Semaine télé du 25 au 31 janvier 2020
Salut les câblés !
publié le samedi 25 janvier 2020

Jeune Cinéma en ligne directe


 

Les Monty Python, c’est le pied.

Humeurs de Lucien Logette


 

Samedi 25 janvier 2020

 

20.40 : LŒil du mal de D.J. Caruso (2008), Paramount Channel
Ne pas confondre avec L’Œil du malin, film bien oublié de Claude Chabrol. Caruso est un Spielberg Boy, choisi pour remplacer le Maître, occupé ailleurs. Si l’on est familier des subtilités de l’intelligence artificielle, on goûtera pleinement cet inédit. Si on fait partie de ceux qui considèrent que Finnegan’s Wake de Joyce est plus compréhensible que Matrix, on risque de ramer.

20.45 : Family Life de Cristian Jimenez & Alicia Scherson (2017), Sundance TV
Le film est passé il y a peu (le 7 juillet 2019). Mais c’est le moment de profiter des derniers feux de la chaîne puisque Sundance TV cessera d’émettre à partir du 8 février 2020, pour des raisons non explicitées. Si on ne signalait pas plus souvent ses programmes, c’est parce que, la plupart du temps, il s’agissait de films inédits en salles, premières ou secondes œuvres sans réputation. Les amateurs s’y réfugiaient lorsque les programmes voisins sentaient trop le réchauffé. Nous allons perdre une fenêtre ouverte sur un univers de jeunes cinéastes inconnus sur nos rivages et c’est fort dommage.

20.50 : Le Cochon de Gaza de Sylvain Estibal (2011), Club
Drôle de film, coproduction franco-belgo-allemande, sortie sous le titre When Pigs Have Wings… Drôle de film et film drôle, et il fallait oser jouer sur une situation aussi délicate à traiter : un pêcheur palestinien récupère un cochon vietnamien dans ses filets et tente d’en tirer profit auprès d’une éleveuse israélienne de la colonie voisine, en panne de mâle reproducteur. Pas de dérapage et c’est étonnant. Le réalisateur n’a rien tourné depuis.

20.50 : Soirée Michael Cacoyannis, Classic
Grande première, car il semble bien qu’aucun film de Cacoyannis n’ait encore été proposé sur le câble, même Zorba le Grec, qui lui apporta une célébrité planétaire en 1964. Dans les années 50, il fut quasiment le seul cinéaste grec connu hors de son pays : son premier film, ce soir à 20.50, Le Réveil du dimanche (1954) fut sélectionné en compétition à Cannes, ainsi que Stella, son deuxième (1955), de même que La Fille en noir (ce soir à 22.25) à Cannes 1956 et Fin de crédit (ce soir à 00.05) à Cannes 1958. On ne se souvient pas que ces titres aient été repris ailleurs que dans quelques séances à la Cinémathèque en des temps lointains. Voici donc une soirée fort bien composée, car de ce qu’il a signé ensuite, ni Electre (1962), malgré Irène Papas, ni Le Jour où les poissons sont sortis de l’eau (1967) ne valent d’être réanimés.

22.25 : La Lune de Jupiter de Kornel Mundruczo (2017), OCS City
Le cinéaste hongrois avait démarré très fort : ses deux premiers films, Johanna (2005) et Delta (2008) étaient ce qu’on avait vu de meilleur depuis la grande période de Miklos Jancso. Il semble avoir été ensuite un peu trop à la recherche du label "auteur", bien efficace pour les sélections de festivals, mais parfois éprouvant pour le spectateur. Le Projet Frankenstein (2010), pas plus que White God (2014) - tous passés à Cannes - ne nous ont vraiment convaincus. Et encore moins cet étrange objet (qui a d’ailleurs été récompensé à l’Étrange Festival 2017), dans lequel Mundruczo s’enferme et tourne en rond. On le signale par défaut, en souvenir de son Delta magnifique, et parce qu’il n’y a rien d’autre à regarder à la même heure.

