Semaine télé du 6 au 12 juin 2020
Salut les câblés !
publié le samedi 6 juin 2020

Jeune Cinéma en ligne directe


 

En attendant la réouverture de la Fondation Seydoux, le 2 septembre 2020, une petite manif old fashion avec barricade et pavés classiques ?

Humeurs de Lucien Logette


 

Samedi 6 juin 2020

 

20.50 : Pour elle de Fred Cavayé (2008), Premier
Premier long métrage d’un court-métragiste brillant. Polar costaud - le scénario, original, donna lieu à un remake hollywoodien (Les Trois Prochains Jours de Paul Haggis) moins de deux ans plus tard, c’est dire -, mené à grande vitesse par Vincent Lindon et Diane Kruger. Après deux autres titres également plaisants - À bout portant (2010), et Mea culpa (2014), l’auteur s’est égaré du côté de Dany Boon, personne n’est parfait.

20.50 : Le Premier Jour du reste de ta vie de Rémi Bezançon (2008), Club
Nous avions signalé son passage en novembre 2014, mais pas depuis, alors qu’on se souvient de l’avoir vu proposé plusieurs fois au fil des ans. Il n’est pas trop tard. Jacques Gamblin et Zabou Breitman au programme, mais surtout Déborah François, encore peu connue, et Marc-Antoine Grondin, qui récoltèrent chacun le César du meilleur espoir.

20.50 : La Femme aux chimères de Michael Curtiz (1950), Classic
Seul passage en décembre 2017, à 00.30. Rattrapage conseillé.
Cf. note du 5 décembre 2017.

22.20 : Un aller simple de Laurent Heynemann (2001), Premier
Le réalisateur de La Question (1977), d’après le fameux livre d’Henri Alleg - comme c’est loin ! - est un bel exemple de l’itinéraire de nombreux cinéastes, débutant dans les années 70 et qui, malgré talent et succès, ne trouvèrent leur chemin ensuite qu’à la télévision. Le film de ce soir, avec Jacques Villeret et Barbara Schulz, sur un sujet encore neuf en 2001 (un fonctionnaire doit reconduire un clandestin au Maroc), est son avant-dernier ; entre celui-ci et Je ne rêve que de vous (2019), Heynemann a tourné une vingtaine de téléfilms, dont certains remarquables, mais d’une visibilité moindre : quel téléspectateur a noté le nom du signataire de René Bousquet (2006), de Accusé Mendès-France (2011), ou de l’excellent Maigret en meublé (2004) ?

22.40 : Went the Day Well d’Alberto Cavalcanti (1942), Classic
Dernier passage le 12 juillet 2015. Étonnante ucrhonie : en 1942, les troupes allemandes envahissent l’Angleterre et ce qui s’ensuit. Kevin Brownlow reprendra l’idée dans sa fiction L’Angleterre occupée (1965). Cavalcanti : encore un auteur à redécouvrir - on trouve quelques-uns de ses titres en DVD, comme celui-ci et Champagne Charlie (1944).

23.30 : Centre Terre : 7e continent de Kevin Connor (1976), Paramount Channel
Kevin Connor, à ses débuts (il a beaucoup œuvré ensuite à la TV entre 1981 et 2014), s’était fait une spécialité d’adaptations d’Edgar Rice Burroughs, non pas le cycle de Tarzan, déjà largement utilisé, mais le cycle de Pellucidar, moins connu (mais traduit en France dès 1971). Trois films, Le Sixième Continent (1975), celui-ci et Le Continent oublié (1977), tous avec le même acteur, Doug McClure pour incarner David Innes. explorateur d’un monde tout droit sorti de Jules Verne. Fort plaisant.

 

Dimanche 7 juin 2020

 

20.40 : Sur le chemin de la rédemption de Paul Schrader (2017), OCS City
Pas vu, le film n’étant sorti qu’en DVD malgré Ethan Hawke au générique. Même s’il y a quelques lurettes que Schrader ne nous passionne plus - le titre que les distributeurs ont choisi pour traduire First Reformed est astucieux, synthétisant l’essentiel de la vingtaine de films qu’il a réalisés -, on peut y jeter un œil, en souvenir du magnifique Blue Collar (1978). La soirée Schrader se prolonge avec Mishima (1985), qu’on peut se passer de revoir.

