Semaine télé du 5 au 11 juin 2021
Salut les câblés !
publié le samedi 5 juin 2021

Jeune Cinéma en ligne directe


 

Les choses qui sont derrière les choses.
Merci Eye d’Amsterdam, ouvert à nouveau

Hommage à Raoul Sangla (1930-2021)
Raoul Sangla, L’invité du dimanche, Fondation Maeght, le 26 juin 1969-DR


 

Humeurs de Lucien Logette


 

Samedi 5 juin 2021

 

20.50 : Mauvaises fréquentations de Jean-Pierre Améris (1999), Club
Inédit. Le troisième film de l’auteur, plus ambitieux que Le Bateau de mariage (1994) et Les Aveux de l’innocent (1996) - adolescentes sous domination, découverte de la sexualité, flirt avec les gouffres - et qui, par là-même, n’atteint pas tous ses objectifs. Bonne façon de compléter la connaissance d’un réalisateur à l’écart des modes et des mouvements. Avec des débutantes, Lou Doillon et Maud Forget, et Robinson Stévenin en ange noir.

20.50 : Soirée Pierre Kast, Classic
On oublie peu à peu Kast, qui, s’il ne fut pas le plus grand réalisateur de son époque, a construit une œuvre particulière, extrêmement personnelle et attachante par ses défauts même. Il y avait un ton Kast, sensible dans ses films (et surtout ceux du début, comme ceux de ce soir) et encore plus dans ses écrits. S’il participa aux Cahiers du cinéma dès la création - il faisait déjà partie de l’équipe de la seconde série de La Revue du cinéma, dirigée par Jean George Auriol -, il écrivit également dans Positif, dans L’Écran, car rien ne lui était plus étranger que l’esprit de chapelle. Érudit et dilettante, familier de Vian et de Queneau, membre du Club des Savanturiers, grand connaisseur de science-fiction, écrivain de style, il nous fit découvrir Korzybski et Butler, Grandville et Claude-Nicolas Ledoux, "l’architecte maudit". C’est d’ailleurs dans la saline d’Arc-et-Sénans, construite par ce dernier et alors en déshérence, qu’il tourna le premier titre de la soirée, La Morte-saison des amours (1961), remarquable variation sur l’art d’aimer et la liberté qui n’y est pas toujours attachée, marivaudage presque tragique, avec Françoise Arnoul, Daniel Gélin, Pierre Vaneck et Françoise Prévost. Il y mettait en pratique les théories encore en élaboration dans le troisième sketch du Bel Âge, son film de 1960. Mise en pratique qu’il reprit deux ans plus tard, dans Vacances portugaises (à 22.30), en multipliant les hypothèses, passant de deux à six couples, tout en conservant la même élégance narrative, bien servie par des acteurs complices. Cette trilogie libertine constitue la meilleure partie de sa filmographie, avec Drôle de jeu (1968), d’après Roger Vailland, son compagnon dans la Résistance et Le Soleil en face (1979), forte méditation sur l’approche de la mort. Une partie de ses textes critiques a été publiée en 2014 (Écrits 1945-1983, Paris, L’Harmattan), ouvrage essentiel auquel il n’a pas suffisamment été fait écho. Il n’est jamais trop tard. Les critiques qui peuvent encore être lus sans sourire après 60 ans de cave ne sont pas si nombreux.

00.05 : L’Auberge fantôme de Basil Dearden (1944), Classic
Inédit et inconnu de nos services. Mais Dearden est un grand cinéaste méconnu (toujours la malédiction jetée par Truffaut sur le cinéma anglais) dont il faut regarder tous les films (rarement) proposés.

 

Dimanche 6 juin 2021

 

20.40 : Eternal Sunshine of the Spotless Mind de Michel Gondry (2004), OCS City
Pas inédit, mais pas passé depuis le 10 février 2017. Et comme il s’agit du meilleur film de l’auteur - mais qu’est-il devenu ? Aucun film depuis Microbe et Gasoil (2015) -, on peut s’y risquer, son argument étant suffisamment torve pour qu’on y découvre des recoins inexplorés.

