à Hambourg. Mais c’était des bobards.


 


Ce soir, on va à Montreuil, au théâtre, invités par La Parole errante, ce soir lundi et demain mardi 30 août 2016. Entrée à prix libre.


 

* À 20h00 : Didascalie se promenant seule dans un théâtre vide de Armand Gatti
 
(2002).
Mise en scène de Matthieu Aubert et scénographie de Stéphane Gatti.


 

Avant, on peut réviser en écoutant France Culture.

Le spectacle est accompagné d’une exposition des Qui-je-suis écrits par les participants mêmes. Benoît Artaud, Alexeï Blajenov, Pierre Descamps, Estelle Guérot, Dominique Habib, Fotini Panoutsopoulou, Liliane Plaquet, Jemma Saïdi, Philippe Serra, Sarah Sourp, Dalila Tehami, Léa Visinet, Joël Zoumana.

On peut suivre la progression de l’expérience sur le blog.

Il s’agit peut-être des dernières expériences de ce type à la Parole errante.
Pour défendre et soutenir l’esprit du lieu, visitez le site du collectif La Parole errante demain on peut signer la pétition en ligne.

La Parole Errante, 9 rue François-Debergue, 93100 Montreuil.



Dimanche 28 août 2016

 

C’était à Washington DC, le mercredi 28 août 1963, il y a 53 ans, Martin Luther King (1929-1968) marchait, chantait, rêvait, parlait.


 

Texte intégral dans Jeune Afrique.

Il reçut le Prix Nobel de la Paix le jeudi 10 décembre 1964.
Il fut assassiné à Memphis, Ten., le jeudi 4 avril 1968.



Samedi 27 août 2016

 

Salut les câblés !
La semaine télé de Jeune Cinéma du 27 août au 2 septembre 2016



Vendredi 26 août 2016

 

Les 26 août, il y a des tas d’anniversaires à fêter.

La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 (9e jour de Fructidor) ; la gerbe de fleurs sous l’Arc de triomphe, pour la femme très inconnue du soldat inconnu (et le symbole de la naissance du MLF en 1970) ; la naissance de Apollinaire (1880-1918) dont nous n’avons jamais oublié la jeunesse ; celle de Jules Romains (1885-1972) dont nous n’avons jamais oublié les hommes de bonne volonté, et celle de Peggy Guggenheim (1898-1979), chez qui nous allons tous les deux ans, à Venise.


 


 

Certains racontent que c’est le 26 août 1909 que, perdu dans la forêt un soir d’orage, l’instituteur Richard Schirrmann conçut l’idée des auberges de jeunesse. Nous manquons de preuves.

Parce que nous sommes de ceux qui affrontent la vie comme un jeu de piste à contraintes, l’anniversaire que nous avons fêté ce matin, c’est la naissance de Julio Cortazar (1914-1984). Il a donc 102 ans. Un petit pèlerinage à Montparnasse, la rencontre de visiteurs qui le cherchent aussi, et à qui nous indiquons le chemin, mais pas trop précisément, la quête fait partie de l’aventure.


 

Avec Carol Dunlop (1946-1982), c’est là qu’il reçoit son courrier.


 

Mais il est aussi le médiateur rêvé, une sorte de "poste restante" secrète pour tous les illégitimes, les clandestins, les migrants, les SDF, les amants errant (en proie à leurs tourments).


 


C’est l’occasion de vous rappeler les websites qui célèbrent le surréalisme, le vrai, qui n’est pas mort, puisqu’il est un des plus beaux savoir-vivre qui soit.

* Alexandrian

* Aragon/Triolet (ÉRITA)

* Aragon (ITEM)

* Arcane 17

* Arlette Albert-Birot

* Au temps de l’œil cacodylate

* Association Atelier André Breton

* Henri Béhar - Éditions Mélusine

* Ça ira

* Dada 100

* Documents Dada

* Association des Amis de Robert Desnos

* Société des Amis de Paul Éluard

* Fééries intérieures

* Femmes mondes

* Halle Saint-Pierre

* Héritages Claude Cahun - Marcel Moore

* Maurice Fourré

* Nouvelles Hybrides

* Galerie Alain Paire

* Association des amis de Benjamin Péret

* Philosophie et surréalisme

* Stanislas Rodanski

* Seven doc

* Philippe Soupault

* Surréalismus

 


 



Jeudi 25 août 2016

 

Sonia Rykiel (1930-2016) est morte ce matin à 5 heures.

La grande couturière fut superbement elle-même, aux côtés des plus grand acteurs, dans Prêt-à-Porter (Ready to Wear) de Robert Altman (1994).


 



Mercredi 24 août 2016

 

Michel Butor (1926-2016) est mort aujourd’hui.
Il était né le 14 septembre, il n’a pas eu la patience d’attendre son anniversaire.


 



 

La Libération, c’est bien.
Toutes les libérations, c’est bien.

Bon anniversaire Léo Ferré (1916-1993), cent balais aujourd’hui.


 


Les sorties sur les grands écrans :

* Mimosas, la voie de l’Atlas de Olivier Laxe (2016).

* Rester vertical de Alain Guiraudie (2016).

* Hôtel Singapura (In the Room) de Eric Khoo (2015).

* Elektro Mathematrix de Blanca Li (2015).

* Les hommes préfèrent les blondes (Gentlemen Prefer Blondes) de Howard Hawks (1953).

* Les Musiciens de Gion (Gion bayashi) de Kenji Mizoguchi (1953).


Parce que nous ne concevons pas le cinéma isolé des autres "arts" (parmi lesquels nous plaçons la littérature), parce que nous n’imaginons pas le cinéma séparément de sa réception donc de nos humeurs, nous inaugurons aujourd’hui, une nouvelle sous-rubrique, intitulée simplement : Textes choisis.


 

Elle appartient à la rubrique Au fil du temps, et suit immédiatement Pour le plaisir des amateurs.


 


 

Dans nos bibliothèques poussiéreuses, nous trouvons régulièrement des trésors, oubliés, relégués, négligés, jamais lus, qui nous font rire ou pleurer, tant ils sont curieux, drôles, actuels.


 


 

Aujourd’hui, nous avons trouvé, chez Tristan Bernard, un utilisateur de réseau social avant la lettre.


 



Mardi 23 août 2016

 

Bon anniversaire à L.

Bon anniversaire à R.

Que les vents vous soient favorables !


 

À midi exactement, pour fêter L. et R. et tous les amis câblés, Cinéclassics repasse L’Atlantide de Georg Wilhelm Pabst, la version française.

Commencer sa nouvelle année avec Antinéa est un privilège extrêmement rare que nous souhaitons à tous.


La décrue s’est amorcée en Lousiane.
Et c’est la pire catastrophe naturelle depuis Sandy (2012) et Katrina (2005).

Il y a les morts, et 110 000 habitations ravagées, souvent sans assurances.

Ceux qui avaient fui la Nouvelle Orleans pour se réfugier à Baton-Rouge voient leur cauchemar en remake, et leurs vies passant aux ordures.

Comme dans la série Treme, s’installe la solidarité, mais le chaos aussi, et les vautours et les pillards, et le désespoir.

Est-ce qu’il y a quand même, la musique aussi, celle qui rassemble, qui unit malgré tout, qui aide à résister ?


 


Aujourd’hui commence le Festival du film francophone d’Angoulême, 9e édition (23-28 août 2016).


 

Le cinéma libanais y est à l’honneur, et il y a "une pluie d’étoiles. La page d’ouverture du site est étourdissante d’affiches.

Sinon, la vidéo est sur Facebook. Tant pis pour qui sont rétifs aux réseaux sociaux.

Faites votre programme (et cherchez qui a réalisé les films sur IMDB).

Festival du film francophone d’Angoulême, 2 rue de la Charente, 16000 Angoulême.



Lundi 22 août 2016

 

Bon anniversaire, Pierre Strobel !
Ça te fait 68 ans, en 2016.


 

Nous serons nombreux à boire à ta santé, ce soir, dans la bibliothèque de Lori Nix, les pieds sur terre et le cœur dans les étoiles.


À Alès, il n’y a pas que Itinérances (au mois de mars, depuis 1983).

Aujourd’hui commence le Festival Ciné Été, 4e édition (22-26 août 2016).


 

Six avant-premières à Cineplanet à Alès (22 et 23 août 2016), dont 2 pour les enfants et leurs parents.
Trois projections en plein air, gratuites, pour toute la famille à Lézan (mercredi 24 août 2016), à Saint-Jean-du-Gard (jeudi 25 août 2016), et à Vézénobres (vendredi 26 août 2016). Les séances en plein air sont gratuites.

