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Resnais, Alain (1922-2014) I
Une vie, une œuvre
publié le samedi 31 mai 2014

par Lucien Logette
Jeune Cinéma n°359, mai 2014


 

Suivi de quelques brèves Jeune Cinéma en ligne directe.
Journal de Ma’ Joad (samedi 1er mars 2014, lundi 10 mars 2014, et les jours et les mois suivants.


Rédiger une notice nécrologique de Alain Resnais serait bien hardi. Réduire à quelques milliers de signes l’œuvre du réalisateur le plus important de l’histoire du cinéma français, à quoi bon ?
Sa disparition, le 1er mars 2014, a été l’occasion d’hommages et de célébrations qui nous ont paru sincères et argumentés. En outre, les ouvrages auxquels se reporter sont nombreux, qui analysent sa carrière, sous les meilleures plumes, ou l’ont interrogé. (1)


 

Inutile donc de revenir, sinon à titre individuel, sur le coup de tonnerre qu’a représenté Hiroshima mon amour en 1959, l’émotion éprouvée devant Muriel ou le Temps d’un retour en 1963, le vertige devant l’exploration intérieure de Providence en 1977 ou la fascination pour les expériences combinatoires de Smoking / No smoking en 1993.

On a fait de lui le Commandeur respecté du cinéma hexagonal, couvert de lauriers et de César. Mais aucun de ses films n’est "respectable", avec ce que le qualificatif implique de mise à distance muséale : rien de moins empaillé que ses expérimentations narratives, ses jeux sur les apparences, ses trompe-l’œil toujours renouvelés.


 

Si l’œuvre est achevée, elle n’a pas fini de livrer ses mystères.
Plutôt donc qu’une brique supplémentaire au monument, nous avons préféré exhumer un texte publié par lui en 1948, dans Ciné-club, l’organe de la Fédération française des ciné-clubs. (2)


 

Les articles sur le cinéma signés Resnais sont rarissimes - il s’est toujours gardé d’intervenir sur les films de ses contemporains - et la collection de ce périodique peu courante. C’est une fleur blanche, comme toutes celles déposées sur sa tombe le jour de son enterrement, que Jeune Cinéma offre à sa mémoire.

Lucien Logette
Jeune Cinéma n°359, mai 2014

1. Notamment :

* Michel Marie, Claude Bailblé & Marie Claire Ropars, Muriel. Histoire d’une recherche, Paris, Galilée, 1974.

* Robert Benayoun, Alain Resnais, arpenteur de l’imaginaire. De Hiroshima à Mélo, Paris, Stock, 1980.

* François Thomas, L’Atelier d’Alain Resnais, Paris, Flammarion, 1989.

* Michel Marie, Muriel d’Alain Resnais, Atlande, 2005.

* Suzanne Liandrat-Guigues & Jean-Louis Leutrat, Alain Resnais, liaisons secrètes, accords vagabonds, Paris, Éditions Cahiers du cinéma, 2006.

* François Thomas, Alain Resnais, les coulisses de la création. Entretiens avec ses proches collaborateurs, Paris, Armand-Colin, 2016.

2. Il s’agit de : Alain Resnais, "Van Gogh, une expérience", Ciné-Club n°3, décembre 1948



Samedi 1er mars 2014

 

Alain Resnais (1922-2014) est mort.
Nos téléphones sonnent immédiatement, les amis sont bouleversés.

Jeune Cinéma aimait Resnais. Mais qui ne l’aimait pas ?
La revue a publié quatre entretiens avec lui ( Jeune Cinéma n°31 ; n°101 ; n°161 ; n°177), et a couvert tous ses longs métrages. Sauf L’Année derrnière à Marienbad (1961), parce qu’elle n’était pas née et qu’elle n’y est pas revenue. Et puis, il y a les courts métrages, sur lesquels il faudrait revenir sans cesse.

Aujourd’hui, nous sommes allés chercher un vieux livre épuisé, soigneusement rangé sur une étagère, partie intégrante de nos mythologies : Repérages (Chêne, 1974). Et nous l’avons refeuilleté avec douceur.
Deux mille photos de Resnais, sur les traces du Harry Dickson de Jean Ray, pour un film qui ne s’est jamais fait. Et Jorge Semprun qui les trie, en choisit quelques unes et écrit : "Comme H.P. Lovecraft, Alain Resnais transforme toutes ces villes réelles, humaines, trop humaines, en une espèce d’Arkham à la fois maléfique et fabuleuse. Je vous présente la ville d’Arkham, photographiée par Alain Resnais".


 


 

En 1987, on avait été à Gand, avec le photographe Denis Berthier, sur les traces de Jean Ray, dans l’ivresse d’une pure imitation, à la recherche des itinéraires magiques où on se perd, espérant retrouver on ne sait quel souffle des fantômes de Resnais et de Semprun. Quelques images de plus pour la ville rêvée.


 


 


Lundi 10 mars 2014

 

Enterrement de Alain Resnais au cimetière du Montparnasse.


 


 


Resnais à Montparnasse, à côté de Nicole Vedres (1911-1965), au fil du temps.


 


 


 


 


 



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