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Mad Love in New York (2015)
de Josh & Ben Safdie
publié le mercredi 3 février 2016

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Sélection de la Mostra de Venise 2014

Sortie le mercredi 3 février 2016


 


Enfants de la tradition underground new-yorkaise, les frères Safdie se sont déjà fait connaître dans le cinéma mumblecore, autrement dit produit avec très peu de moyens, avec des personnages jeunes et citadins, incarnés par des acteurs, non-professionnels ou peu connus, improvisant tout ou partie des dialogues.

Proche en fait du néoréalisme, de la Nouvelle Vague et de l’underground, ce cinéma représente un antidote au formalisme actuel. Deux films des frères Safdie sont déjà sortis en France, The Pleasure of Being Robbed (2008) et Lenny & the Kids (2009). Souhaitons que Mad Love in New York séduise le public français.


 

Le film raconte une histoire d’amour fou à New York de nos jours, dans un cadre déglingué et sous l’emprise de la drogue dure. Encore un film sur la déchéance ? Certes, mais il faut se méfier des apparences. Mad Love dégage un charme réel, quoique vénéneux.
Bien sûr, l’influence de Andy Warhol se fait sentir, mais les personnages ont évolué depuis la belle époque. Le film montre une lente descente aux enfers, à la suite de Schlesinger (les trips dans la ville de Macadam Cow-boy, et le lent déplacement en Greyhound), de Schatzberg (quelques plans sont filmés là où il tourna Panique à Needle Park), de Scorsese (les images du New York hors cartes postales) ou de Darren Aronofsky, pour son Requiem for a dream. Mais surtout, il s’inscrit dans la lignée d’Amos Kollek dont Sue perdue dans Manhattan (1998) est resté dans les mémoires.

Le style des frères Safdie transcende ces influences pour imposer un cinéma fait de détails et d’idées grandioses, alliées à un grand sens de l’image et au talent des acteurs, tous non-professionnels, à l’exception de Caleb Landry Jones, découvert dans Queen and Country de Boorman et impressionnant en clochard peu céleste.


 

Les réalisateurs, au lieu de filmer dans les rues caméra à l’épaule, ont préféré la caméra sur pied et la surabondance de plans fixes.
L’histoire, vraie, est celle d’Arielle Holmes, une jeune SDF rencontrée lors des repérages, qu’ils ont encouragée à écrire le beau texte qu’elle interprète ici avec courage et sensibilité.

Film fiévreux, haletant comme des personnes en manque d’héroïne et d’amour, crépusculaire comme un Turner. Beau témoignage sur ces gens de la rue qu’on ne remarque presque plus et qui font comme une sorte de background aux villes de légendes, ce film est une réussite.

"Notre but était de façonner le film de manière à ce qu’on puisse tourner de façon chronologique dans les rues de New York en mélangeant acteurs professionnels, clodos et légendes de la rue." déclarent les frères Safdie. Mission accomplie.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Mad Love in New York. Réal : Josh & Ben Safdie ; sc : B.S. & Ronald Bronstein, d’après Arielle Holmes ; ph : Sean Price Williams ; mont : B.S. & R.B. ; mu : Ariel Pink & Paul Grimstad. Int : Arielle Holmes, Caleb Landry Jones, Buddy Duress, Necro (USA, 2015, 97 mn).



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