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Mangini, Cecilia I (1927-2021) (e)
Entretien avec Andrée Tournès (1973)
publié le jeudi 15 mai 2014

Jeune Cinéma n°74, Nouveau cinéma italien, novembre 1973

Rencontre avec Cecilia Mangini (1927-2021)
à propos de La villeggiatura


 


Jeune Cinéma : Comment avez-vous choisi ce personnage d’intellectuel ?

Cecilia Mangini : Nous ne voulions pas le laisser dans le vague, nous l’avons donc situé historiquement, mais sans perdre de vue notre objectif qui était de parler d’aujourd’hui. Nous avons, dans le dialogue, employé des termes qui n’étaient pas en usage à l’époque et qui datent le texte.
On dit, à un moment - c’est le commissaire qui parle - le mot "culturame". C’est un terme employé par Scelba en pleine guerre froide contre les intellectuels de gauche, et qui est le péjoratif de culture.
Ce mot a une date de naissance très précise. Nous n’avons pas fait beaucoup d’allusions de ce genre, mais elles sont là pour rappeler que nous sommes en 1973, et non en 1929.

JC : Et que représente Giolitti pour un intellectuel de cette époque-là ?

C.M. : Le premier Ministère Giolitti date de 1900. Un moment particulièrement important pour la bourgeoisie italienne, une bourgeoisie bifrons, très arriérée et liée aux propriétaires terriens d’un côté, et, de l’autre, progressiste et moderniste, oh très prudente dans ce progressisme.
Giolitti représentait à l’époque l’aile moderniste de la bourgeoisie.
Mais comme on ne peut violenter l’histoire, Giolitti a dû assumer les intérêts du secteur le plus retardataire et en particulier la guerre de Libye.

JC : Le militant communiste parle de l’industrialisation qui se fait aux dépens des paysans. C’est un ouvrier ou un paysan ?

C.M. : C’est un ouvrier. Mais une classe ouvrière, à sa naissance, a toujours encore des liaisons très étroites avec la classe paysanne. La première industrialisation date de 1880, la seconde des années 50 de notre siècle. Le paysan italien est devenu ouvrier, mais a dû payer un tribut très lourd. Il a été transplanté, arraché à ses racines culturelles. C’est ce que rappelle le militant Scagnetti.

Propos recueillis par Andrée Tournès
Journées démocratiques du cinéma, Venise, août-septembre 1973
Jeune Cinéma n°74, Nouveau cinéma italien, novembre 1973

* Cf. aussi l’entretien avec Marco Leto à propos de La villeggiatura.


La Villeggiatura. Réal : Marco Leto ; sc : M.L., Cecilia Mangini & Lino del Fra ; ph : Volfango Alfi ; mont : Giuseppe Giacobino ; mu : Egisto Macchi. Int. : Adalberto Maria Merli, Adolfo Celi, Milena Vukotic, John Steiner, Biagio Pelligra, Roberto Herlitzka (Italie, 1973, 112 mn).



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