Ce soir, ouverture avec :

* À 19h00 : Bernadette Lafont, et Dieu créa la femme libre
 
de Esther Hoffenberg (Sélection officielle Cannes Classics, Festival de Cannes 2016.

En présence de Esther Hoffenberg et de Anna Medveczky-Lafont.

* À 21h30 : Victoria de Justine Triet

 (Semaine de la critique, Festival de Cannes 2016).

Faites votre programme.

Les lieux du Festival Ciné Eté :

* 
Cineplanet Alès, Place des Martyrs de la Résistance, 30100 Alès.
* Lézan, Saint-Jean du Gard et Vézénobres.



Dimanche 21 août 2016

 

Dans la programmation foisonnante du Festival international du film insulaire (FIFIG) 2016, dans l’île de Groix, aujourd’hui, une enclave à l’appellation surannée, est proposée par l’association J’ai vu un documentaire : Outre-Mer.

On sait bien qu’il existe, en 2016, un ministère des Outre-mer, on se souvient des DOM-TOM, on sait que nos amis du bout du monde votent, sont français et parfois heureux de l’être.

Mais l’expression fleure encore si fort l’empire colonial qu’on sursaute, en ces temps où les cartes et les frontières sont régulièrement rebattues, de voir étiquetés ainsi des regards d’aujourd’hui. Et cela, même si on sait aussi que le terme est générique, et pourrait aussi bien recouvrir les territoires d’outre-mer britanniques ou hollandais.

Il faut avouer que, citoyens du monde comme Garry Davis (1921-2013), André Breton et quelques autres, nous persistons à demeurer de doux rêveurs.

Quoiqu’il en soit, la section Outre-Mer du festival de Groix, c’est toute la journée, avec des films français, des langues originales (créole et vietnamien), pour nous parler de Moruroa et de la Polynésie, de la Guadeloupe et de la Martinique, de la Réunion.

* À 10h00 : Bons baisers de Moruroa de Larbi Benchiha (2016).


 

* À 11h30 : Rue Vatable de Mélissa Issorat (2015) & Kaz à l’âme de Carine Irénée (2015), avec les Ateliers Varan.

* À 14h30 : Héritiers du Vietnam de Arlette Pacquit (2015).


 

* À 16h20 : Sac la mort de Emmanuel Parraud (2015, Sélection ACID à Cannes 2016).


 

Festival International du Film Insulaire de l’île de Groix, Port Lay, 
56590 île de Groix.



Samedi 20 août 2016

 

Ricanement de l’année du Singe, tendance Anthropocène.
On adore.

Volkswagen, un des rois du monde, se croit tout permis.
Nul n’a oublié les truquages de ses tests antipollution.


 

Contraint de faire des économies (pour payer les escroqueries précédentes, VW décide unliatéralement de moins payer deux fournisseurs, deux sous-traitants minuscules.
Les gamins protègent leurs salariés et refusent de se laisser faire. Ils arrêtent la production d’éléments mineurs, revêtements de sièges et pièces de boîtes à vitesse.

Chômage technique, arrêt des chaînes de montage chez VW.
Audi, Seat et Skoda menacées.

VW, un des jolis symboles du capitalisme : fraude, incompétence, fuite en avant suicidaire.

Ce n’est pas d’un été difficile qu’il est question.
Mais d’un des galops d’essai de l’inévitable collapse.


 


C’est aujourd’hui que commencent les Rencontres cinéma de Gindou, 32e édition (20-27 aoû 2016).


 

Trois sélections :

* Hommage à Denis Gheerbrant, avec une rétrospective de 12 de ses films.

* Les vagabondages cinématographiques (courts et longs métrages)

* Carte blanche à la Cinémathèque de Toulouse et au CNC.

Le tout dans un environnement soigné :

* des tchatches à 17h00.

* des apéro-concerts à 19h00.

* des séances spéciales.

* des ateliers jeune public.

* une boutique, une librairie, et évidemment des bistrots.

Ce soir, pour commencer, deux films de Denis Gheerbrant au Cinéma de verdure :

* À 21h30 : La vie est immense et pleine de dangers (1994).

* À 23h00 : Amour rue de Lappe (1984).

Faites votre programme.

Le Bourg, 46250 Gindou


Il y a ceux qui n’ont pas quitté Paris, ceux qui sont déjà revenus, et ceux qui ne tarderont plus.

Pour prolonger l’été, une chouette expo en entrée libre au Pavillon de l’Arsenal : Les Îles de la Seine (4 juin-16 octobre 2016).

Les Parisiens, les touristes, tout le monde connait l’île Saint-Louis et l’île de la Cité, au cœur de la ville.


 


 

Mais on ne connaît pas - ou mal - l’île du Platais, l’île Saint-Denis, l’île de la Jatte, l’île de la Borde, l’île aux Cygnes, l’île Saint-Étienne, l’île Corbières, l’île Saint-Germain, l’île de Chatou, l’île de la Loge, l’île Olive, l’île Seguin bien sûr…


 

Au Pavillon de l’Arsenal, il y a des visites guidées de l’exposition tous les samedis et dimanches à 16h00, et un parcours permanent pour les enfants.
Il y a un beau catalogue :

* Milena Charbit, Îles de la Seine, Éd. Pavillon de l’Arsenal, 2016.

L’exposition dure jusqu’au 2 octobre 2016, mais il vaut peut-être mieux y aller avant que les affaires ne reprennent trop durement dans la ville agitée.

Pavillon de l’Arsenal, 21 boulevard Morland, 75004 Paris.


Salut les câblés !

La semaine télé de Jeune Cinéma du 20 au 26 août 2016.



Vendredi 19 août 2016

 

Le Cercle Barbara-Salutati (*), et ses membres ironiques mais persévérants, ont encore frappé, avec leurs mémoires d’éléphants.

Avec eux, en 2002, on se souvenait de Mai 68.


 

En 2016, on se souvient de la gauche. Le livre est sorti hier en librairie.


 

La gauche, la gauche… Mais oui, bon sang, ça me dit quelque chose… Je vais chercher sur le Net !

"On ne peut pas être et avoir été", disent malicieusement les grammairiens.
En réalité, dans la vraie vie (qui ne fonctionne pas du tout comme la grammaire), on le peut. Par exemple, on peut avoir été et être de nouveau. Il suffit d’ajouter un petit mot et hop, ça le fait.

Pour Mai 68 et pour la gauche, la pirouette sera moins facile.

* Cercle Barbara Salutati, Je me souviens de la gauche, préface de Hervé Le Tellier, Couverture de Jef Aérosol, Castor astral (2016)


 

* Barbara Salutati était une superbe actrice de théâtre et une chanteuse très célèbre pour sa beauté et ses bonnes manières. En 1523, à Florence, elle rencontra Niccolo Machiavelli (1469-1527), alors qu’il avait 54 ans et elle pas encore 30 ans. Domenico Puligo fit son portrait vers 1525.


 

Suggestion d’accompagnement : le film de Nicolas Castro, Des lendemains qui chantent (2014).


 


La photographie a de nombreux géniteurs, parmi lesquels Aristote, Ibn al-Haytham ou Leonardo da Vinci.
Mais enfin, ça s’est surtout précipité avec Thomas Wegwood (1771-1805), Nicéphore Niepce (1765-1833) et Louis-Jacques Daguerre (1787-1851).
Son histoire en cinq minutes.


 

On peut pourtant fixer la date de la déclaration de naissance de la photographie - et célébrer cet anniversaire - au lundi 19 août 1839, quand François Arago (1786-1853), à la fois savant et politique comme le rêvait Max Weber, a présenté le daguerréotype à l’Académie des sciences et a déclaré que la France avait acheté l’invention "pour en doter le monde entier".


 

Il fut un temps où il eut sa statue, une petite place et un boulevard à son nom.

Depuis 75 ans, sur le socle, il n’y a plus que son fantôme et quelques traces.

C’est ainsi que, chaque fois que nous défilons boulevard Arago, pour une raison ou pour une autre, nous saluons un socle vide, majestueux, mais vide.


 



Jeudi 18 août 2016

 

Arthur Hiller (1923-2016) est mort hier, mercredi 17 août 2016, "de cause naturelle".
Une annonce sympathique parce qu’inhabituelle.
De nos jours, même à la mort des centenaires, on trouve une raison, alors que ce n’est qu’un prétexte. Les trois objectifs principaux de l’humanité, en train de virer bordeline, seraient désormais la croissance tous azimuts, la jeunesse perpétuelle et l’immortalité.

