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Chant du merle (le) (2015)
de Frédéric Pelle
publié le mercredi 16 mars 2016

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 16 mars 2016


 


Après avoir été son assistant, Frédéric Pelle se présente comme le fils spirituel de René Féret, récemment disparu.

D’ailleurs, Le Chant du merle lui est dédié, "parce qu’il nous a énormément aidés, déclare l’auteur. Je dis nous parce que j’ai écrit le film avec ma compagne, Orlanda Laforêt. Nous avons bataillé pendant plus de deux ans sur le scénario, et René est intervenu dans la dernière ligne droite, notamment sur les dialogues qu’il a vraiment vivifiés. […] Il a eu le temps de le voir et il était content."

Ce n’est pas la seule filiation qu’on peut découvrir entre les deux réalisateurs.
Frédéric Pelle est aussi producteur des ses six courts métrages et de son long, La Tête ailleurs, sorti en 2010, ce qui lui permet, comme Féret, d’avoir une plus grande liberté d’action. En outre, très proche de la réalité sans être néoréaliste, il s’inspire de la vie de tous les jours pour écrire ses films.

Ainsi l’histoire du Chant du merle est née de plusieurs séjours qu’il fit à l’Hôtel de la Tour, à Aubazine, Corrèze, avec sa compagne. On leur raconta l’histoire de cette serveuse tombée sous le charme d’un type un peu louche et qui avait quitté l’hôtel.
Le réalisateur et sa scénariste vont écrire cette histoire dans l’hôtel même, où ils reviendront la mettre en scène, avec une équipe légère et un mélange d’acteurs professionnels et de personnages réels (le vieil homme, incarné par Pierre Bouysset, le serveur, le maître d’hôtel).


 


 

Les acteurs professionnels sont magnifiques, à commencer par Adélaïde Leroux, mais aussi le représentant de commerce, Nicolas Abraham (déjà interprète de quelques-uns de ses films), Patrick d’Assumçao, découvert dans L’Inconnu du lac de Alain Guiraudie et Myriam Boyer, qu’on ne présente plus, dans le rôle de la mère d’Aurélie.


 

Dans sa manière intimiste et délicate de présenter cette petite histoire digne de Un cœur simple de Flaubert, le film est très fort. Il distille une petite musique, celle des amours illusoires et des désillusions, qui s’installe dans notre souvenir.

Cœur simple, timide et réservée, Aurélie attend que quelque chose bouscule sa vie dans ce petit village où elle vit entourée de sa mère et du vieux monsieur dont elle s’occupe, le père du directeur de l’hôtel où elle travaille. Avec son air provincial, dans le bon sens du terme, Adélaïde Leroux, présente dans presque tous les plans, donne à ce film précieux toute son âme.


 


 

Un film qui sait utiliser les petites choses de la vie, comme le chant du merle qu’elle siffle à la perfection ou les cours d’un vrai ornithologue du cru, Jean-Michel Teulière, dont Pelle gardera un moment magique, celui où en imitant le chant du coucou, il parvient à le faire apparaître réellement dans l’image.


 

Sans aucune musique, excepté une chanson de Manu Chao interprétée par un groupe de blues local, et réalisé en seulement vingt-trois jours en décors naturels, avec la belle image d’Olivier Banon, Le Chant du merle est un très beau film.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe (mars 2016)

Le Chant du merle. Réal, sc : Frédéric Pelle ; sc : Orlanda Laforêt ; ph : Olivier Banon ; mont : Thomas Glaser. Int : Adélaïde Leroux, Nicolas Abraham, Myriam Boyer, Patrick d’Assumçao (France, 2015, 80 mn).

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