20.50 : Quelque part dans la nuit de Joseph L. Mankiewicz (1946), Classic
Inédit. Le deuxième film de JLM, moins célèbre que ses autres titres d’époque, Le Château du dragon (1946) ou Le Fantôme de Madame Muir (1947) - son interprète principale, Nancy Guild, n’est pas Gene Tierney et ça fait la différence. En outre, John Hodiak n’a pas la manière de Vincent Price ou de Rex Harrison, ce qui compte également. Mais le film est fort plaisant, un des rares films noirs de l’auteur, déjà en pleine maîtrise.
Rien d’autre d’inédit à signaler.

 

Lundi 7 juin 2021

 

20.40 : Soirée Claude Zidi, OCS Géants
Un film, Bête, mais discipliné (1979), suivi d’un documentaire. Ce n’est peut-être pas le titre qu’on aurait choisi, plutôt La moutarde me monte au nez (1974) ou La Course à l’échalote (1975), deux excellentes comédies, comme il aurait pu en signer plus s’il n’avait pas joué souvent la facilité. Ou Association de malfaiteurs (1986), qui est passé plusieurs fois sur le câble. Mais ici, Jacques Villeret est bon et bien entouré - Michel Aumont, Daniel Auteuil, Gérard Lanvin, Catherine Lachens, et Kelvine Dumour, qu’on ne pense pas avoir vue ailleurs. Le doc de 22.20, Claude Zidi. Juste une mise au point de Sébastien Labadie (2019), nous est inconnu.

20.50 : Le Franc-tireur de Jean-Max Causse & Roger Taverne (1972), Classic
Inédit. Unique film réalisé par un des deux fondateurs des cinémas Action, dont on ne dira jamais assez l’importance que leurs programmes ont eue pour les amateurs du début des années 70 - la salle "historique", Action-Lafayette, forma le goût de maints cinéphiles, au même titre que le Studio-Parnasse vingt ans plus tôt et la Cinémathèque de la rue d’Ulm entre temps. Grand connaisseur du cinéma américain, Causse a réalisé un quasi western, dans un contexte précis, le Vercors de 1944 et son maquis de résistants. Mais le personnage joué par Philippe Léotard est un vrai salaud, au sens sartrien, et, horresco referens, il s’en sort à la fin. De quoi révulser les tenants d’une mémoire à ne pas remuer et le film eut maille à partir avec eux : interdit de projection en Isère et traîné dans la boue, ses copies furent placardisées. Le Franc-tireur connut cependant une exploitation au début de ce siècle, mais de façon confidentielle et subreptice. Un véritable film maudit. Une rareté à ne pas manquer.

22.35 : The Little Stranger de Lenny Abrahamson (2018), OCS Max
Inédit. Même si au moins quatre de ses six longs métrages sont sortis ici, on ne peut pas dire que le réalisateur irlandais soit très apprécié - en tout cas moins que chez lui où il a été récompensé plusieurs fois d’un IFTA, l’équivalent d’un César. Au programme ce soir, un film adapté d’un roman gothique de Sarah Waters, avec manoir en déliquescence, drame familial caché, événements surnaturels, etc. Charlotte Rampling exceptée, on connaît peu les protagonistes, Domhnall Gleason et Ruth Wilson. 15 000 spectateurs lors de sa sortie. Devrait mieux faire.

 

Mardi 8 juin 2021

 

20.40 : Maîtresse de Barbet Schroeder (1975), OCS Géants
Inédit, ce dont on peut s’étonner (copie indisponible ?). Entre deux docs fameux, Général Idi Amin Dada (1976) et Koko, le gorille qui parle (1978), Schroeder reprend Bulle Ogier, qu’il avait utilisée dans son trip pink-floydien La Vallée (1972) et la transforme en fouetteuse de choc, dominant un Gérard Depardieu, déjà au sommet (douze films entre 1974 et 1976). Le film avait (un peu) choqué à l’époque - il est vrai qu’on sortait à peine de l’ère Pompidou.

