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Autre Laurens (l’) (2023)
de Claude Schmitz
publié le mercredi 4 octobre 2023

par Sol o’Brien
Jeune Cinéma en ligne directe

Sélection de la Quinzaine des cinéastes au Festival de Cannes 2023

Sortie le mercredi 4 octobre 2023


 


Gabriel Laurens est un détective privé, un peu minable, spécialisé dans les affaires d’adultères, endetté et triste. Un jour, sa jeune nièce vient le voir et lui explique qu’elle a besoin de lui : son père est mort dans un accident suspect, elle voudrait qu’il aille voir ça de plus près. C’est une super nana, et même s’il a perdu le contact avec son frère (jumeau), c’est une proposition qui ne se refuse pas.
On est en pays connu, ça commence comme un polar américain pur jus, on s’installe confortablement dans son fauteuil, voir un film de genre bien fichu, avec des belles gueules - Olivier Rabourdin et la débutante Louise Leroy - c’est toujours plaisant.


 


 

Donc le détective loser raccompagne la donzelle en mini short, et va s’installer chez son frère qui, lui, a bien réussi, dans une grande maison blanche, dans le Sud de la France, près de la frontière espagnole, pour observer le contexte, les indices, l’entourage, tous ces éléments du "crime", dont il n’avait aucune idée. La maison est pleine de personnages-types. Coaché par la fille, il fait connaissance avec la veuve (américaine), les garde du corps de l’adolescente, deux flics patauds, divers mâles, tous plus ou moins louches, qui gravitent autour d’elles, le tout dans un paysage grandiose.


 


 


 

À côté de cette faune énigmatique, il se trouve aussi contraint d’affronter les résurgences déformées de son passé familial. L’univers est connu, mais il est assez rare dans le cinéma français. Et, pendant une heure, c’est très bien, à la fois genre de parodie, un peu western, comédie et thriller.


 


 

Sauf que ça dure le double, et que le film se met à dérailler, et les rails deviennent des ornières. Le réalisateur se lâche, emporté par son élan, il accumule les clichés - la bande de bikers, le gang espagnol -, les redites, les chemins de traverse, les émois familiaux, jusqu’à ce que la vérité éclate - on s’en doutait depuis longtemps -, le mort était bien vivant. L’indigestion guette. Olivier Rabourdin fait tout ce qu’il peut pour ressembler à un privé à bout de course, à l’américaine. Il y parvient parfois, mais ce n’est pas suffisant.


 

Claude Schmitz est un homme de théâtre, reconnu en Belgique, et un réalisateur de cinq longs métrages, repérés et récompensés dans divers festivals, dont trois sont sortis en France. (1) Il dit : "J’ai voulu mettre de l’ironie et sûrement pas de cynisme, j’ai cherché à investir les codes du film de genre". Cette fois, ce franc-tireur toujours un peu décalé, s’est montré trop ambitieux.

Sol o’Brien
Jeune Cinéma en ligne directe

1. Notamment, "Braquer Poitiers", Jeune Cinéma n°396-397, octobre 2019.

L’Autre Laurens. Réal : Claude Schmitz ; sc : C.S. & Kostia Testut
ph : Florian Berutti ; mont : Marie Beaune ; mu : Thomas Turine ; déc : Mathieu Buffler. Int : Olivier Rabourdin, Louise Leroy, Kate Moran, Marc Barbé, Tibo Vandenborre, Edwin Gaffney, Rodolphe Burger, Francis Soetens (France-Belgique, 2023, 117 mn).



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