De Hiller, on se souvient spécialement de The Americanization of Emily (Les Jeux de l’amour et de la guerre) (1964), un film pacifiste mal pensant alors même que la guerre du Vietnam venait de commencer.


 

Hiller, avec sa vie bien remplie de professionnel de la profession, aura été, aussi, à sa manière, une sorte de précurseur.

Avec Love Story (1970), qui, l’air de rien, sous son apparence de bluette sentimentale à succès, est un des premier - si ce n’est le premier - d’une longue lignée de films qui s’épanouit désormais, au long des années : l’évocation du cancer.

Mais aussi, dès 1955, Hiller, plus que d’autres, s’illustra par ses très nombreuses séries, ce genre particulier dont nous ne pouvons plus nous passer, avides que nous sommes de lenteur, de lendemains et de compagnons fidèles. De Hitchcock à Barbara Stanwyck, en passant par Perry Mason et Shirley Temple, il aura côtoyé les plus grands, personnages ou movie stars - ce qui revient au même.


Bon anniversaire à Robert Redford, 80 ans aujourd’hui, ce Kid qui vieillit si bien, qui ne vieillit pas, cet homme de paix sauvage. Merci Mad Movies.


 

Et merci au Sundance Kid pour le Sundance Festival !


À défaut de commémoration, petit flash back, en ce 18 août 2016/

C’est le 18 août 1966 qu’a débuté la Révolution culturelle prolétarienne, concoctée par Mao, en digne suite du Grand bond en avant (1958-1961).

Nous reviennent les images, là-bas, des gardes rouges, des révisionnistes, des dazibaos...


 


 

Nous reviennent aussi les images, ici, des bourgeois occidentaux se rêvant clones élus, cornaqués par quelques grands intellos envoûtés par les magies de la table rase radicale.


 

Nous revient enfin, en janvier 1968, le coup de sifflet marquant la fin de la récréation, là-bas.

Plus tard, il y a eu les livres de Simon Leys (alias Pierre Ryckmans, 1935-2014).

Et quelques films : Comment Yukong déplaça les montagnes de Joris Ivens & Marceline Loridan (1976), ou Chinois encore un effort pour être révolutionnaires ! de Ji Qing-ming, René Viénet & Al Perreault (1976), dans la série "Pour désespérer Billancourt", présenté à la Quinzaine des réalisateurs, Cannes 1977.


 

Bonnes lectures :

* Simon Leys, Les Habits neufs du président Mao, préface de René Viénet, Champ libre, 1971.

* Simon Leys, Ombres chinoises, Christian Bourgois, 1974.

* Guilhem Fabre, éd, Révo cul dans la Chine pop, Union générale d’éditions,1974.


 


Aujourd’hui, commence le Festival international du film insulaire (FIFIG 2016, 16e édition), dans l’île de Groix (18-22 août 2016).


 

Qui n’a jamais rêver d’avoir une île à soi ?
Il faut aussi des bateaux. Et parfois, on rêve de ponts.
Mais l’idée, c’est un "périmètre de sécurité" liquide, doux et ouvert, contrairement aux barbelés, aux grilles, aux murs.
À défaut de la posséder, quand une île vous invite, impossible de refuser.
Le FIFIG a une belle histoire. Pour aller à Groix, on part de Lorient, et on peut même utiliser le co-baturage.


 

Cette année, les îles scandinaves sont à l’honneur. Mais la compétition et les coups de cœur ne nous promènent pas seulement dans le Nord (avec un petit coucou à Ingmar Bergman), aux îles Feroé, en Irlande, en Norvège, à Terre-Neuve, en Islande…
On va aussi à Lampedusa, dans les Caraïbes colombiennes, en Australie et en Nouvelle-Zélande, à Madagascar, au Japon, aux Açores, et même, dimanche, "Outre-mer", on y reviendra.

Faites votre programme et téléchargez le catalogue.

Port Lay, 56590 Groix.


Avec le centre culturel coréen, pour finir en beauté l’Année de la Corée, cet été, il y a encore de nombreuses expositions à voir un peu partout.


 

À Paris : au Centre culturel coréen même, à la Maison de l’architecture, au Musée de l’Homme, au Centre Pompidou, à la Galerie Tornabuoni.


 

En France : À Limoges, à la Fondation Bernardaud ; à Limoges toujours, au Musée national Adrien Dubouché, ; à Nice, au Musée des arts asiatiques ; à Lyon, aux Tupiniers du vieux Lyon ; à Vannes, au Musée des Beaux-Arts.


 

Ce soir, à Paris, on vernit une exposition franco-coréenne.

* À 18h00 : Art contemporain, perspectives (18-25 août 2016).

Centre culturel coréen, 2 avenue d’Iéna, 75016 Paris.



Mercredi 17 août 2016

 

Aujourd’hui commence le Festival international de théâtre de rue d’Aurillac 2016, 30e édition bis (17-20 août 2016).


 

30e bis ?
C’était tellement bien d’avoir 30 ans, l’an dernier, qu’ils ont décidé d’y rester.
"La 30e édition n’était pas exhaustive, il y a plein de compagnies qu’on aurait aimé inviter, donc on va la continuer !"
Et toute l’Auvergne se réjouit.

Aurillac, c’est le plus grand festival de théâtre et d’arts de rue d’Europe.
Depuis 1986, il en est passé des compagnies, la liste est éblouissante.

Une petite idée de l’ambiance, avec une vidéo des festivals de 2011 et de 2012 (à partir de la 13e minute).


 

En cette année particulière, celle de Nuit debout, où même les plus réticents ont compris qu’il fallait sortir dans la rue, que c’était là que ça se passait même s’il n’y avait pas de résultat immédiat, en 2016, il faut être à Aurillac.
Ou en rêver.

Faites votre programme.

Parvis du Conseil général du Cantal, 15000 Aurillac.


Les sorties sur les grands écrans :

* Toni Erdmann de Maren Ade (2016).

* Moka de Frédéric Mermoud (2016).

* Dernier Train pour Busan (Busanhaeng) de Yeon Sang-ho (2016).

* Dieu seul le sait (Heaven Knows, Mr. Allison) de John Huston (1957).

* Talons aiguilles (Tacones lejanos) de Pedro Almodovar (1991).

* La Ligne rouge (The Thin Red Line) de Terrence Malick (1998).



Mardi 16 août 2016

 

À Jeune Cinéma, on n’est pas du genre complotiste.
Quoique.
Car enfin, si on lit sérieusement le génial Antoine Bello (ce que nous ne pouvons que vous recommander comme lecture prioritaire toute affaire cessante), on est aisément convaincu. Enfin, toujours distants, sur la plupart des points qui font débat, nous nourrissons un doute raisonnable.

Mais s’il y en a un où nous n’avons aucun doute aucun, c’est que the King is not dead.


 

Pour Elvis (8 janvier 1935-16 août 1977), le 16 août n’est qu’une date parmi d’autres. Et le 8 janvier 2016, il a entamé sa 81e année, quelque part dans le monde, caché, enfin tranquille.

Ce que racontait Diane Dufresne, en 1976, qu’il vieillissait mal, c’est absolument faux.
Sans compter ceux qui racontaient qu’il aurait eu un lupus. N’importe quoi : Le Dr House l’aurait soigné vite fait.
Quant à sa tombe, elle est clairement un élément décoratif de Graceland, à Memphis, Tenn.


 

Les preuves abondent.
Le seul fait qu’il ait un site officiel, déjà. Plus quelques autres.

Et alors, quand il devient sentimental, en fin de surprise-partie, quand on retourne le single de Don’t be Cruel, sur le phono, eh ben ça marche toujours.


 

On vous renvoie aussi au Plaisir des amateurs n°6.

Non, il n’est pas mort. Ce ne fut jamais un mortel parmi d’autres.
Le doute ne serait pas raisonnable.


Sinon, c’est l’anniversaire de Jules Laforgue (1860-1887), un poète oublié qui nous est cher. Ça lui fait 156 ans.


 

Comme le dit Barthes des étudiants des années 60, Laforgue "avait l’air d’un petit monsieur", alors qu’il fréquentait les artistes et les intellectuels de la bohème. Même Gustave Kahn, loin d’être un marginal, trouvait que c’était "un peu trop correct pour le milieu".
En fait, cette mise annonçait son destin : En 1881, à 21 ans, il fut nommé lecteur de la grand-mère du futur kaiser Guillaume II. Ce qui lui assura la matérielle, mais ne l’empêcha pas de mourir de phtisie six ans plus tard.