20.40 : Le Jour le plus long de Darryl F. Zanuck (1962), OCS Géants
Ça alors ! On croyait révolue l’époque où chaque anniversaire du débarquement voyait le film de Zanuck programmé. À sa sortie, il était signé du seul producteur ; les génériques actuels font-ils mention des véritables maîtres d’œuvre, Ken Annakin, Andrew Marton, Bernhard Wicki et Gerd Oswald ? Parfois, les chaînes cultivées proposaient Le 6 juin à l’aube de Jean Grémillon (1945). Comparé à tout ce que l’on a vu depuis côté films guerriers, Spielberg ou Nolan, le monument a sans doute vieilli. À visiter avec quelque respect.

20.50 : La Fête des mères de Marie-Castille Mention-Schaar (2018), Émotion
Avouons que nous avons bien du mal à supporter les films de MCMS, aussi bien ceux qu’elle a scénarisés que ceux qu’elle a réalisés. L’intérêt de celui-ci est de rassembler un wagon entier d’actrices qu’on aime beaucoup, Audrey Fleurot, Clotilde Courau, Noémie Merlant, Pascale Arbillot, Nicole Garcia et Carmen Maura. That’s it.

20.50 : Spotlight de Tom McCarthy (2015), Club
Passé (relativement) récemment. Mais l’actualité du sujet demeure.
Cf. note du 26 novembre 2017.

20.50 : René la Canne de Francis Girod (1977), Classic
Sans doute programmé pour rendre hommage à Michel Piccoli, inclinons-nous. Mais sans doute y avait-il des titres plus pertinents dans une filmographie où les perles rares ne manquent pas - Le Point du jour de Louis Daquin (1949), Dillinger est mort de Marco Ferreri (1968) ou La Faille de Peter Fleischmann (1974) - que cette évocation assez plate d’un ex-truand médiatisé.

 

Lundi 8 juin 2020

 

20.40 : Les Patriotes d’Éric Rochant (1994), OCS Choc
Cf. note du 4 janvier 2016.

20. 40 : Soirée Roman Polanski, OCS Géants
Pour mémoire : Tess (1979), suivi de Le Locataire (1976). Deux sommets.

20.50 : L’Empereur de Paris de Jean-François Richet (2018), Premier
On n’est pas certain que Richet ait confirmé tous les espoirs éveillés par ses deux premiers titres, État des lieux (1995) et Ma 6-T va craquer (1997). Il a dû se plier aux contraintes du système mais s’en est plutôt pas mal sorti, cf. Assaut sur le central 13 (2005) ou ses biopics sur Mesrine (2008). Ce soir, les aventures de Vidocq, bien agréables - mais on aurait aimé y retrouver l’apologie de la révolte qui faisait la force de ses premiers travaux.

20.50 : Hérédité d’Ari Aster (2018), Frisson
Premier film, qui s’inscrit dans la lignée du fantastique horrifique, type Rosemary’s Baby -on connaît pire comme inspiration. Toni Collette est aussi remarquable que dans ses 80 films précédents, et il y a Gabriel Byrne, ce qui est déjà une raison impérative pour regarder ce film étonnant - on aimerait connaître les courts métrages avec lesquels Aster s’est fait la main.

22.55 : Le Crépuscule d’Henry Hathaway (1941), Classic
Hathaway savait réussir dans tous les genres qu’on lui proposait, westerns, polars ou films de guerre. Ici, le film est tourné à chaud, avant même que Les USA n’entrent dans le conflit, en décembre 1941. Les combats montrés sont donc ceux qui opposent, au Kenya, les troupes anglaises à l’armée allemande. Il n’y avait que peu d’acteurs anglais disponibles à Hollywood, et excepté George Sanders, Reginald Gardiner et Cedric Hardwicke, ce ne sont que des Américains (Bruce Cabot, Joseph Calleia, Harry Carey). Mais l’immense intérêt du film est de donner à Gene Tierney son premier grand rôle - une métisse, comme elle le sera dans Shanghai Gesture de Josef von Sternberg, la même année.

