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Bola (el) (2000)
de Achero Mañas
publié le mercredi 13 mars 2024

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Sélection officielle du Festival international du film de San Sebastian 2000.

Sorties les mercredis 30 avril 2003 et 13 mars 2024


 


Avec, entre autres, Marcelin, Pain et Vin de Ladislao Vajda (1955), Le Chemin de Ana Mariscal (1964), Cria Cuervos de Carlos Saura (1976) et L’Esprit de la ruche de Victor Erice (1973), le cinéma espagnol a su parler parfaitement et diversement de l’enfance (1). La ressortie en salles de ce beau film de Achero Mañas, El bola, réalisé en 2000, en constitue une preuve supplémentaire.


 


 

Que penser d’un enfant qui, même au cinéma, souffre, est martyrisé et ne sait à qui se confier ? De la compassion, bien sûr, et du ressentiment aussi envers les adultes responsables. Pour ce film qui a connu un grand succès en Espagne en traitant d’un drame familial qui est souvent passé sous silence, Achero Mañas a obtenu les Goya du meilleur réalisateur et du meilleur scénariste. Il a également été récompensé aux European Film Awards et dans de nombreux autres festivals étrangers.


 


 

Pablo est un jeune collégien de douze ans, calme et apparemment sans histoire, attaché à son talisman, une bille d’acier qu’il ne lâche jamais, d’où son surnom. Mais quels terribles secrets le poussent à éviter la compagnie de ses camarades de classe, sauf pour partager avec eux des jeux dangereux, comme se jeter soudainement sous les roues d’un rapide pour se saisir d’une bouteille déposée entre les rails ?


 


 


 

L’arrivée d’un nouvel élève va bousculer son quotidien sombre. Va-t-il, grâce à lui, échapper aux lourds fardeaux qui pèsent sur ses jeunes épaules et trouvera-t-il en lui le soutien qu’il recherche depuis toujours ?


 


 

Achero Mañas, sans doute impressionné par le travail de Luis Buñuel et son inoubliable Los Olvidados (1950), a voulu lui aussi traiter - mais dans d’autres circonstances - de l’injustice suprême du malheur chez les enfants. Au départ, il est comédien depuis 1981, mais dès son premier court métrage, Metro (1994), il a essayé de décrire des situations vécues par les enfants des grandes villes. Dans ses deux courts métrages suivants, tous deux récompensés, Cazadores (1997) et Paraísos artificiales (1999), il a poursuivi ce travail sur les ambiances des banlieues urbaines. "J’ai travaillé avec différents gamins de onze à treize ans - des enfants que je cherchais dans la rue, dans les collèges publics et dans des centres d’accueil - qui répondaient à certains traits communs : ils vivaient tous dans des banlieues, leurs familles faisaient partie de la classe ouvrière et tous, d’une façon ou d’une autre, étaient soumis à des situations violentes".


 


 


 

El bola est son premier long métrage. Ici, encore une fois, on rencontre des enfants d’une école mais plus particulièrement deux copains de la même classe de deux familles différentes. L’une est assez traditionnelle d’un milieu de petits commerçants et dont le père est sévère et frappe son fils, le petit Pablo.


 


 


 

L’autre famille, celle du nouveau copain de Pablo, légèrement plus grand, Alfredo, est vraiment moins traditionaliste puisque son père est tatoueur. Bien sûr, ce métier étrange fascine Pablo qui trouve que c’est beaucoup plus original que d’être quincaillier comme son propre père. D’ailleurs, le père de Pablo ne veut pas que son fils les fréquente. Or, c’est dans cette famille prétendument dysfonctionnelle que Pablo trouvera équilibre et réconfort lorsque son père le battra trop violemment.


 


 


 

Film tout en retenue et fort qui réussit en quelques plans d’une grande sobriété à recréer un univers et à donner au moindre geste de tendresse une importance capitale quand un enfant souffre dans sa tête et dans son corps. L’ensemble de ces éléments conduisent à obtenir un film cru, vrai et réaliste, dont l’argument même de l’histoire ne s’efface pas derrière des effets ou une virtuosité technique.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

1. "Cria Cuervos", Jeune Cinéma n°96, été 1976 ; "L’Esprit de la ruche", Jeune Cinéma n°101, mars 1977.


El bola. Réal : Achero Mañas ; sc : A.M. & Verónica Fernández ; ph : Juan Carlos Gómez ; mont : Nacho Ruiz Capillas ; mu : Eduardo Arbide. Int : Juan José Ballesta, Pablo Galán, Alberto Jimenez, Manuel Moron, Ana Wagener, Nieve de Medina (Espagne, 2000, 88 mn).



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