 

On se demande ce qu’ils ont tous à naître à Montevideo.
Et à mourir si jeune.
Il dort au cimetière de Bagneux.
On se demande ce qu’ils ont tous à se coucher à Bagneux.

Allez, un petit poème du jeune homme, qui devrait figurer sur les paquets de cigarettes de contrebande.

La Cigarette

Oui, ce monde est bien plat ; quant à l’autre, sornettes.
Moi, je vais résigné, sans espoir, à mon sort,
Et pour tuer le temps, en attendant la mort,
Je fume au nez des dieux de fines cigarettes.

Allez, vivants, luttez, pauvres futurs squelettes.
Moi, le méandre bleu qui vers le ciel se tord
Me plonge en une extase infinie et m’endort
Comme aux parfums mourants de mille cassolettes.

Et j’entre au paradis, fleuri de rêves clairs
Ou l’on voit se mêler en valses fantastiques
Des éléphants en rut à des chœurs de moustiques.

Et puis, quand je m’éveille en songeant à mes vers,
Je contemple, le cœur plein d’une douce joie,
Mon cher pouce rôti comme une cuisse d’oie.

Bonnes lectures :

* Jean-Jacques Lefrère, Jules Laforgue. Biographie, Paris, Éditions Fayard, 2005.

* Jean-Louis Debauve, Mireille Dottin-Orsini, Jacques-André Duprey & Jean-Jacques Lefrère éds., Jules Laforgue. Papiers retrouvés, Éditions du Lérot, 2005.



Lundi 15 août 2016

 

Inondations sans précédents en Louisiane, à Baton Rouge, en raison de pluies torrentielles.


 

On pense à nos amis de Treme (1), à la Nouvelle Orléans, qui ont tant dégusté avec Katrina, à LaDonna, à Antoine, à Albert, à Creighton et Toni, à Janette et Davis, à Sonny et Annie.


Treme - Générique (Série tv) par moidixmois

1. Treme, série en quatre saisons de David Simon & Eric Overmyer (2010-2013).


Sinon, pour fêter l’Assomption, jour sacré dans la France laïque, nous (re)voyons La Vie de Brian de Terry Jones (1979).


 

Les Monty Python nous ont toujours rassérénés.
Le rire c’est bon à la santé (surtout pour ceux qui, comme nous, ne sont pas à Rio et ont un "mental" fatigué).

Le film a été interdit comme blasphématoire puis autorisé, en Irlande en 1987, en Italie en 1990, et à Jersey en 2001.
Ce qui prouve que le blasphème, c’est comme le vin et l’eau de Cologne, ça finit par s’éventer même dans les caves les plus vigilantes. Et Dieu sait que Jersey est un pays vertueux, car, pour fiscal qu’il soit, il n’en demeure pas moins un paradis.

Finalement, en 2011, le film s’est trouvé en 3e position au Top 100 des comédies de Time Out London.
Ce que c’est que ce qu’on croit éternel !


 


 

D’après Wikipédia, les Monty Python ont considéré que le film était hérétique, plutôt que blasphématoire. Jeune Cinéma hésite sur le mot qui conviendrait pour qualifier les honteuses moqueries du film sur les gauchistes de l’époque.

On peut le voir sur Arte en replay, jusqu’au 9 septembre 2016, avec choix de version française ou version originale avec sous-titres.


 



Dimanche 14 août 2016

 

Bob Dylan connaissait bien Allen Ginsberg (1926-1997), ils étaient amis.

Dans l’expo de Beaubourg, Beat Generation, une vidéo passe en boucle, celle de leur dialogue au cimetière. Ils y devisent sur la tombe de Kerouac, dans l’Edson Cemetery, South Lowell, Mass.


 


 

Ginsberg se souvient de la tombe de Baudelaire à Montparnasse. Il dit y a laissé son poème Howl, l’exemplaire édité chez Ferlinghetti. Quelques années plus tard, nous ne l’y avons pas trouvé.


 

Dans une autre salle, sur tout le mur, passe aussi en boucle, le clip vidéo de Subterranean Homesick Blues première image de Dont Look Back de D. A. Pennebaker (1965) - Album : Bringing It All Back Home (1965).
Ça se passe, dans une ruelle pleine de déchets, derrière l’hôtel Savoy à Londres.
Au fond de l’écran, à gauche, on voit Ginsberg qui discute avec Bob Neuwirth.
Le titre du blues est sans doute un clin d’œil au roman de Kerouac, The Subterraneans (1953).


 

On remarquera, à Beaubourg, que la chaise du "gardien" est vide.
Il n’est pas exclu que la personne ait disjoncté, contaminée par le mal du pays, à avoir ce blues lancinant dans les oreilles, toute sa journée de travail. Les voies des souterrains sont impénétrables.


 

Bonus Dylan-Ginsberg :


 

Dylan connaissait moins bien William Burroughs (1914-1997) : "I don’t really know him - I just met him once. I think he’s a great man", dit-il.

Selon James Adams qui remercie beaucoup Jed Birmingham, ils se seraient juste rencontrés à Greenwitch Village en 1965.

Leurs deux self-portraits, celui de Burroughs exposé à Beaubourg (nd) et celui de Dylan (album, 1970) se font écho.


 


 



Samedi 13 août 2016

 

Bon anniversaire Fidel Castro !

Il est né le 13 août 1926, il fête ses 90 ans.

On se souvient de lui, en 1960, à l’ONU, de son visage presqu’encore enfantin, il avait 34 ans


 


 

On se souvient de la Baie des cochons.
 


 

Il faut voir et revoir

* Soy Cuba de Mikhaïl Kalatozov avec la photographie de Sergueï Ouroussevski (URSS, 1964).


 

Mal reçu, contesté, relégué, aussi bien à Cuba qu’en URSS et évidemment aux États-Unis, redécouvert en 1992, par l’écrivain cubain Guillermo Cabrera Infante (1929-2005), parrainé par Scorsese et Coppola, le film est désormais considéré comme un chef d’œuvre.

* Soy Cuba, O Mamute Siberiano de Vicente Ferraz (Brésil, 2005) raconte cette redécouverte.

Les deux films sont en regroupés dans un coffret DVD.


 


Salut les câblés !

La semaine télé de Jeune Cinéma du 13 au 19 août 2016



Vendredi 12 août 2016

 

Il y a 200 ans, l’année 1816 est réputée pour avoir été une année sans été : temps pourri sur toute l’Europe. En témoignent les tableaux météorologiques de l’Observatoire de Paris.


 

En France, le prix du blé explose pour atteindre 36,17 francs l’hectolitre en 1817 contre 19,53 en 1815. En Bourgogne, les vendanges démarrent le 26 octobre 1816, la date la plus tardive constatée sur la période 1437-2003.

En Asie, la récolte de riz est quasi inexistante, ce qui entraîne la mort de milliers de personnes, notamment dans la province chinoise du Yunnan.
En Amérique du Nord, les conséquences sur les récoltes sont désastreuses. Les prix du blé et du maïs sont presque multipliés par deux.
À Boston, il neige en juin.

Merci Météo France.

La raison de ce déréglement climatique ?
L’éruption, à partir du 5 avril 1815, du volcan indonésien, le Tambora, une des plus violentes du millénaire, et ses projections de cendres sulfatées dans la stratosphère. À titre de comparaison, l’éruption du volcan islandais Eyjafjallajökull, en 2010, en a émis 400 fois moins. Mais on ne le comprendra que plus tard (le météorologue américain William Jackson Humphreys (1862-1949) en 1913).

En Angleterre, les couchers de soleil de William Turner deviennent rouges vers 1815, il devient le "peintre des incendies".


 


 

C’est dans le mauvais temps du lac Léman, villa Diodati à Cologny, que Mary Shelley, la nuit du 16 juin 1816, invente Frankenstein pour ses amis (comme Hushpuppy vous le racontait, pour fêter son anniversaire, le 16 juin. (*)


 

Les artistes sont les témoins et les sentinelles des temps. Ils ne sont que cela, et c’est ce qui nous sera le plus indispensable, quand "les temps viendront".

200 ans plus tard, l’été 2016 a déjà commencé à vieillir doucement. Les incendies partout dans le monde, plus personne ne doute qu’ils sont plus violents et répandus que jamais, et que c’est dû au réchauffement climatique, pas aux volcans cette année. Certains pensent même que les incendiaires eux-mêmes en sont aussi issus, dans ce grand ensemble terrestre où tout se tient.

