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Crépuscule (1945)
de Julio Bracho
publié le mercredi 14 juin 2023

par Nicole Gabriel
Jeune Cinéma n°422, mai 2023

Sélection officielle en compétition de la Mostra de Venise 1947

Sortie le mercredi 14 juin 2023


 


Crépuscule est tout à fait différent du film qui l’a précédé, Une aube différente (1943). Ici, aucune scène de danse ou de cabaret, aucune référence à la pauvreté ou à la police, aucune touche pittoresque ou de couleur locale. Rien non plus de l’effervescence de la métropole. Le cadre est celui de la haute bourgeoisie. Certes, le problème reste le même, celui d’un couple à trois formé par un architecte, l’épouse de celui-ci et un grand chirurgien - interprété par Arturo de Córdova, futur rôle principal du film de Luis Buñuel, El (1952). L’appartement du chirurgien est luxueux et meublé design. Il a pour le servir à tout moment une domesticité. Mais Julio Bracho montre l’autre face du protagoniste, plus sombre, voire torturée, doutant de lui au moment de passer à l’acte chirurgical.


 


 

Un flashback, commenté par lui en voix off, nous fait comprendre les raisons de ce blocage. D’une part, la femme de son ami, vamp impénétrable qui l’a incité à entamer avec elle une liaison clandestine, nourrit le sentiment de culpabilité dont il fait part à un confrère psychiatre. De l’autre, l’entrée en scène de la jeune sœur de celle-ci, femme-enfant opposée à la femme fatale ajoute à sa confusion sentimentale. En outre, durant une partie de chasse, le mari, est gravement blessé par une chute d’arbre. C’est à l’ami chirurgien qu’il revient de réaliser la délicate trépanation. Or celle-ci échoue…


 

Malgré son côté théâtral, pour ne pas dire bavard, le film est servi par la magnifique photographie de Alex Phillips qui mise sur les effets de clair-obscur justifiant ou justifiés par le titre du film. Admirables sont les scènes à la campagne et les très gros plans sur les visages.

Nicole Gabriel
Jeune Cinéma n°422, mai 2023

 
* La Cineteca Nacional de Mexico, créée en 1974, a brûlé en 1982. Lourd bilan : six morts, destruction de la bibliothèque, des deux cinémas et de 6 000 bobines de films. Elle a pu récupérer toutes les fictions déposées à l’Université, ou chez les les distributeurs et a rouvert dans de nouveaux locaux en 1984.

En France, le cinéma mexicain a commencé à être diffusé à l’automne 1992, avec une rétrospective à Beaubourg (28 octobre 1992-1er février 1993) et au Festival des 3 continents à Nantes 1992, avec une section spéciale consacrée aux rumberas (cinéma des cabarets des bas-fonds).
En 1999, le Forum des images a programmé Portraits de Mexico (1er septembre-24 octobre 1999).
En 2011, Roberto Gavaldón (1909-1986) a été redécouvert à la Cinémathèque française (13 avril-30 mai 2011), et au Festival d’Amiens : Lumières mexicaines : Gavaldón, Figueroa et quelques autres.

Dans la connaissance du cinéma mexicain, les Films du Camélia tiennent une place capitale.
En 2021, ils ont sorti en salle 5 nouveaux films inédits de Roberto Gavaldón.
En 2023, ils réitèrent une opération analogue avec une rétrospective de Cinq films noirs de l’âge d’or du cinéma mexicain.


Crépuscule (Crepúsculo). Réal, sc : Julio Bracho ; ph : Alex Phillips ; mont : Jorge Busto ; mu : Raúl Lavista. Int : Arturo de Córdova, Gloria Marín, Julio Villarreal, Lilia Michel, María Gentil, Arcos Francisco, Jambrina, Salvador Quiroz (Mexique, 1945, 108 mn).



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