Semaine télé du 4 au 10 janvier 2020
Salut les câblés !
publié le samedi 4 janvier 2020

Jeune Cinéma en ligne directe


 

Rings (Le Cercle) de Javier-Gutierrez-Samara (2017)

Humeurs de Lucien Logette


 

Samedi 4 janvier 2020

 

20.40 : Le Gouffre aux chimères de Billy Wilder (1951), OCS Géants
Pour fêter les 103 ans (et un mois) de Kirk Douglas, la chaîne propose, à 19.40, un doc, Kirk Douglas, l’indompté de Hubert Attal (2016) qui fait le point sur son parcours exceptionnel. Et on enchaîne avec ce grand morceau de journalisme charognard, dans lequel Douglas est, comme toujours, remarquable. Le "grand carnaval" (c’est le titre de la VO) du cynisme médiatique mis en place par Wilder peut sembler artisanal à côté des pratiques contemporaines, mais l’essentiel y est déjà. Le film est passé pour la dernière fois le 8 décembre 2016.

20.50 : Les Saisons du plaisir de Jean-Pierre Mocky (1988), Club
Un film de Mocky inédit sur le câble (mais ils sont encore nombreux à le demeurer), il faut en profiter. D’autant qu’il fait partie de sa bonne période des années 80, commencée avec Litan et achevée avec Il gèle en enfer, et qu’il rassemble une grosse partie d’acteurs qu’il n’avait jamais employés (mais de sa troupe habituelle de trognes bizarres, ne reste que Jean Abeillé). Charles Vanel participe, à 95 ans, au dernier de ses 180 films, associée à Denise Grey, bien plus jeune (92). Le film est un hymne à l’amour, pas le sentimental, l’autre, et tous les comédiens, Bacri, Bideau, Cowl, Poiret et vingt autres, semblent fort réjouis de l’affaire.

22.15 : Agent trouble de Jean-Pierre Mocky (1987), Club
Second Mocky de la soirée, inédit également. Adaptation (assez lointaine) de la Série Noire de Malcolm Bosse, L’Homme qui aimait les zoos, seule participation (en contre-emploi) de Catherine Deneuve à un film du maître. Mocky scénariste se perd un peu en route, à force de compliquer les événements, mais Tom Novembre, quasi à ses débuts, est attachant et Bohringer n’en fait pas encore trop.

22.30 : Billy Wilder, la perfection hollywoodienne de Clara & Julie Kuperberg (2016), OCS Géants
Les deux sœurs arpentent avec un bel appétit les paysages hollywoodiens de l’âge d’or, tous azimuts, de Donen à Welles en passant par les pionnières du muet. C’est souvent fait de façon intéressante, parfois un peu trop rapidement, même si les documents ne manquent pas. Mais ça ne remplace pas le doc de Michel Ciment & Annie Tresgot, Portrait of a 60% Perfect Man (1980), recueilli directement à la source.

 

Dimanche 5 janvier 2020

 

20.40 : Manhattan Stories de Dustin Guy Defa (2017), OCS City
Le titre français place le film sous l’égide des chantres new-yorkais, Allen, Baumbach ou les Safdie. L’original, Person to Person, est plus juste (mais moins accrocheur) et rend bien compte des contacts et des croisements qui peuvent survenir dans le quartier le plus connu de la Grosse Pomme. Comment ne pas s’intéresser (entre autres personnages) à un collectionneur de vinyles qui déniche une rareté de Charlie Parker ? Le réalisateur nous est inconnu - son premier Bad Fever (2011), est inédit ici -, les acteurs aussi, c’est l’aventure.

20.40 : Guerre et Paix de King Vidor (1956), OCS Géants
À durée presque égale, c’est l’antithèse de La flor (cf. + bas) : aucune surprise du côté des comédiens (rappel : Mel Ferrer, Audrey Hepburn, Henry Fonda, Vittorio Gassman, Anita Ekberg et alii), aucune surprise du côté du scénario, même si l’on n’a pas lu l’intégrale Tolstoï, aucune surprise du côté de la narration, c’est de l’hollywoodien pur jus. Il n’empêche que si on commence à regarder, on s’y enlise avec délectation.

20.50 : La Princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier (2010), Émotion
Cf. Note du 15 décembre 2016.

20.50 : La flor de Mariano Llinas (2018), Club
On n’a pas encore eu le courage d’affronter le film : il ne s’agit que de la première partie sur les quatre que compte la chose (mais on a cru comprendre qu’il y en aurait 6 en tout) et elle dure 205 minutes (sur les 814 - soit 13h34 - de l’ensemble). Sortie le 6 mars 2019, juste avant la partie 2 (même durée) le 20 mars, suivie de la 3 (27 mars 2019) puis de la 4 (3 avril 2019). L’expérience est a priori intéressante - les amateurs de Out One : Noli me tangere de Jacques Rivette apprécieront.