200 ans plus tard, on a moins peur qu’en 1816, quand les cieux rouges et noirs étaient inexpliqués. Savoir nommer un mal, connaître sa cause, être capable d’envisager ses conséquences, ça a toujours rassuré les humains, ça leur suffit, c’est à peine s’il devient nécessaire de savoir le soigner et le guérir, le mal.

* Frankenstein : genèse d’un monstre, sur France Culture.

* Frankenstein créé des ténèbres, à la Fondation Martin Bodmer (13 mai-9 octobre 2016).


 

Fondation Martin Bodmer, Route Martin-Bodmer 19-21, 1223 Cologny.



Jeudi 11 août 2016

 

À Cerisy, commence un colloque, sous la direction de Henri Béhar et Françoise Py : L’Or du temps. André Breton 50 ans après (11-18 août 2016).


 

André Breton (1896-1966) : Cinquante ans après sa mort.


 

On commence par la tombe des Breton, avec sa stella octangula de Kepler, aux Batignolles, parce que nous nous souvenons avec émotion de leurs funérailles.

Les funérailles d’André (1896-1966), ce samedi 1er octobre 1966. Il faisait beau, il n’y avait pas un monde fou, on se souvient de Jean-Louis Barrault, Michel Leiris, et Isidore Isou qui fit quelques gestes de désenvoûtement au dessus du trou béant.
Les funérailles d’Elisa (1906-2000), ce jeudi 13 avril 2000. Là, il faisait un froid de canard, on était pas tellement nombreux non plus, on se souvient du grog triste, pris ensuite au bistrot le plus proche.


 


 


 

Pas beaucoup de monde.
Breton n’est ni Hugo, ni Sartre. Il est bien plus dangereux.

On commence par la tombe, mais promis Dominique Rabourdin, nous ne pensons pas que "le surréalisme est une affaire classée". Et il ne risque pas de l’être de sitôt, contrairement à tant d’avant-gardes.


 

Ce colloque de Cerisy 2016 se présente ainsi : "Cinquante ans après quoi ? D’abord après la célèbre décade de Cerisy, consacrée au Surréalisme, sous la direction de Ferdinand Alquié, suivie à distance par André Breton."

Lors de ce colloque de juillet 1966, Breton devait déjà être à St-Cirq, et pas en très bon état respiratoire - il a été ramené en ambulance deux mois plus tard.
Mais il avait dû charger ses fidèles - Jean Schuster, déjà son dauphin désigné à l’époque - de participer, afin de défendre les positions du groupe historique. Il est peu probable qu’il ait été aussi rigide qu’autrefois, et le colloque ne s’est pas tenu pour autant avec son "imprimatur".
Par ailleurs Alquié n’avait jamais appartenu au groupe, c’était un philosophe "normal", autant spécialiste de Descartes que de Malebranche. Mais son Philosophie du surréalisme, paru en 1955 (le seul livre qu’il ait écrit sur le sujet) n’a pas été refusé par Breton.

Les membres du groupe en 1966 n’étaient pas tous à Cerisy.

Les présents : André Souris (1889-1970, groupe belge), Michel Carrouges (1910-1988), Henri Ginet (1923-1970), Philippe Audoin (1924-1985), Gérard Legrand (1927-1999), José Pierre (1927-1999), Jean Schuster (1929-1995).
Il y avait aussi, déjà, Annie Le Brun, Claude Courtot, et Georges Sebbag alors tout jeunots, et toujours bien vivants.

Seul Robert Benayoun (1926-1996) manquait.

A priori, il n’y avait pas de "traîtres", juste quelques ennemis anciens, exclus mais amnistiés comme Noël Arnaud (1919-2003) ou Alain Jouffroy (1928-2015).


 

Mais y étaient les collègues et les compagnons de route : Clara Malraux (1897-1982), Jean Follain (1903-1971), Dr Gaston Ferdière (1907-1990), ou René Passeron (né en 1920), et bien sûr Ferdinand Alquié lui–même (1906-1985).

Et y participaient déjà les intellos estampillés, extérieurs, universitaires, professionnels de la profession, comme Jean Wahl (1888-1974), Henri Gouhier (1898-1994), Alfred Sauvy (1898-1990), Maurice de Gandillac (1906-2006), Michel Zéraffa (1918-1985), Arlette Albert-Birot (1930-2010), René Lourau (1933-2000)...
C’était intéressant, mais c’était mauvais signe.

La journée sur le cinéma - le samedi 16 juillet 1966 - était organisée par Henri Ginet (qui fut directeur du cinéma d’art et d’essai Le Ranelagh et ami de Brunius), avec un exposé de Charles Jameux (collaborateur de Positif) et des textes de Robert Benayoun (1926-1996), Luis Buñuel (1900-1983), Octavio Paz (1914-1998) et Benjamin Péret (1899-1959).

Foin de name dropping.
Nous sommes en 2016.
Vous, lecteurs, ne faites sans doute pas partie des happy few qui assisteront à ces journées.


 

On vous confirme que 50 ans après, il y a surtout des professeurs.
Le seul présent survivant du groupe et de la fameuse décade de 1966 précédente est Georges Sebbag.

Mais le Surréalisme n’est pas mort, il est une vision du monde, un savoir-vivre holiste, un art révolutionnaire.
Plus de cent ans après sa naissance, nous en sommes pétris, même inconsciemment. Non-encartés et désormais sans leader charismatique, nous ne risquons plus de nous faire exclure, et - miracle - il y a encore tout à en apprendre.


 

Ne vous laissez pas embobiner par les cafards et les charlatans des médias, qui utilisent le qualificatif à tout bout de champ, pour tout ce qui est étonnant, absurde, "décalé", curieux, bizarre.
Ça témoigne de leur inculture, et de plus, c’est ridicule.
Car s’il y a un champ porteur de sens - créateur de sens même - c’est bien le Surréalisme.
Et c’est irritant.
Parce que la marge, l’étrange et le contretemps, s’ils sont récupérés et éventés tels des lieux communs, ne servent plus à rien.
Or la révolution surréaliste est irrécupérable, donc toujours active.

Bonne lectures :

* Ferdinand Alquié, Philosophie du surréalisme, Flammarion, Bibliothèque de philosophie scientifique, 1955.

* Ferdinand Alquié, éd., Entretiens sur le surréalisme. Décades du Centre culturel international de Cerisy-la-salle, Éd. Walter de Gruyter GmbH & Co KG, 1968.


 

* Adam Biro & René Passeron (dir.), Dictionnaire général du surréalisme et de ses environs, Office du livre, Genève & Presses universitaires de France, Paris, 1982.


 



Mercredi 10 août 2016

 

Ce soir, c’est bien d’être à Trémolat, environ 600 habitants, dans le Périgord noir, ou pas loin.

En effet, on y annonce une soirée d’hommage à Maurice Nadeau, organisée par Joëlle Mayer et l’Association La Cerise sur le gâteau (un film, des rencontres, et une dédicace, entrée gratuite).

* À 18h30 : Maurice Nadeau, révolution et littérature, film de Gilles Nadeau (2005).
Rencontre avec Jean-Pierre Barberine, à propos de son livre Réplique du chaos (Éd. Maurice Nadeau, 2016).
Lecture d’extraits par Claire Nadeau.


 

Vous connaissez La Quinzaine littéraire devenue En attendant Nadeau.
Et les Éditions Lettres nouvelles Maurice Nadeau, reprises par son fils Gilles Nadeau.

Mais puisqu’on est à Trémolat, c’est l’occasion de vous parler du pays, de Couze et Saint Front, de Mauzac…


 

À Couze et Saint Front, par exemple, sont nées les Éditions Secrets de pays, dirigées par l’ami Jacky Tronel.

C’est chez les petits éditeurs indépendants qu’on trouve nos trésors.
Ils sont nos amis.
Il y en a dans toute la France.
Par exemple aussi, les Éditions de l’Escalier, que nous adorons, à Saint-Didier, au pied du Mont Ventoux.

On y reviendra, dans notre rubrique Livres, seulement ébauchée sur le site, hélas.

Pour l’instant, ce soir, c’est dans le Périgord que ça se passe.

Salle des fêtes le Grenier, 24 500 Trémolat.


Les sorties sur les grands écrans de ce mercredi

* L’Économie du couple de Joachim Lafosse (2016).

* Stefan Zweig, adieu l’Europe de Maria Schrader (2016)

* The Endless Summer de Bruce Brown (1966).


