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Davies, Terence (1945-2023)
Brève
publié le lundi 9 octobre 2023

Jeune Cinéma en ligne directe

Journal de Solomon Roth 2023 (lundi 9 octobre 2023)


 



Lundi 9 octobre 2023

 

Terence Davies (1945-2023) est mort samedi 7 octobre 2023.


 

La mort de ce "cinéaste à la recherche du temps perdu" a été annoncée par le Festival de Gand, qui commence demain, où il avait été membre du jury international en 1996, et où il avait obtenu Le Grand Prix en 2016, pour Emily Dickinson. A Quiet Passion, : "Les mots ne peuvent exprimer à quel point nous sommes attristés d’apprendre le décès de Terence Davies, l’un des meilleurs réalisateurs britanniques de notre époque. Nous ne pouvons qu’être reconnaissants pour l’ensemble de son œuvre et pour les opportunités que nous avons eues de l’accueillir à Gand, lorsqu’il a patiemment pris le temps de parler à notre public et de partager sa sagesse en tant que cinéaste - et en tant que personne. Ses films d’inspiration autobiographique, tels que Distant Voices, Still Lives et The Long Day Closes, ont non seulement été cathartiques pour lui-même, mais ont également offert une compréhension plus profonde des luttes et des joies de la vie à des millions de personnes".


 

Elle a également été annoncée par la BBC, qui lui a consacré un long article rappelant les étapes de sa vie, et soulignant que son œuvre en était largement le reflet. Ce qui est aussi vrai pour son film quasiment historique sur Emily Dickinson, A Quiet Passion.


 

Le Guardian, surtout, l’a célébré, très généreusement, avec de multiples illustrations, le considérant comme "l’un des plus grands cinéastes britanniques".


 

Mais ce matin, toujours rien dans Le Monde, qui avait pourtant couvert la plupart de ses films. Et ce n’est qu’hier soir, un dimanche il est vrai, que Libération a déclaré qu’il était une "une référence pour cinéphiles avertis".

À Jeune Cinéma, nous en sommes étonnés. Avertis ?
On l’avait découvert en 1995, avec La Bible de néon, un film d’une totale étrangeté, au charme insolite, sélectionné en compétition pour le Festival de Cannes, et pourtant resté ignoré du grand public, que nous n’avions plus jamais oublié. Nous n’avons, ensuite, jamais cessé de le suivre, chaque nouveau film de lui étant un événement. Parfois la déception était à la mesure de la passion tranquille que nous lui vouions, comme, en 2015, pour Sunset Song. Et même si nous n’avons pas vu son dernier, de chez Netflix, Benediction (2021).


 

Certes, son cinéma n’est pas a priori "populaire", malgré les chansons qui le nourrissent, son registre, poétique et musical, n’appartient pas à l’entertainment, sa filmographie n’est pas immense - 14 titres dont 3 courts métrages autonomes et une trilogie de 3 autres courts, 10 longs métrages entre 1976 et 2021 -, et il était un homme solitaire et discret.
Mais il ne fut pas ignoré par les festivals, sélectionné trois fois à Cannes, et primé dès son premier long métrage Distant Voices (1988). Alors pourquoi, tant de distance médiatique, avec sa mort ?

C’est rare qu’on soit aussi touché par la mort d’un artiste. Mais chacun de ses films était tellement émouvant, il était, lui-même, avec sa voix déchirante – dans Of Time and the City -, tellement attachant, qu’on avait noué des liens particuliers avec lui.
Dans notre vieille rubrique "Pour le plaisir des amateurs en ligne", un peu abandonnée aujourd’hui, on lui souhaitait, en 2014, un bon anniversaire, le 10 novembre, alors qu’il entamait sa 70e année.


 

Terence Davies, un cinéaste pour cinéphiles avertis. Bien. Après tout, c’est un honneur.

Son site officiel.



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