22.20 : On voulait tout casser de Philippe Guillard (2015), Premier
Après un premier film, Le Fiis à Jo (2010), basé sur son expérience de rugbyman de haut niveau, l’auteur explore un schéma très éprouvé, celui des amis quadra-quinquagénaires, qui, trente après leurs rêves d’adolescents, se confrontent à ce qu’ils sont devenus. Rien de très neuf, et ça ne vaut pas Mes meilleurs copains de Jean-Marie Poiré (1989), mais face à Charles Berling, Benoît Magimel et Kad Merad, il n’est pas honteux de se laisser aller.

 

Lundi 6 janvier 2020

 

20.50 : La flor de Mariano Llinas (2018), Club
Deuxième partie. La suite les jours prochains.

20.50 : Le Démon des eaux troubles de Samuel Fuller (1954), Classic
Le film est passé il y a presque deux ans, mais au cœur de la nuit, donc rattrapage recommandé. Cf. note du 5 mars 2018.

20.50 : MacArthur, le général rebelle de Joseph Sargent (1977), TCM
Le réalisateur n’étant pas un génie, mais un honnête artisan, pas la peine d’attendre une révélation. En fait, le peu que l’on connaît de l’action du brav’général après la World War II n’incite pas à le considérer comme un rebelle, sinon dans l’outrepassement des ordres reçus : il s’en fallut d’un rien pour qu’il utilise l’arme nucléaire contre la Chine lors de la guerre de Corée et sa suspension par Truman n’était pas injuste. Mais incarné par Gregory Peck, que ne lui pardonnerait-on pas ?

20.50 : Lancelot de Jerry Zucker (1994), Action
Attention : la chaîne n’est pas très fiable dans ses programmes, parfois sous-titrés, parfois doublés, sans que cela corresponde toujours à l’annonce qui en est faite. Et écouter Richard Gere et Sean Connery s’exprimer en français ne vaut pas la peine. Méfiance donc. Dommage parce que la vision du cycle de la Table Ronde par JZ, seul à bord après avoir lâché le trio Zucker-Abrahams-Zucker (David), est curieuse.

21.00 : Fritz Bauer, un héros allemand de Lars Kraume (2015), OCS City
Cf. note du 19 février 2019. Avec un additif : Lars Kraume semble bien être un des jeunes cinéastes allemands que l’on peut suivre avec le plus d’attention, voir son La Révolution silencieuse (2018), passé en décembre 2019 sur Club et sa bonne série Bauhaus, un temps nouveau (2019), vue sur Arte en 2019.

 

Mardi 7 janvier 2020

 

20.40 : Mort ou vif de Sam Raimi (1995), OCS Choc
Première (et unique) incursion de Raimi dans le western. Il y apporte l’expertise narrative et visuelle expérimentée dans sa trilogie horrifique Evil Dead (1981, 1987, 1993). Sharon Stone en justicière imbattable au tir est bien entourée - Gene Hackman, Russell Crowe, Leonardo DiCaprio, Gary Sinise. On peut rester sur la chaîne pour revoir The Salvation de Kristian Levring (2014) à 22.25), avec Mads Mikkelsen et Eva Green.

20.50 : Le Cœur des hommes de Marc Esposito (2003), Émotion
Commencer l’année avec la trilogie d’Esposito (car les n° 2 (2007) et 3 (2013) suivent, à 22.30 et à 00.20) n’est peut-être pas la meilleure chose à faire. En même temps, tout, ensuite, semblera de meilleur aloi. D’un autre côté, la chaîne parallèle Famiz, proposant une soirée Grease, le 1 de Randal Kleiser (1976) et le 2 de Patricia Birch (1982) à 22.35 ne fait pas très envie non plus.

20.50 : La flor de Mariano Llinas (2018), Club
Troisième partie.

20.50 : Alamo de John Wayne 51960), Classic
Cf. note du 1er février 2017.

23.25 : Le Grand Sam de Henry Hathaway (1960), Classic
Le bon film d’Hathaway (pléonasme ?) est passé le 3 septembre 2018, mais à une heure déshonnête, 01.10, ce qui le réservait aux insomniaques. Ce soir, une heure et demie plus tôt, les aventures dans le Grand Nord de John Wayne et Stewart Granger sont plus accessibles.

