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Sleeping Giant (2015)
de Andrew Cividino
publié le mercredi 17 février 2016

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n° 366-367, été 2016

Sélection de la Semaine de la critique festival de Cannes 2015

Sortie le mercredi 17 février 2016


 

Adam, Riley et Nate sont trois adolescentss qui passent leurs vacances près du lac Supérieur.

Tout droit échappés d’un film de Larry Clark, ils ont la violence de leur âge et, selon le réalisateur, le film est un hommage à Sa majesté des Mouches (Peter Brook, 1963) qui aurait rencontré Stand by me (Rob Reiner, 1987).

Mais le film n’est pas pour autant en admiration devant ses modèles puisqu’il propose un autre chemin, avec un scénario très travaillé, pour une histoire dépourvue de pathos, comme racontée par un extraterrestre ou un entomologiste chargé d’observer le plus grand prédateur, l’homme.

En effet, que nous dit le film, sinon que l’homme, même placé devant la beauté de l’univers et son mystère (ici, le lac Supérieur bien mis en valeur par le chef opérateur James Klopko), ne sait rien voir, pris dans les filets de ses instincts destructeurs, de sa libido, de son désir de puissance et de destruction.


 


 

On le voit dans quelques séquences, notamment lorsque Adam, le plus manipulateur du groupe, détourne l’usage du télescope pour espionner la maîtresse de son père, ou lorsque Riley s’amuse à brûler un insecte tout droit issu de la préhistoire.
Pas vraiment rousseauiste, ce film, qui ne déplairait pas à John Boorman, raconte la volonté de puissance face à une nature qu’il faut sans cesse vaincre.

Le symbole en est évidemment cette muraille naturelle qui domine le lac et que les gamins ne cessent de vouloir gravir pour plonger de plus de trente mètres dans les eaux profondes.


 


 

Le goût de l’exploit, la rivalité amoureuse et la lutte, semblable à celle des bouquetins pour se dominer entre mâles, ne donnent pas une belle image de l’homme qui ne semble pas être "né bon".
Le film est empli de cette douleur non-dite et l’on sent, à chaque plan, comme une lente appréhension de l’irréparable.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n° 366-367, été 2016

Sleeping Giant. Réal : Andrew Cividino ; sc : A.C., Aaron Yeger, Blain Watters ; ph : James Klopko ; mont : James Vandewater ; mu : Bruce Peninsula, Chris Thornborrow. Int : Jackson Martin, Reece Moffett, Nick Serino, David Disher, Katelyn McKerracher (Canada, 2015, 89 mn).

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