 



Mardi 9 août 2016

 

C’est le 9 août 1516, il y a 500 ans, que Jheronimus van Aken, dit Jérôme Bosch ou Jheronimus Bosch (circa 1450-1516) est mort.

On ne sait pas précisément sa date de naissance, mais on sait sa date de mort.
Jeune Cinéma ne fête pas les dates de morts, la mort n’étant qu’un incident de parcours, et ne fête que les naissances : Bosch a donc, en 2016, environ 550 ans.


 

Il est éparpillé à Madrid, à Paris, à Venise, à Gand, à Berlin, à Lisbonne, à Rotterdam, à Francfort, à Bruxelles, à Vienne, à Bruges, à Philadelphie, à New Haven, à Washington, à Indianapolis, des villes qui pourraient être les étapes - les stations ? - d’un véritable voyage initiatique.

Les quatre dernières années, une équipe d’experts a parcouru le monde pour examiner toutes ses peintures connues, avec un outillage ultra perfectionné, pour, derrière le vernis et les surfaces, percer à jour les secrets de ses techniques et tenter ainsi de, peut-être, parvenir à l’origine de son inspiration.

Jeronimus Bosch, touched by the Devil de Pieter van Huijstee (2015).

Cette année, évidemment, des expositions un peu partout.

À Venise.

À s-Hertogenbosch (ou Den Bosch, ou Bois-le-Duc), sa ville de naissance, au Musée Noordbrabants.

et au Centre d’art Jérome Bosch.


 

Au Prado, à Madrid, et là, on a encore jusqu’au 11septembre 2016.


 

Les œuvres de Jérôme Bosch.


 

Dans l’atelier de Jérôme Bosch (France Culture, en 5 parties).


 



Lundi 8 août 2016

 

Avez-vous une idée de ce qu’est l’empreinte écologique, un concept apparu en 1992 lors du Sommet de la Terre à Rio ?

Connaissez-vous le Earth Overshoot Day (Jour du dépassement) ?

Les ressources naturelles de la planète Terre ne sont pas illimitées, et, celles qui se renouvellent, de toute façon, il leur faut un temps. Pour parler comme le "bon père de famille" (celui qui gère raisonnablement et sans excentricité son patrimoine) le Earth Overshoot Day, c’est le jour de l’année où l’humanité a consommé son revenu et où elle pioche dans son capital.

Eh bien, en 2016, c’est aujourd’hui, lundi 8 août 2016.
En 2000, ça tombait le 1er octobre ; en 2008, le 23 septembre ; en 2015, le 13 août ; et cette année le 8 août. Ça avance chaque année.

En 2015, le Huffington Post l’illustrait très clairement.


 

Si vous achetez un t.shirt de moins, ça ne changera rien : il est déjà fabriqué.
Et si vous ne mangez plus de steak, d’autre le mangeront à votre place.
C’est une société non durable qui a été choisie. Individuellement, personne n’y peut plus rien. Et collectivement, il faudrait un effort unanime, ce qui semble improbable ces jours-ci.


 

Dans les années 1970, l’économiste Nicholas Georgescu-Roegen (1906-1994) écrivait : "Tout se passe comme si l’espèce humaine avait choisi de mener une vie brève mais excitante, laissant aux espèces mons ambitieuses une existence longue mais monotones".
Il avait raison : quand on jette un coup d’œil en arrière, l’espèce humaine s’est quand même bien éclatée au long des siècles.
Ils sont devenus si courts, les siècles.
Désormais, un siècle, c’est le temps de la vie d’un humain chanceux.

Quelques liens :

* Bibliographie de l’Anthropocène.

* Site de la collapsologie.

Par ailleurs, on peut vous confirmer que le réchauffement climatique n’est pas du tout bon pour le marché de l’art.


 

Avec la chute des cours, on peut même se payer un petit Dali.


 



Samedi 6 août 2016

 

Bon anniversaire, Andy Warhol (1928-1987).
88 ans aujourd’hui.


 


La commémoration annuelle du 6 août 1945 (Hiroshima) et du 9 août (Nagasaki), en 2016, 71e année, on la confierait volontiers à Bruce Conner (1933-2008).

Avec son film-manifeste, Crossroads (1976), sans un mot mais avec la musique de Terry Riley & Patrick Gleeson, Bruce Conner réalise une œuvre hypnotique, hallucinatoire, terrifiante et dérisoire à la fois, une métaphore de nos temps présomptueux.

Trois fois rien, quelques found footages traités au ralenti et montés presque ironiquement, pure beauté des nuages, des nuages qui passent, là-bas, des merveilleux nuages produits par des humains énigmatiques.


 


 

Trois fois rien.
Dans l’atoll de Bikini, depuis mars 1946, l’armée américaine fait des essais nucléaires. Même pas un an après Hiroshima, la décence ne fait pas partie de l’arsenal. Il s’agit de valider la puissance destructrice de la bombe A, il faut battre le fer pendant qu’il était chaud, hein, et 167 habitants, c’est facile à abuser et à déplacer.

Ça durera jusqu’en 1958, 67 explosions de bombes A et H, en situation, sur terre et en mer, avec des bateaux autour.
À la fin des années 60, on réalise que le taux de radioactivité est absolument incompatible avec toute vie humaine, ce sera confirmé en 1998. En 2010, l’atoll de Bikini sera inscrit au patrimoine mondial en tant que "symbole de l’entrée dans l’âge nucléaire" de l’Humanité.

Les essais de l’été 1946 s’appellent Opération Crossroads, "car il était évident que la guerre, peut-être même les civilisations, étaient arrivées à un point critique grâce à cette arme révolutionnaire" avait déclaré le clairvoyant vice-amiral Blandy.

Cet été 1946, le 1er juillet, a lieu la première explosion : c’est la bombe Able, surnommée Gilda à cause de Rita H. (le film était sorti en février 1946).

La deuxième explosion, sous-marine, a lieu le 25 juillet 1946, à 8h35 : c’est la bombe Baker, surnommée Helen de Bikini, entourée de huit bâtiments. Dont on ne sait pas si ce sont des factices pour test ou des vrais en bavures. Les essais, c’est fait pour identifier les erreurs.

En 1976, quand il est devenu bien sûr publiquement que les îles sont soit détruites soit inabordables à jamais, Bruce Conner s’empare des images d’archives de Baker (1), l’explosion du 25 juillet 1946, et en assemble les différents points de vue au ralenti. Le temps du court métrage se dilate dans la lenteur et la répétition, 37 minutes seulement pourtant, 37 minutes d’éternité.


 


 


 


 


 

Le film complet est sur Internet en streaming.
Un aperçu vidéo, pris à la Kunsthalle de Vienne, l’an dernier, à l’occasion du 70e anniversaire de Hiroshima, en donne une petite idée. Mais la BO de Riley et Gleeson y est inaudible à cause des autres bruits de l’expo.

Donc on ne peut que vous recommander d’aller le voir sur un grand écran, dans l’exposition Beat Generation à Beaubourg.


 


 

En août, il n’y a pas beaucoup de monde, on y est bien.
La vue sur Paris (et ses toits, dont certains sont déjà bleus) est incomparable, et la compagnie des vieux babas pacifistes buvant les paroles de Ginsberg, interviewé par Jean-Jacques Lebel et Alain Joubert, est réconfortante. Ils ne sont pas tous morts, leurs mélopées courent encore dans les rues.


 


 

Les commissaires de l’exposition ont eu la belle idée de justaposer au film Crossroads, un court métrage précédent de Conner, Looking for Mushrooms (1959), du temps où, avec Timothy Leary, ils attendaient au Mexique la fin du monde qui, de champignons en champignons, ne pouvait manquer d’advenir.

Bruce Conner est un des plus grands cinéastes dits expérimentaux.
À chaque monde, ses expériences, celui des soudards ou celui des artistes.

1. Baker est la 5e bombe atomique. Les précédentes : Trinity (au Nouveau-Mexique), puis Hiroshima, Nagasaki, Able.
Pour mémoire, le film de Lucy Walker, Countdown to Zero (2010) (Sundance et Cannes hors compétition) nous explique, juste en croisant les propos des experts, que, étant donné le nombre d’armes nucléaires stockées désormais sur la Terre, la facilité avec laquelle elles peuvent être déclenchées (même par inadvertance), la multiplication des terroristes et un manque absolu de réflexion sur la sécurité nucléaire du monde, la race humaine est en sursis, ce n’est qu’une question de temps.


 


Salut les câblés !

La semaine télé de Jeune Cinéma du 6 au 12 août 2016.