 

Mercredi 8 janvier 2020

 

20.40 : L’Homme sans visage de Mel Gibson (1993), Paramount Channel
Inédit sur le câble. Gibson réalisateur a souffert d’une mauvaise réputation, mais seulement à partir de son troisième film, La Passion du Christ. À l’époque de son premier, celui-ci, il était encore Mad Max et le héros de L’Arme fatale. Pourtant, cette variante de L’Homme qui rit montrait qu’il y avait quelqu’un d’autre, et pas n’importe lequel, derrière le masque.

20.50 : La flor de Mariano Llinas (2018), Club
Quatrième et dernière partie. On ne peut que féliciter Club d’avoir osé tenter l’expérience de passer une œuvre aussi hors-limites d’un réalisateur inconnu. On ignore encore le chiffre des entrées des quatre films, mais il ne devrait pas être très lourd. D’après ce qu’on a lu sur La flor et sur Historias extraordinarias, inédit mais sélectionné par le Festival des Trois continents en 2009, Llinas se situe dans la lignée des grands explorateurs argentins de l’imaginaire, Borgès et Bioy Casarès. On en saura plus vision effectuée.

20.50 : Deburau de Sacha Guitry (1950), Classic
Le grand avantage du mime Deburau, tel qu’interprété par Jean-Louis Barrault dans Les Enfants du paradis, était qu’il parlait peu, juste ce qu’il fallait pour convaincre Garance. Mais comment empêcher Sacha de parler ? Il parle donc - de toutes façons, il est meilleur parleur que mime. Quant à Lana Marconi, cinquième madame Guitry, elle n’a jamais tourné que pour son époux, ce qui n’est pas signe d’une grande variété de jeu. Deburau s’inscrit dans les trois années les plus intéressantes de Guitry réalisateur, entre Le Trésor de Cantenac (1950) et sa première heure éblouissante et ces parfaits morceaux de cynisme noir que sont La Poison (1951) et La Vie d’un honnête homme (1953), derniers feux avant les caricatures de "grand" cinéma sur Versailles, Napoléon et Paris. Le film est rare (existe-t-il même en DVD ?).

22.20 : Guitry de toujours, Guitry pour toujours de Jacques Pessis (2018), Classic
Doc inconnu. L’auteur, expert ès Pierre Dac, a beaucoup écrit et a biographié plusieurs chanteurs, Piaf ou Brassens, pas toujours avec exactitude dans le détail. Les documents sur Guitry sont si abondants que la matière n’a pas manqué ; on regardera avec plaisir.

22.40 : À trois, on y va de Jérôme Bonnell (2015), OCS City
Cf. note du 25 janvier 2017.

22.45 : Où sont passés les Morgan ? de Marc Lawrence (2009), Émotion
Le réalisateur, d’abord scénariste, a surtout travaillé avec Sandra Bullock (Miss Détective ou Miss FBI, pas très excitants) et beaucoup avec Hugh Grant - ses quatre longs métrages, L’Amour sans préavis (2002), Le Come-Back (2007), Les Mots pour le dire (2014) et celui-ci - dont il a su utiliser gentiment le capital de sympathie. Ici, le couple formé avec Sarah Jessica Parker semble sorti du moule de la screwball comedy et les complications causées par le meurtre dont ils sont témoins sont bien enlevées. Rien de neuf sous le soleil, mais c’est du travail précis.

22.50 : Rémi sans famille d’Antoine Blossier (2018), OCS Max
L’étonnant de l’affaire, c’est qu’une adaptation aussi strictement banale de l’increvable roman d’Hector Malot puisse réunir près d’un million de spectateurs en salles. Voir Daniel Auteuil, un des acteurs les plus complets de sa génération, louvoyer depuis quelques années entre Pagnol revisité et Vitalis le saltimbanque, est un peu triste.

00.20 : Les Inassouvies de Jesus Franco (1970), Club
La chaîne a jugé bon de récompenser les spectateurs qui ont suivi jusqu’à son terme la dernière partie de La flor en leur offrant un Jesus Franco de derrière les fagots, film érotique hispano-allemand, on en frémit d’avance. C’était une année creuse pour le cinéaste, qui n’a signé que 4 titres (contre 22 en 1972 et 1973). À déguster.

 

Jeudi 9 janvier 2020

 

20.40 : Macho Callahan de Bernard L. Kowalski (1970), Paramount Channel
Notre savoir de l’œuvre de Kowalski se limitant à Ssssnake (1973), on est curieux de découvrir ce western. Qu’allait donc faire Jean Seberg dans le coin ? En tout cas, il y a David Janssen, Lee J. Cobb, David Carradine et Bo Hopkins.