 

Dimanche 26 janvier 2020

 

Comme souvent, après un samedi extrêmement riche, le dimanche est un jour maigre, efflanqué même ; on peut essayer de voir Les Gardiennes de Xavier Beauvois (2017) à 22.35 sur Émotion pour vérifier l’inanité de la chose, visite guidée empesée au défunt musée des Arts et Traditions populaires

20.40 : Boulevard du Crépuscule de Billy Wilder (1950), OCD Géants
Cf. note du 5 janvier 2017.

22.00 : Ma fille de Laura Bispuri (2018), OCS City
Le premier film de la réalisatrice, Vierge sous serment (2015), était intéressant. Celui-ci tout autant, et la rencontre Valeria Golino-Alba Rohrwacher est évidemment propice à étincelles. Malgré ces têtes d’affiche, le film (mais il est sorti à la veille de l’été) n’a rassemblé que 25 000 spectateurs, bien trop peu, eu égard à sa qualité.

 

Lundi 27 janvier 2020

 

20.40 : C’est tout pour moi de Nawell Madani & Ludovic Colbeau-Justin (2017), OCS Max
Tout tient en une phrase : une jeune Belge veut devenir danseuse célèbre à Paris et supportera la galère avant de réussir dans le stand-up. On peut deviner à la minute près ce qui va lui arriver. Mais comme la réalisatrice-actrice a une personnalité forte (elle sort du Jamel Comedy Club), ses tribulations peuvent être suivies d’un œil complice. Un premier film aussi autobiographique est-il le prélude à un second ? On peut en douter, mais…

20.40 : Fric-frac de Maurice Lehmann (1939), OCS Géants
Pas passé depuis le 10 mars 2017. Comme la sélection de la soirée est uniquement française, allons jusqu’au bout. Et Jo les bras-coupés, roi du bonneteau et du billard électrique, est un des plus beaux rôles de Michel Simon.

20.50 : Ghostland de Pascal Laugier (2018), Frisson
Pas vu et on le regrette, car les quelques films que l’on connaît de l’auteur - Saint-Ange (2003), Martyrs (2008) - en font un des meilleurs spécialistes du gore en France. Mylène Farmer est sur l’écran, sa quasi unique apparition depuis 58 ans.

20.50 : Mektoub, My Love : Canto Uno d’Abdellatif Kechiche (2017), Club
Le cinéaste est une nature, on ne peut lui dénier un sens profond de l’image (de la séquence plutôt), une façon de pousser à leur terme les situations qu’il imagine. À part ça, on peut trouver peu supportable son incapacité à savoir quand et où s’arrêter, son auteurisme forcené et sa propension à se considérer comme un élu des dieux hors de tout contrôle. Il n’empêche que son cinéma existe, manifestement. Si l’on est capable de rester trois heures à contempler Shaïn Boumedine et Ophélie Bau, aucune hésitation. On attend (mollement) la sortie de la suite, Intermezzo, passé à Cannes 2019, mais toujours au remontage.

22.25 : La Poudre d’escampette de Philippe de Broca (1971), OCS Géants
Broca a beaucoup tourné, sans doute trop. Mais des titres comme Le Roi de cœur (1966) ou Les Caprices de Marie (1969) rachètent ce qu’il a signé parfois d’un peu facile. Ce soir, son aisance à lier comédie et sérieux (comme dans Le Roi de cœur) s’exerce pleinement. Marlène Jobert nous fait aujourd’hui regretter de l’avoir trouvée si irritante à l’époque, avec ses mines et sa voix flutée (sauf dans Nous ne vieillirons pas ensemble, cette même année 1971, où Pialat lui avait fait abandonner tous ses procédés).

 

Mardi 28 Janvier 2020

 

20.40 : L’Ouragan de Jan Troell (1979), Paramount Channel
Le diptyque Les Émigrants (1971) / Le Nouveau Monde (1972) avaient connu un tel succès (mérité) que le cinéaste a quitté la Suède pour Hollywood, comme bien d’autres avant lui. Et comme pour bien d’autres avant lui, l’expérience américaine s’est soldée par un échec. Ce remake du film de John Ford (et Stuart Heisler pour les séquences d’ouragan) de 1937 valait-il la peine d’être tourné ? Mais le spectacle est tout de même impressionnant, et l’affiche - Mia Farrow, Max von Sydow, Jason Robards, Trevor Howard - est solide.

