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Brooklyn (Crowley) (2015) I
de John Crowley
publié le mardi 8 mars 2016

par Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma en ligne directe

Sélection du Festival du film de Sundance 2015

Sortie le mercredi 9 mars 2016


 


Adapté du roman éponyme de Colm Tóibín, le film de John Crowley retrace la vie d’Eilis (Saoirse Ronan), jeune immigrée irlandaise à Brooklyn. Dans la vie d’Eilis, il y a un avant et un après. Entre les deux, un voyage mémorable en bateau vers l’exil, où elle perd pied, littéralement terrassée par le mal de mer. L’avant, c’est un petit village tranquille d’Irlande, Enniscorthy, au paysage assez monotone, où elle vit avec sa sœur et sa mère.


 

L’après, c’est le quartier de Brooklyn à New York, la séparation et l’éloignement de la famille, l’accès au travail et la découverte de l’amour avec un jeune immigré italien Tony Fiorello (Emory Cohen).


 

Brooklyn traite de cela et de la vague d’immigration des Irlandais aux États-Unis, de l’abandon de son pays et de sa famille pour une vie meilleure ; et dans le cas présent, de la complexité du choix entre deux pays, deux hommes, deux vies. L’avant, c’est le souvenir d’un passé et d’une enfance entourée des siens, l’après, le saut dans l’inconnu, le mal du pays, le cafard et la difficile construction d’une vie. Le récit filmique se déroule sans heurt véritable, une romance teintée de lyrisme et de douceur. Les scènes censées être les plus rudes, montrant les foules d’immigrants irlandais, vieux, pauvres et malheureux, ont quelque chose d’un bonheur nostalgique, dû à la voix déchirante du chanteur irlandais larla Ó Lionáird.


 


 

La couleur du film augmente cet effet, une couleur représentative des deux pays, l’un dans l’austérité des tons sombres et terreux, l’autre dans la démesure et l’audace des rouges, jaunes, verts et roses éclatants. Un film daté années cinquante, proche des premières cartes postales colorées, ensoleillées et désuètes, mais un film dont le romanesque rejoint avec élégance, fraîcheur et caractère le cinéma de Douglas Sirk. Une sorte de nostalgie de la lumière.


 

Le charme des acteurs opère, notamment celui de Emory Cohen, rebelle et tendre, d’une indépendance de jeu rare, ironique et moqueuse et Saoirse Ronan à la sensibilité réservée. Tous deux tiennent le film, l’entraînant dans une spirale où la gravité devient légère, où l’amour et l’humour donnent l’espoir à ces deux immigrés de Brooklyn. Un tourbillon amoureux dont on oublie les origines.

Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma en ligne directe


Brooklyn. Réal : John Crowley ; sc : Nick Hornby d’après Colm Toibin ; ph : Yves Bélanger ; mont : Jake Roberts ; mu : Michael Brook. Int : Saoirse Ronan, Hugh Gormley, Brid Brennan, Jim Broadbent, Domhnall Gleeson, Julie Walters. (Grande-Bretagne-Irlande-Canada, 2015, 111 mn).



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