20.50 : The Disaster Artist de James Franco (2017), Émotion
The Room de Tommy Wiseau, est classé comme un des plus mauvais films de tous les temps, au même niveau que Plan 9 from Outer Space d’Ed Wood. Difficile de juger, faute d’avoir assisté à sa seule projection en France, en février 2018 au Grand Rex. Franco a adapté le livre écrit par Greg Sistero, acteur du film, et s’est réservé le rôle de Wiseau, scénariste-acteur-producteur-réalisateur mégalomane dont ce fut l’unique film. Pas plus que Burton dans son Ed Wood, Franco ne se moque de son personnage. L’acteur tourne beaucoup, devant et derrière la caméra, si vite (18 rôles et 9 réalisations entre 2017 et 2019) qu’on a peine à le suivre.

20.50 : Senses 1 & 2 de Ryusuke Hamaguchi (2015), Club
L’auteur, jeune encore (41 ans), mais prolifique (depuis 2001, 8 courts métrages, 7 longs et 5 documentaires), n’a pas la réputation de ses aînés, Takashi Miike ou Kyoshi Kurosawa. Mais le peu que l’on connaît de lui, ce titre et Asako I & II, présenté en compétition à Cannes en 2018, laisse augurer un avenir brillant. Les quatre amies de Senses ont la même dimension que les héroïnes de Notre petite sœur de Kore-Eda, c’est dire.

20.50 : Daisy Clover de Robert Mulligan (1966), Classic
Après Le Secret de Clara, il y a quelques semaines, et le doc de Lionel Latour, Robert Mulligan et l’oiseau moqueur (2019), programmé il y a peu sur Classic, de nouveau un titre de Mulligan. Assisterait-on à une réhabilitation ? On s’en réjouit. Inside Daisy Clover est un des plus beaux rôles de Natalie Wood et sa première rencontre avec Robert Redford, juste avant Propriété interdite de Pollack. Pourquoi le film dut-il attendre presque dix ans pour sortir ici ? Mystère.

 

Vendredi 10 janvier 2020

 

20.40 : Le Prisonnier de Zenda de Richard Thorpe (1952), OCS Géants
Ah, la Ruritanie ! Le roman d’Anthony Hope (en Bibliothèque Verte, Le Roman d’un roi) a eu droit à une bonne dizaine de versions, dont une moitié en muet. Celle de John Cromwell (1937) avec Ronald Colman et Madeleine Carroll était fort réussie, tout comme celle de Thorpe (qui en a d’ailleurs repris bien des plans). Mais ici, Rodolphe, c’est Stewart Granger, trop négligé aujourd’hui, mais dont toutes les apparitions dans les années 40 et 50 étaient mémorables. Et Deborah Kerr ne déparait pas la cour de Streisau, capitale de la Ruritanie. Quant à James Mason en Rupert de Hentzau, c’est un méchant superbe.

20.50 : Senses 3 & 4 de Ryusuke Hamaguchi (2015), Club
La suite. No more comment.

20.50 : Boudu sauvé des eaux de Jean Renoir (1932), Classic
Soirée Renoir sur la chaîne. Après avoir programmé presque non-stop French Cancan ce dernier mois, on méritait bien de retrouver la saveur des Renoir originaux, ceux de l’époque où il était le réalisateur le plus surprenant du cinéma français qui enchaînait les grands films sans quasiment respirer (alors que tous ses derniers titres sont des purges). Boudu est une fête, un des rôles où Michel Simon fut le plus lui-même, mauvais esprit, profiteur lubrique mordant la main qui le nourrit et repartant d’un pas vainqueur vers d’autres horizons. 80 minutes régalantes - tous les remakes qui furent tournés sont des catastrophes.

22.10 : La Bête humaine de Jean Renoir (1938), Classic
Alors que Boudu est rare sur le câble, l’adaptation de Zola l’est beaucoup moins. Mais rarement la poésie de la machine avait été aussi puissante, et Gabin et Carette dans la cabine de La Lison sont inoubliables.

22.40 : Scaramouche de George Sidney (1952), OCS Géants
Le roman de Rafael Sabatini a été beaucoup moins adapté que celui d’Anthony Hope, mais les deux versions vues, celle de Rex Ingram (1923) avec Ramon Novarro et celle-ci, sont de toute beauté. Stewart Granger, toujours lui, est époustouflant (le duel final avec l’ignoble Mel Ferrer est un des plus beaux de l’histoire du genre). En prime, Eleanor Parker et Janet Leigh, la brune et la blonde, et Lewis Stone (rescapé de la version de 1923). Sidney a traité tous les mouvements comme s’il s’agissait d’une comédie musicale (comme il l’avait fait dans Les Trois Mousquetaires (1948). Belle façon de commencer l’année.

23.45 : La Marseillaise de Jean Renoir (1938), Classic
Pour terminer la soirée. Cf. note du 21 décembre 2019.



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