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Dark Alibi (1946)
de Phil Karlson
publié le lundi 6 octobre 2014

par Lucien Logette
Jeune Cinéma en ligne directe

Inédit en France.
Rétrospective Phil Karlson à la Cinémathèque française (3 octobre-22 novembre 2014).


 


Dans sa première décennie de réalisation, Phil Karlson n’a pas tourné que des westerns (1), mais également quelques Charlie Chan, l’increvable série des aventures du détective imaginé par Earl Derr Biggers, lancée en 1926 et achevée, sur grand écran, en 1949.

Deux titres seulement à son actif, Le Cobra de Shangai (1945) et Alibi noir (1946), tous deux pour les studios Monogram et avec Sidney Toler dans le rôle principal. Le logo Monogram signifiait moyens de production misérables et Toler était un interprète moins pertinent que son prédécesseur Warner Oland.


 

On n’attendait donc pas trop de la projection (en 16 mm, à l’ancienne) de Dark Alibi, et sur ce plan, nous ne sommes pas (trop) déçus. Guère plus qu’une poignée de décors, un scénario auquel personne ne semble croire, le tout expédié en 61 minutes.
Alors pourquoi s’attarder ?

Parce qu’il y a déjà une façon de filmer notable : une première scène muette, un casse de coffre-fort exécuté en deux plans remarquables, un mouvement de caméra extrêmement subtil qui laisse deviner un meurtre en ombres chinoises ; deux minutes qui suffisent pour créer un climat - un climat qui, hélas, s’effiloche ensuite, lorsqu’il s’agit de respecter le scénario.


 

Mais Phil Karlson ne se contente pas de filmer les discussions interminables, qui sont souvent le handicap des autres Charlie Chan. Il s’échappe dès que cela lui est possible, comme le montrent deux séquences dans un entrepôt de décors de théâtre où l’éclairage, les cadres, les déplacements ne dépareraient pas des films plus ambitieux.

Certes, le résultat global n’atteint pas le niveau de certains titres de la série, tel Charlie Chan at Treasure Island de Norman Foster (1939). Dark Alibi représente bien les qualités et les limites de la première période de Phil Karlson : rapidité (sept films pour la seule année 1946), efficacité, mais incapacité de sauver ce qui n’est pas sauvable dans le script.


 

À noter deux échanges entre les deux acteurs noirs Mantan Moreland et Ben Carter, numéro bien rodé dans lequel chacun pratique l’aposiopèse de façon désopilante, produisant un dialogue droit sorti de chez Pierre Dac - au point que même le distingué Chan finit, lui aussi, par ne pas terminer ses phrases. Effet garanti.

Lucien Logette
Jeune Cinéma en ligne directe (6 octobre 2014)

1. Cf. Rétrospective Phil Karlson à la Cinémathèque française (3 octobre-22 novembre 2014).


Dark Alibi. Réal : Phil Karlson ; sc : George Callahan & Earl Derr Biggers ; ph : William A. Sickner ; mont : Ace Herman ; mu : Edward J. Kay. Int : Sidney Toler, Benson Fong, Mantan Moreland, Ben Carter, Teala Loring, George Holmes, Joyce Compton, John Eldredge, Russell Hicks (USA, 1946, 61 mn).



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