20.45 : Carpinteros de J.M. Cabral (2017), Sundance TV
Film et réalisateur inconnus. Mais c’est un film produit par la République dominicaine et c’est le premier de cette espèce que l’on voit passer à notre portée.

20.50 : My Lady de Richard Eyre (2017), Émotion
Inédit. L’héroïne est Emma Thompson et, depuis trente ans, on la suit d’un regard toujours admiratif. Sinon, interprété par n’importe qui d’autre, ce film "à sujet" nous aurait-il retenus, même si l’auteur du scénario est Ian McEwan ? Que faire, lorsqu’on est juge, face à l’adolescent témoin de Jéhovah qui refuse une transfusion qui le sauverait de sa leucémie ? Mais, après tout, les Dossiers de l’écran, ce n’était pas si mal.

20.50 : La Diablesse en collants roses de George Cukor (1960), Classic
Le film est rare, d’abord dans la filmographie de Cukor, puisqu’il s’agit d’un western, le seul qu’il ait tourné et que ce n’était pas vraiment son univers. Plus que la couleur locale, ce sont d’ailleurs les relations des acteurs de la troupe de théâtre, menée par Anthony Quinn, qui parcourt l’Ouest, qui l’intéressent. Sophia Loren fait le travail. Steve Forrest, qui la poursuit (il l’a gagnée au poker) manque de charisme, mais Cukor, qui aime les acteurs, a été chercher dans les oubliettes Ramon Novarro, ex-rival de Valentino, et Margaret O’Brien, l’épatante fillette du Chant du Missouri et des Quatre Filles du Dr. March.

00.10 : L’Homme sans passé d’Aki Kaurismäki (2001), Club
Cf. note du 22 mars 2017.

 

Mercredi 29 janvier 2020

 

20.40 : Les Vengeurs de l’Ave Maria de Bitto Albertini (1970), OCS Géants
Les autres titres proposés par le bouquet OCS étant, quoique de qualité (Inside Llewyn Davis ou Le Pacte des loups) maintes fois passés, on peut se rabattre sur ce western un peu bizarre (un cirque dans l’Ouest, ce n’est pas banal), à la limite du nanar (à ne pas confondre avec Les Quatre de l’Ave Maria de Giuseppe Colizzi, 1968, autre nanar). Et si on a le courage, on peut enchaîner avec, à 22.10, Black Killer de Carlo Croccolo (1971), un des multiples films que Klaus Kinski a tournés pour élever sa fille.

20.45 : Free and Easy de Jun Geng (2017), Sundance TV
Oui, encore Sundance : titre et cinéaste inconnus, mais on annonce une comédie chinoise, un genre guère pratiqué (en tout cas parmi les films qui nous parviennent).

20.50 : Guy d’Alex Lutz (2018), Club
On n’avait pas vu son premier film, Le Talent de mes amis (2015), à cause d’une prévention à l’égard des comédiens de stand-up animateurs à la télé. Du coup, le second fut une bonne surprise de la Semaine de la Critique à Cannes 2018. Et ses deux César (meilleur acteur, meilleure musique) étaient justifiés. Outre Lutz, il est plaisant de revoir des actrices ayant un passé, Nicole Calfan, Dani, Brigitte Roüan, etc.

20.50 : Un homme dans la foule d’Elia Kazan (1957), Classic
Surprise : un film de Kazan inédit sur le câble, ce n’est pas si fréquent. Le sujet - un homme sorti de rien devenant une vedette des médias de l’époque en flattant le public dans le plus bas sens du poil - avait choqué : comme si cela pouvait arriver ! On a vu depuis ce qu’il en était. Mais la force du propos résidait déjà entièrement dans l’excellent roman originel de Budd Schulberg (comme tous ses romans, cf. Le Désenchanté, qui ne perd rien à chaque relecture). Andy Griffith, extraordinaire découverte de Kazan, n’a fait ensuite que de la TV.

22.25 : Paradox de Wilson Yip (2017), Frisson
Seul titre inédit sur le bouquet Ciné+ dans ce créneau. Un polar de Hong Kong, on sait à peu près à quoi s’attendre, et on est rarement déçu.