20.50 : Feu sans sommation de Sidney Salkow (1964), Classic
On le signale parce qu’il est inédit, mais son réalisateur n’a pas laissé beaucoup de traces dans l’histoire du western, bien que son Shérif de fer (1957), avec Sterling Hayden, ne soit pas négligeable. En outre, le héros en est Audie Murphy, ce qui n’est pas une garantie d’expressivité maximale, et son héroïne, Merrie Anders, ne nous n’évoque rien. Mais un inédit reste un inédit.

22.30 : Certains l’aiment chaud de Billy Wilder (1959), OCS Géants
Pour mémoire (mais inédit sur le câble depuis 2014).

23.00 : Just Kids de Christophe Blanc (2019), Club
Quasi inédit et donc inconnu - sorti le 5 août 2020, il a disparu très vite, après 3700 spectateurs. Mais on en a lu du bien. Et l’auteur a déjà tourné deux films intéressants, Une femme d’extérieur (1999), avec Agnès Jaoui) et Blanc comme neige (2010), avec François Cluzet et Olivier Gourmet, on peut lui faire confiance, d’autant que les jeunes protagonistes sont Kacey Mottet-Klein et Anamaria Vartolomei, deux acteurs d’avenir -prière de ne pas rater, lorsque le film sortira, L’Événement de Audrey Diwan (2021), dans lequel cette dernière est remarquable).

 

Mercredi 9 juin 2021

 

20.40 : Bienvenue à Marwen de Robert Zemeckis (2018), OCS Max
Inédit. Zemeckis n’est pas vraiment considéré comme un auteur, peut-être à cause du succès de ses films, ce qui est toujours un peu suspect. Il n’empêche que sa filmographie ne recèle que peu de faiblesses. Réalisateur, scénariste et producteur, il a encore une fois fabriqué un film inventif (le village rêvé de Marwen), employant de nouveau la technique de "motion-picture" déjà utilisée pour Le Pôle Express (2004). Steve Carrell vaut le déplacement à lui seul, mais il y a également Leslie Mann et Diane Kruger.l

20.50 : Love, Marilyn de Liz Garbus (2012), Club
Inédit. Doc non formaté (105 mn, c’est rare), qui s’appuie sur des documents personnels de l’actrice, des écrits retrouvés chez Lee Strasberg, son coach de l’Actors Studio, cinquante ans après sa mort. Témoignages et lectures par des acteurs de choix, F. Murray Abraham, Ellen Burstyn, Glenn Close, Adrian Brody, etc. Jamais présenté en France.

22.35 : Le Lac aux oies sauvages de Diao Yi’nan (2019), Club
Inédit. Son précédent Black Coal (2014) est souvent passé sur le câble et sur Arte, mais pas ce nouveau polar, encore plus réussi que le premier, tout en ruptures de ton surprenantes, en détails imprévisibles, en obscurités dignes du Grand Sommeil. Il y aurait donc des bas-fonds en Chine, des mafias, de la corruption, des voleurs de motos - que fait la police ?

22.50 : L’Adieu aux armes de Frank Borzage (1933), Classic
Inédit. L’auteur n’est pas très promu par les programmateurs : cinq titres en sept ans et essentiellement ceux de sa dernière période. Et l’éblouissante série de chefs-d’œuvre des années 20 et 30, Lucky Star (1929), La Femme au corbeau (1928), Ceux de la zone (1933), Trois camarades (1938), Mortal Storm (1940), jamais ? En attendant, profitons de ce curieux hommage de la chaîne à Hemingway, qui nous annonce trois autres titres assez rares, pour découvrir les amours du lieutenant et de l’infirmière, Gary Cooper et Helen Hayes (et pour ses amateurs, Adolphe Menjou). On pourra comparer avec le couple Rock Hudson - Jennifer Jones de la version de Charles Vidor (1957).

22.50 : Le Jeune Cassidy de Jack Cardiff & John Ford (1965), TCM
Déjà passé, mais une seule fois, il y a plus de cinq ans. Cf. note du 8 mars 2016.