Vendredi 5 août 2016

 

David Huddleston (1930-2016) est mort hier, jeudi 4 août 2016.


 

On croit ne pas le connaître, mais il a une longue filmographie d’acteur depuis le début des années 60 jusqu’à 2007.

Le gros millionnaire de The Big Lebowski de Joel & Ethan Coen (1998) c’était lui, à côté de Jeff Bridge et Steve Buscemi.

Et aussi, plus loin dans le temps, dans Le Shériff est en prison (Blazing Saddles) de Mel Brooks (1974), il était Olson Johnson.

Rien que pour ces intenses rigolades, on le remercie d’avoir existé.
Et quand on le croisait au hasard des couloirs de The West Wing (À la maison blanche, 1999-2006), on était heureux de le reconnaître sa belle gueule de producteur hollywoodien.


Ça ne vous aura pas échappé, c’est le début des Jeux Olympiques de Rio (5-21 août 2016).


 

On ne peut pas augurer de leur couleur et leur climat, ni, évidemment, des performances des athlètes.
Mais nous devons nous réjouir des fêtes.


 

Pourquoi, alors, ces jeux-là de 2016, sont-ils nimbés d’un halo de tristesse, y compris dans les médias les plus conventionnels ?

La compétition fait partie intégrante des désirs des humains (enfin, "humains", ça a commencé avec les mâles) qui n’apprécient rien tant que les concours. Mais cela devrait être joyeux, le sport plutôt que la guerre.

Aparté de l’année du singe I : Que ces désirs de compétition du patriarcat aient engendré le capitalisme est d’une parfaite logique.


 

C’était l’occasion : on a lu la charte des JO, et tout spécialement les principes fondamentaux de l’Olympisme (Introduction, page 13)
Ou en résumé.

Et on voit bien que ces valeurs ne sont guère à l’ordre du jour, en général sur la Terre, et en particulier au Brésil, dont la réalité politique et sociale vacille.

D’ailleurs, toujours Citius, Altius, Fortius, est-ce bien raisonnable ?

Il n’est jamais inutile, pour connaître la vraie nature d’un humain ou d’un fait social, d’aller voir les origines. Ainsi peut-on compléter ce qu’on croit savoir.


 

Les premiers jeux se seraient déroulés à Olympie, Grèce, en 776 av. J.-C. donc à peu près contemporains de la fondation de Rome (753 av. J.-C.).
Ils avaient lieu chaque olympiade (i.e. tous les quatre ans) à la nouvelle lune précédant le solstice d’été.
Au début, c’était à qui courait le plus vite, puis d’autres épreuves sont apparues.


 


 

Pendant les Jeux, les guerres s’arrêtaient. Les Jeux remplaçaient les guerres. Pas longtemps, pas souvent. Mais il était bien compris que c’était de la même essence.

Les compétitions avaient lieu entre cités, les athlètes n’en étaient que les représentants qui ne participant pas à titre individuel.
Comme on le signalait à propos des enjeux politiques de 1936, Athènes et ses alliés exclurent Sparte de la participation aux Jeux de 424 av. J.-C., dans le cadre de la guerre du Péloponnèse.

Par ailleurs, très vite, les cités engagèrent des athlètes venus d’autres cités, qu’ils payaient pour les représenter, des sortes de mercenaires et une sorte de professionnalisme. Pas des Barbares (des non-Grecs) puisque les Jeux étaient réservés aux hommes grecs libres (ni esclaves ni femmes).

Il y a eu des petit creux dans la tradition, quand, dans l’Empire romain déclinant, le christianisme (en l’occurrence Théodose 1er et l’évêque Ambroise vers 393 ap. J.-C.) a considéré que c’était (devenu) païen.
Les pratiques s’étaient perverties et les dieux aussi avaient changé.

Aparté de l’année du Singe II : Certes, le corps, c’est pas aussi divin que l’âme. C’est pourquoi il n’est pas anormal de le maltraiter.

Il y a donc les JO anciens, et il y eut une résurrection : les JO modernes à partir de la deuxième partie du 19e siècle.
La première ébauche eut lieu chez les Anglais, c’est la création, en 1866, d’une Fédération nationale d’athlétisme amateur, venue des universités, donc des classes possédantes : exclusion des ouvriers et des artisans "afin de rester entre gentlemen".

Aparté du Singe III : Les corps des pauvres, leur force, leurs muscles sont faits pour le travail productif. Le sport, c’est du temps perdu pour l’enrichissement (de qui donc exactement ?). Le sport, c’est comme un art d’agrément, et il faut les moyens pour le pratiquer : du temps et de l’argent. Ce temps et cet argent, on le récupère quand d’autres s’occupent de l’intendance. Joli verrouillage du système.

À la fin du siècle est advenue une vraie renaissance des JO, grâce à Pierre de Coubertin (1863-1937), baron humaniste, anglophile et pédagogue, soupçonné de colonialisme, de racisme et de misogynie, bref un homme de son époque, pétri de contradictions.
Comme tous ceux qui ouvrirent la voie à notre démocratie actuelle.
Date officielle de la naissance de ces JO modernes : 6 avril 1896, au stade Panathénaïque, à Athènes.


 


 

Celui qui remporta le marathon, le Grec Spyrídon Loúis (1873-1940) n’était pas un gentleman sorti d’une grande université anglaise, mais un simple porteur d’eau.


 


 

En 1936, il avait 63 ans, et, devenu vieux et héros national, aux JO de Berlin, il apporta un rameau d’olivier à Hitler.


 

Finalement, question démocratie, après la crise de 1929, on en revient toujours à l’année 1936.
On l’a pas mal évoquée, à plusieurs occasions, tout au long des mois de juin et juillet du Journal de Hushpuppy, à partir du dimanche 5 juin 2016 pour fêter l’anniversaire du Front populaire : 80 ans, c’est un bon gros nombre rond, rassurant (bien qu’avec des failles temporelles comme pour tous ceux qui sont nés ou morts les 29 février des années bissextile). Et notamment à propos des JO de 1936 à Berlin.

Une année particulière, 1936, une sorte d’année zéro d’un temps historique dont nous ne connaissons encore ni la destination, ni la forme définitive.

Aparté du Singe IV :

Ne soyons pas trop pressés de savoir.
Pour nous les vivants, une année de plus, c’est une année de moins.

Pour ceux qui viendront après nous, suivons François Villon (1462)

Frères humains qui après nous vivez

N’ayez les cœurs contre nous endurcis,

Car, se pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tost de vous merciz.
Excusez nous, puis que sommes transis.
Mais priez Dieu que tous nous veuille absouldre !


 

Suivons aussi Bertolt Brecht (en 1939).

Vraiment, je vis en de sombre temps !

Celui qui rit
 n’a pas encore reçu la terrible nouvelle.
Que sont donc ces temps, où
 parler des arbres est presque un crime
, puisque c’est faire silence sur tant de forfaits !

Mon pain, je le mangeais entre les batailles,.
Pour dormir je m’étendais parmi les assassins.

L’amour, je m’y adonnais sans plus d’égards.

Et devant la nature j’étais sans indulgence.

Ainsi se passa le temps
 qui me fut donné sur terre.
Mais vous, quand le temps sera venu
 où l’homme aide l’homme,
 pensez à nous 
avec indulgence.

 

A Ceux qui viendront après nous from Coline Yacoub on Vimeo.


 



Mercredi 3 août 2016

 

Bernard Dufour (1922-2016) est mort le jeudi 21 juillet 2016.

Il était le peintre (incarné par Michel Piccoli) dans La Belle Noiseuse (1991) de Jacques Rivette, avec Emmanuelle Béart.


 

Il était également photographe et autobiographe.


C’est aujourd’hui que commence le festival de Locarno, 69e édition (3-13 août 2016).

Ceux qui y sont déjà savent déjà tout.

Ceux qui n’iront pas, peuvent se délecter de la programmation toujours épanouie.


C’est mercredi, on regarde les sorties et les ressorties sur les grands écrans.

* Sieranevada de Cristi Puiu (2016).

Deux Douglas Sirk et un Dino Risi

* Tout ce que le ciel permet (All That Heaven Allows) de Douglas Sirk (1955).

* Le Secret magnifique (Magnificent Obsession) de Douglas Sirk (1954).

* Pauvres millionnaires (Il Poveri milionari) de Dino Risi (1958).

Et puis une mini-rétrospective Hou Hsiao-Hsien, avec cinq œuvres de jeunesse des années 80).