00.00 : La Ferme du pendu de Jean Dréville (1945), France 5
Première adaptation au cinéma d’un des nombreux romans de Gilbert Dupé, écrivain oublié, mais qui eut son heure de gloire - entre 1945 et 1956, sept d’entre eux furent adaptés, pas toujours par des ténors, plutôt par des artisans sans renom : Christian Stengel, Maurice Gleize ou Jean Stelli, Dréville étant le seul cinéaste d’une certaine envergure qui s’y soit prêté. Le film est d’époque, un peu gris, mais solide, et vaut par ses interprètes : Charles Vanel, toujours impeccable, et Alfred Adam. Ainsi que par la cohorte de seconds couteaux dont chaque film français était alors si riche : Léonce Corne, Paul Demange, Guy Decomble, Henri Genès. Et Bourvil, dans son premier rôle, qui chante Les Crayons, mémorable succès (" … c’est ça qu’est triste !").

 

Mardi 9 juin 2020

 

20.40 : Fedora de Billy Wilder (1978), OCS Géants
Seul passage le 13 août 2016 (qui regarde l’écran à une telle date ?). Encore une variation wilderienne sur Hollywood ; 28 ans après Sunset Boulevard, William Holden n’est plus un scénariste un peu gigolo, mais un producteur fatigué, la star recluse n’est plus Gloria Swanson, mais Marthe Keller (pas vraiment l’âge du rôle, mais qu’importe). Mais ça fonctionne toujours aussi bien. L’avant-dernier film de Billy, plutôt son véritable dernier, car on peut oublier l’ultime Buddy Buddy.

20.40 : Clockwise de Christopher Morahan (1986), Paramount Channel
On ne connaît pas d’autres films de Moharan que celui-ci, sorti en catimini en plein été 1986 et jamais repris. Un scénario en forme d’engrenages fatals qui entraînent son héros, respectable professeur en route pour une conférence, vers une incarcération inéluctable. L’enseignant en question étant John Cleese, ex-Monty Python inoubliable, on imagine la dignité du personnage devant l’iniquité du sort.

22.30 : Les Bonnes Intentions de Gilles Legrand (2018), OCS Max
Inédit. Les films de l’auteur, de Malabar Princess (2003) à L’Odeur de la mandarine (2015) sont à l’image de son dernier titre, sincères et pavés de. Peut-être celui-ci est-il moins fin, plus schématique que les précédents, ce qui expliquerait son succès mitigé - 85000 spectateurs, malgré Agnès Jaoui. Il mérite d’être rattrapé.

 

Mercredi 10 juin 2020

 

20.40 : It Must Schwing : The Blue Note Story d’Eric Friedler (2018), OCS City
Doc inconnu. Comment résister à l’histoire du plus fameux label de jazz, fondé en 1939, et qui a patronné tout ce qui s’est fait de mieux depuis, de Miles à Thelonious (il faudrait les citer tous). Au générique, les survivants, Herbie Hancock, Wayne Shorter, Quincy Jones, Sonny Rollins, Kenny Burrell, Benny Golson et bien d’autres. Les amateurs apprécieront…

20.50 : Pupille de Jeanne Herry (2018), Premier
Inédit. Comme le film précédent de l’auteure, Elle l’adore (2014), celui-ci démarre fort, mais ne tient pas complètement ses promesses. Il n’empêche que Sandrine Kiberlain, empêtrée dans une adoption qui tarde, est excellente, comme d’habitude.

20.50 : Les Contes d’Hoffmann de Michael Powell & Emeric Pressburger (1951), Classic
Passé relativement récemment (9 juin 2018). Mais pourquoi se priver de cet enchantement ? Les deux compères rêvaient d’un film entièrement chorégraphié (comme Gene Kelly, qui parviendra à réaliser, en 1953, Invitation à la danse), ils l’ont fait. Somptueusement. Les trois étoiles héroïnes de chacun des ballets, Ludmilla Tchérina, Anne Ayers et Moira Shearer, sont toutes magnifiques.

22.40 : Hitsville : The Making of Motown de Benjamin Turner & Gabe Turner (2019), OCS City
Décidément, la chaîne nous gâte ! Après la saga de Blue Note, celle de Tamla Motown. On change de genre, mais pas de qualité musicale. La soul music a fait bouger tout le monde dans les années 60, grâce à Marvin Gaye, Diana Ross, Stevie Wonder, les Jackson Five et autres Four Tops (idem : il faudrait les citer tous).

23.00 : L’Entreprenant monsieur Petrov de Mark Sandrich (1937), Classic
Dernière vision en septembre 2016, à 00. 45.
Cf. note du 17 septembre 2016.