 

Jeudi 10 juin 2021

 

20.40 : Singing Guns de R.G. Springsteen (1950), Paramount Channel
Inédit et inconnu. Sorti, paraît-il, sous le titre Un shérif à la page, on ne l’a jamais vu projeté en salle. On se réjouit de cette occasion de découvrir Vaughn Monroe, qui se voulait chanteur d’opéra mais a dû se contenter d’apparaître dans quelques films où il poussait la chanson. Comme ici, où, il interprète entre autres, le célèbre Mule Train de Frankie Laine.

20.50 : Domino : la guerre silencieuse de Brian De Palma (2019), Premier
Inédit, sur le câble et en salles, puisque le film n’est sorti qu’en vidéo. Financement difficile (sept pays coproducteurs, impliquant un tournage dans presque autant d’États), distribution sabordée - même aux USA le film n’a été exploité qu’en VOD. Sept ans après Passion, qui n’était déjà pas vraiment nécessaire, De Palma semble ne pas avoir retrouvé la main.

20.50 : La Belle de Paris de Jean Negulesco (1950), Classic
Inédit. Une rareté. Toujours le cycle Ernest Heminway, même si ce qui est annoncé comme le roman d’origine, Under My Skin, ne nous dit rien (peut-être une nouvelle ?). Mais la rencontre, unique, entre John Garfield, jockey un peu malfrat et Micheline Presle, chanteuse de boîte de nuit, c’est un élément suffisant pour éveiller la curiosité. Encore une fois, Negulesco vaut bien mieux que ce que les critiques en ont écrit.

22.30 : Benni de Nora Fingscheidt (2019), OCS City
Inédit. Encore un bon exemple du nouveau cinéma allemand - prix Alfred Bauer à la Berlinale (il est vrai que tant de prix y sont décernés que l’on s’y perd). En tout cas, une expérience éprouvante, l’héroïne, une gamine de 9 ans, manifestant contre tous et chacun une violence difficile à canaliser. Helena Zengel, l’âge du rôle, est une découverte - mais pourra-t-elle interpréter autre chose ?

 

Vendredi 11 juin 2021

 

20.40 : Trente minutes de sursis de Sydney Pollack (1965), OCS Géants
Inédit - sans doute le seul titre de Pollack. Son premier film, en noir & blanc, thriller classique (une femme suicidée appelle un centre d’urgence avant de mourir - comment la retrouver ?), fort bien mené. Il faut reconnaître qu’avec un scénariste comme Stirling Silliphant, un musicien comme Quincy Jones et des acteurs comme Sidney Poitier, Anne Bancroft et Telly Savalas, Pollack avait réuni beaucoup d’atouts. Le film est sorti en catimini, en plein été 1966, et ne fut apprécié que plus tard, après la découverte de Propriété interdite (1966), sorti ici en 1967.

20.50 : L’Ours en peluche de Jacques Deray (1994), Club
Inédit. Ultime film de l’auteur (il ne tournera ensuite que pour la TV), ultime film également pour Madeleine Robinson (elle aussi finira à la TV). Pas l’ultime film d’Alain Delon, mais presque, puisqu’il n’est plus apparu que dans des titres oubliables, sauf l’inoubliable Le Jour et la nuit de Bernard-Henri Lévy, un des sommets comiques de son œuvre tous-terrains. Toutes ces choses ultimes n’en font pas la meilleure trace qu’a laissée Deray, auteur par ailleurs plus qu’estimable. Mais le roman initial de Simenon n’est pas non plus une perle de haut calibre.

20.50 : Smic, smac, smoc de Claude Lelouch (1971), Classic
Inédit. Entre deux grosses machines ambitieuses et souvent lourdingues, Lelouch s’est fait parfois de petits plaisirs, en tournant des films à hauteur d’homme, réjouissants car non englués dans la métaphysique gros bout ou les chabadabadas sucrés. Ainsi, Une fille et des fusils (1964) ou Mariage (1974), pour lesquels on donnerait tout le reste. Smic, smac, smoc est un de ceux-là, filmé en une semaine, avec ces trois potes, ouvriers ayant besoin d’air, Amidou, Charles Gérard, Jean Collomb. C’est en partie improvisé, à la Lelouch, mais ça tombe juste et ça ne veut rien prouver. Dommage que l’auteur ne se soit pas laissé aller plus souvent.



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