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Simple Men (1992)
de Hal Hartley
publié le mercredi 25 septembre 2019

par Hélène J. Romano
Jeune Cinéma n°218, novembre 1992

Sélection officielle en compétition au Festival de Cannes 1992

Sorties les mercredis 14 octobre 1992 et 25 septembre 2019


Nous avions découvert Trust Me (1), il y a quelques mois, avec le sentiment de rencontrer un nouveau talent très original.
Le premier film de Hal Hartley, L’Incroyable Vérité (1988), n’était pas encore distribué en France. Il est actuellement à l’affiche, ainsi que le dernier, Simple Men, réalisé en 1992.
On retrouve dans l’un et l’autre le "ton" Hartley, à la fois grave et léger, plein d’humour et de feeling, et cette continuité semble annoncer la consolidation d’une personnalité du jeune cinéma américain.
Les "héros" de Hartley ne sont pas des personnages hors normes, ils ne portent pas (en tant qu’auteur du scénario, il ne veut pas leur faire porter) une charge dramatique exemplaire ou tragique. Ils sont tout simplement comme les jeunes gens autour de nous, hésitants, à la recherche (ou non) de leurs repères.

[...]*

Simple Men est le récit d’une quête. Dennis, le frère cadet de Bill, cherche à retrouver la trace de leur père, un anarchiste accusé d’un attentat. Savoir s’il est le fils d’un criminel, voilà son but. Bill vient de participer à un braquage et doit quitter New York. Il suit Dennis dans son équipée à Long Island.

Après avoir tâtonné à partir d’indices assez vagues, ils arrivent dans une auberge où semble résider la clé du mystère. Y règne une blonde à caractère, passionnée d’arboriculture, accompagnée d’une jeune Roumaine effarouchée, qui guette un visiteur en voiture rouge.

La police, aux trousses de Dennis depuis la tentative de vente d’une moto prêtée, intervient. Il faut voir cette scène incroyable où le shérif en mal d’amour conjugal déballe un pathos psycho-philosophique "sur cette vie qui n’est qu’un abîme d’incompréhension, où l’amour n’a pas de place et où tout espoir est vain." C’est saugrenu et fantaisiste, une pause comique avant de reprendre l’action.

Hartley utilise tout, les jeux de mots, les coqs-à-l’âne, le comique de situation (échange d’objets insolites en gage d’amitié - la grenade dans Trust Me, la clé anglaise, le revolver ou la médaille ici), le discours politique ("la loi est un constat passé entre ceux qui ont tout et ceux qui n’ont rien, pour avoir la paix") ou psychologique, sur la connaissance de soi-même ou l’approche des femmes. Les dialogues sont dits sur un ton volontairement neutre, comme celui du film, et les scènes se succèdent comme des cases de BD, chacune contenant des idées ou des faits qui se juxtaposent, sans besoin de transition.

C’est ce qui donne aux films de Hartley cet aspect direct qui leur est particulier. Par certains côtés, malgré son style tout à fait personnel, il fait penser à Cassavetes, avec la même liberté de mouvements, une famille de comédiens retrouvée dans tous ses films (Adrienne Shelly, Martin Donovan, Robert Burke et le chef-opérateur Michael Spiller,) ce qui crée une connivence entre eux et avec le spectateur.

Hélène J. Romano
Jeune Cinéma n° 218, novembre 1992

* Le texte originel (Jeune Cinéma n°218) est commun aux deux films, The Unbelievable Truth et Simple Men les deux films étant sortis à un mois de distance en 1992. Pour la commodité de la consultation en ligne, nous l’avons scindé en deux sur le site.

1. 1. Trust me (Trust) de Hal Hartley (1990). (Trust) de Hal Hartley (1990).


Simple Men. Réal, sc : Hal Hartley ; ph : Michael Spiller ; mont : Steve Hamilton ; mu : H.H. et Yo La Tengo. Int : Robert Burke, Christopher Cooke, Martin Donovan, Elina Löwensohn (USA, 1992, 101 mn).



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