 

Jeudi 30 janvier 2020

 

22.05 : Les Plaisirs interdits de Salvatore Samperi (1984), Club
C’est le seul titre inédit parmi les dix-huit films de la soirée sur Ciné+. Samperi commença fort avec Merci, ma tante (1968), qui inaugurait sa manière de spécialiste du porno soft, qui atteignit son olympe avec Malicia (1972), avec Laura Antonelli. Un succès mondial qu’il tenta de renouveler avec Malicia 2000 (1991), toujours avec la Antonelli, mais qui fut un flop terrible (surtout pour l’actrice qui tourna là son dernier film). On ne se souvient pas d’avoir vu sortir ces Plaisirs, peut-être en VHS sur le marché parallèle. Une découverte.

22.05 : La Clinique de l’amour ! d’Artus de Penguern (2012), OCS Max
Dernier passage : 2 février 2016. Après le fort plaisant Grégoire Moulin contre l’humanité (2000), second film réalisé par le comédien, mort peu après d’un AVC. Bel exemple de comédie dans l’esprit bête et méchant de l’ancien Hara-Kiri, du niveau de certains titres de Patrick Schulman ou du Bonheur a encore frappé de Jean-Luc Trotignon (1986).

22.15 : Buffalo Bill et les Indiens de Robert Altman (1976), Paramount Channel
Cf. note du 29 mai 2018.

 

Vendredi 31 janvier 2020

 

20.40 : La Petite Hutte de Mark Robson (1957), OCS Géants
Une rareté, explicable par sa faible réputation, en grande partie justifiée. Robson, après des années 40 intéressantes, est devenu spécialiste des grands machins, parfois réussis - Plus dure sera la chute (1956) -, parfois navrants - L’Auberge du sixième bonheur (1958). Ici, c’est du lourd. La pièce d’André Roussin n’était pas bien bonne, l’adaptation est à la hauteur. Mais le trio perdu sur l’île déserte est composé de Stewart Granger, David Niven et surtout Ava Gardner, en pleine maturité triomphante.

20.50 : Clément d’Emmanuelle Bercot (2001), Club
Il y a déjà vingt ans et plus que la réalisatrice attaque de front des sujets tabous : dans La Puce, son deuxième court métrage (1998), Olivier Marchal, 35 ans, apprenait l’amour charnel à Isild Le Besco, 14 ans. Ici, c’est elle-même, 30 ans, qui initie au sexe son neveu de 13 ans. Toutes situations parfaitement inimaginables aujourd’hui. Clément est la version longue d’un téléfilm de la série Petites caméras.

20.50 : Les Compagnons de la Marguerite de Jean-Pierre Mocky (1967), Classic
On ne trouve pas trace d’une note sur ce qui reste un des chefs-d’œuvre de Mocky, un des rares, avec Un couple, où la folie du scénario s’accorde avec une mise en scène constamment inventive. Et une troupe d’acteurs totalement synchrones (ce qui n’est pas toujours le cas), des plus relevés, Rich, Serrault, Blanche, Chauffard, Dubillard, aux clampins habituels, Zardi, Legris, Lenoir, Mansard (manquent Remoleux et Abeillé, pas encore dans le gang Mocky). Avec une pensée pour Paola Pitagora, tout juste sortie des Poings dans les poches de Bellocchio, et pour Micha Bayard-Paulette, tyran(e) domestique de Michel Serrault. Prière d’enchaîner, puisque la soirée est consacrée à Mocky, avec La Grande Lessive ! (1968), à 22.15 (dernier passage le 11 octobre 2019).

22.30 : Agathe Cléry d’Étienne Chatiliez (2008), Émotion
Pas inédit et un peu trop évident dans sa démonstration – comment une cadre supérieure raciste devenue noire (maladie d’Addison) prend conscience d’être brutalement du mauvais côté de la diversité. Valérie Lemercier est toujours très bonne en péronnelle. Sur le bouquet, c’est ça ou Reservoir Dogs, American Girls 4 ou Mise à mort du cerf sacré…



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