Comme le rappelle René Prédal, dans sa recension du livre paru en 2013, et comme on l’apprend de la petite histoire de la distribution de La Cité des douleurs, Jeune Cinéma aime beaucoup Hou Hsiao-hsien.

* Antony Fiant & David Vasse (dir.), Le Cinéma de Hou Hsiao-hsien, Éd. Presses Universitaires de Rennes, 2013.

* La Cité des douleurs, petite histoire.

À la Mostra de Venise 1989, le titre était Cité de douleur.
Le film reçut un Lion d’or inattendu.
Aucun distributeur ne se présentant, les deux envoyés spéciaux de Jeune Cinéma, Andrée Tournès et Bernard Nave sont allés voir Hou Hsiao-hsien et lui ont acheté le film un prix dérisoire.
C’est ainsi que la sortie du film en France, le 28 novembre 1990, s’est faite grâce à Ciclop Film, société de distribution commerciale créée par la Fédération Jean-Vigo pour aider les films hors des circuits confidentiels des ciné-clubs (juin 1970-1997)
(Cf. Dates clés de Jeune Cinéma.
Faute de moyens, le film a été très peu vu à l’époque.
Il est désormais considéré comme le premier d’une trilogie sur l’histoire taïwanaise, comprenant Le Maître de marionnettes (1993) et Good Men, Good Women (1995).

Rappelons qu’une rétrospective Hou Hsiao-hsien a eu lieu à la Cinémathèque française de Bercy cette année (2-31 mars 2016).

Pour ce qui concerne les titres, on peut constater qu’à l’occasion de leur restauration, les films n’ont pas fait l’objet d’une régularisation homogène. C’est ainsi que cohabitent toujours des titres anglais et des titres français. Il est vrai que ce n’est pas facile.

Pour tous les films, il y a souvent des titres non stabilisés au cours de leur première présentation en festival et ils en changent souvent ensuite à leur sortie.
De surcroit, sont à prendre en compte les diverses traductions, en langue du pays du festival, en anglais, etc. Plus tard, ils tracent leur chemin (et restent dans les mémoires) sous des titres variables, autant officiellement que dans les mémoires des cinéphiles.
Dans le cas des langues à caractères différents des langues occidentales (à alphabet latin), la difficulté d’identification est encore plus flagrante.
Pour le chinois, notamment, IMDB propose des "titres originaux" issus d’une translittération (qu’il serait intéresssant de faire expertiser par des sinophones) qui sont bien utiles aux archivistes et documentalistes pour leur éviter de confondre les titres variés évoqués dans les revues papier de l’époque.
D’où le fameux AKA de IMDB (As Known As), qui recense des titres parfois très éphémères.

Pour Hou Hsiao-hsien, cette semaine :

* Cute Girl (Jiu shi liu liu de ta) (1980). Aka Lovable You, Feng Fei Fei, Une fille si jolie.

* Green Green Grass of Home (Zai na he pan qing cao qing) (1982). Aka L’Herbe verte de chez nous, L’Herbe sur la rive.

* Les Garçons de Fengkuei (Feng gui lai de ren) (1983). Aka Ceux de Fennggui.

* Un temps pour vivre, un temps pour mourir (Tong nien wang shi) (1985). Aka Geschichten einer fernen Kindheit, Histoires d’une enfance lointaine, Choses du passé.

* Poussières dans le vent (Lien lien fung chen) (1986). Aka En parcourant les chemins de l’enfance, Dust in The Wind, Liebe, Wind, Staub.



Mardi 2 août 2016

 

On ne l’a appris qu’hier, mais ça s’est passé le 18 juillet 2016, à 8h00 du matin.

Kodak a rasé son usine du Eastman Business Park, à Rochester (État de New York). C’était le siège social, créé en 1881 par Georges Eastman.
L’usine avait 23 000 m2 et 92 ans.
Elle produisait l’acétate de cellulose utilisé pour les pellicules photo argentique.


 

Il a suffi de 45 kg de dynamite et quelques secondes pour qu’un pan d’histoire bascule.


 


 


 

Mais c’était prévisible, les usines sont mortelles : L’usine Kodak de Vincennes (1906-1987), celle de Sevran (1925-1993, celle de Chalon (1961-2006)…


 


 

La vidéo de l’opération, lente et finalement si peu spectaculaire, le dit bien : C’est une affaire de routine. Ciculez, y a rien à voir.
Via Le Monde, c’est plus expéditif.

N’empêche que George Eastman (1854-1932) a dû se retourner dans sa tombe, enfin sous son mémorial.
Et même Nicéphore Niépce (1765-1833), Louis Jacques Mandé Daguerre (1787-1851), Hippolyte Bayard (1801-1887), et quelques autres, on les a entendu maugréer.
Quant à Auguste (1862-1954) et Louis (1864-1948), ils ont laissé échapper quelques jurons bien sentis.
Même Man Ray (1890-1976), pas concerné, ne s’est pas senti indifférent.


 

Petite histoire de Kodak :

* Wikpedia.

* Site officiel.

* Le Monde de la photo.

* Cartes postales de Kodak.


À Toulouse, le Cinéma en plein air, 11e édition, dans la cour de la Cinémathèque, dure jusqu’au 20 août 2016.


 

Ce soir

* À 19h30 : The Rocky Horror Picture Show de Jim Sharman (1975).


 

* À 22h00 : La Plus Belle Soirée de ma vie (La più bella serata della mia vita) de Ettore Scola (1972).

Faites votre programme.

La Cinémathèque de Toulouse, 69 rue du Taur, 31000 Toulouse.



Lundi 1er août 2016

 

Le 1er août 1936, commençaient les Jeux Olympiques de Berlin (1er-16 août 1936). On peut les évoquer sans forcément faire référence à Leni Riefenstahl.

Petit coup de projo sur deux athlètes exemplaires de cet été 36 :
Jesse Owens et Son Ki-chong.

* Le sprinter américain Jesse Owens (1913-1980), "l’homme le plus rapide du monde" gagna quatre médailles d’or sur le 100 mètres, le 200 mètres, le 4x100 mètres et la longueur.


 

À ses côtés, il faut citer l’Allemand Lutz Long (1913-1943), qui termina deuxième et fut le premier à féliciter publiquement Owens, dans l’Allemagne raciste.


 

Celui-ci rappellera qu’il n’était pas mieux traité dans l’Amérique de la ségrégation qu’en Allemagne.


 

Jesse Owens en vrai.

 


 

Jesse Owens en légende.
 

* La Couleur de la victoire (Race) de Stephen Hopkins (2016).


 

* Le marathonien coréen Son Ki-chong (1912-2002). Nouveau record olympique : 2 heures 29 min 19 s, avec deux minutes d’avance sur le Britannique Ernest Harper (1902-1979). Son compatriote Nam Seung-yong (1912-2001) finit troisième.


 


 

Les deux Coréens étaient, par la force des choses, inscrits dans l’équipe du Japon qui colonisait la Corée (1905-1945).


 

Le quotidien de Séoul fut suspendu pour avoir titré "Victoire coréenne à Berlin" et mis en Une une photo des champions médaillés, tête baissée et drapeau japonais effacé sur leur survêt.


 


 

Que demandent les peuples ? Du pain et des jeux.
Les JO ont toujours été, aussi, des terrains privilégiés de luttes politiques.
On raconte que Athènes et ses alliés exclurent Sparte de la participation aux Jeux de 424 av. J.-C., dans le cadre de la guerre du Péloponnèse.

Pour les dirigeants et les nations qui les accueillent, les JO sont évidemment des occasions uniques de propagande.

Mais ils sont aussi des lieux de réponses, tout aussi visibles.

On se souvient bien des JO de Mexico en 1968, avec les champions américains John Carlos (né en 1945) et Tommie Smith (né en 1944) qui levèrent le poing sur le podium, aux côtés de l’Australien Peter Norman (1942-2006), leur ami, leur complice, qui leur prêta sa paire de gants, chacun le sien.


 

Leur geste historique restera dans l’histoire, mais n’aura rien changé à l’histoire.
Face aux lynchages incessants des "actualités", qui croit encore dans l’efficacité des symboles ?

À Rio, en 2016, quel pourrait être le message des athlètes du monde entier, avertis, menacés, à l’avant-garde ?

Que la pollution et la corruption qu’ils vont affronter dans la baie de Guanabara ne sont pas l’apanage du Brésil ?

Qu’on peut toujours rêver et qu’il n’est pas trop tard ?
Mais, comme leurs prédécesseurs, qui les entendra ?


 



Voyage dans le temps.

 


Revue Jeune Cinéma - Mentions Légales et Contacts