 

Jeudi 11 juin 2020

 

20.50 : La guerre est finie d’Alain Resnais (1966), Classic
Dernier passage en novembre 2015, dans l’ancien monde. Hommage à Piccoli ? Non, car celui-ci n’y tient qu’un petit rôle, celui d’un inspecteur des douanes, par amitié, comme les autres amis théâtreux qui passent par là, Marcel Cuvelier, Antoine Bourseiller ou Antoine Vitez. Premier film explicitement politique (et non implicitement comme son précédent, Muriel) de Resnais, sur un scénario autobiographique de Jorge Semprun. Les enjeux ne sont plus les mêmes, on ne porte plus l’Espagne au flanc comme sous Franco. Reste le film, avec Montand, qui commençait enfin à jouer juste, Ingrid Thulin et, last but not least, la découverte de Geneviève Bujold.

22.45 : Dans les oreilles d’Alain Resnais de Géraldine Boudot (2019), Classic
Doc inconnu. Méfions-nous : 52 minutes pour explorer l’archipel, c’est court. Mais peut-être le film ne s’intéresse-t-il qu’au travail sur le son et la musique ? De toutes façons, c’est court tout de même.

C’est tout pour la soirée, placée sous le règne des rediffusions récentes (Dogman, Pupille, Le Retour du héros, Fort Invincible) ou de l’utilisation jusqu’à plus soif des classiques (Matrix, Star Trek, L’homme qui tua Liberty Valance, Buffalo Bill et les Indiens).

 

Vendredi 12 juin 2020

 

20.50 : Fred de Pierre Jolivet (1997), Club
L’auteur est un modèle ; 17 films en 35 ans, tous choisis, pensés, adaptés aux moyens : Force majeure (1989) est un remarquable film de SF "intérieure" sans effets spéciaux ; Filles uniques (2003), une des plus fines comédies que l’on connaisse sur la distinction selon Bourdieu, etc. Ça ne l’empêche pas de passer à côté parfois, mais il est toujours sincère. Ici, Vincent Lindon (Jolivet le réemploiera encore deux fois) et Clotilde Courau forment un couple d’amoureux très crédibles, que le chômage va conduire sur des chemins compliqués.

20.50 : Miquette et sa mère de Henri-Georges Clouzot (1950), Classic
Le seul film du Maître inédit sur le câble ? Mal considéré dans sa filmographie - comment un auteur, un vrai, peut-il aller chercher son inspiration dans le vaudeville, et même pas chez Feydeau, comme Autant-Lara, à la même date, avec Occupe-toi d’Amélie, mais chez Robert de Flers et Gaston Arman de Caillavet ? Certes, mais les duettistes étaient de sacrés fignoleurs de situations, Jean Ferry a cosigné l’adaptation et Clouzot a rassemblé une troupe de première catégorie : Jouvet, Danièle Delorme, Saturnin Fabre, Pauline Carton, Jeanne Fusier-Gir et un Bourvil (le comte Urbain de la Tour Mirande) enfin sorti des pattes d’André Berthomieu.

22.10 : Pierre Jolivet, un réalisateur libre de Jérôme Wybon (2019), Club
Doc inconnu, mais que l’on dégustera avec intérêt, pour toutes les raisons avancées plus haut.

22.35 : Marche ou crève de Margaux Bonhomme (2018), Émotion
Premier film qui, sur le papier, accumule les dangers : une maison perdue dans les Cévennes, une situation familiale rude (deux adolescentes dont une lourdement handicapée, un père en manque de sa femme enfuie), l’envie de respirer l’air d’ailleurs. Sur l’écran, ça passe, grâce aux acteurs - Cédric Kahn (toujours bon) et les jeunes Diane Rouxel (on la reverra, en 2021, dans Les Dévorants de Naël Marandin, elle y est excellente) et Jeanne Cohendy. Pas de vedettes, réalisatrice inconnue, sortie à l’économie : le film a cependant rassemblé 10000 spectateurs.

23.10 : Jamais de la vie de Pierre Jolivet (2015), Club
Dernier volet de la soirée Jolivet, avec ce film solide (Olivier Gourmet et Valérie Bonneton, enfin sortie de ses rôles de gourde), déjà programmé il y a un peu plus de trois ans.



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