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No Land’s Song (2014)
de Ayat Najafi
publié le mercredi 16 mars 2016

par Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n°371-372, mars 2016

Sélection du Human Rights Watch Intenational Festival 2015
Prix Nestor-Almendros

Sortie le mercredi 16 mars 2016


 


Ayat Najafi, né à Téhéran en 1976, vient du théâtre. Dès 1995, il crée une compagnie et écrit et met en scène en 2008, en Allemagne où il vit, Histoires de femmes à moustache et d’hommes en jupe, Lady Téhéran et Pakistan (does not) exist. La même année, il tourne un premier long métrage, Football Under Cover. No Land’s Song est son deuxième film, un documentaire.


 


 

Il est interprété par sa sœur, Sara Najafi, qui souhaite organiser un concert de chanteuses en solo à Téhéran, alors que le chant est interdit aux femmes par la République islamique depuis 1979. Pour réussir son pari, elle ouvre le concert et demande à d’autres artistes françaises d’y participer : Élise Caron (qui n’a pas la langue dans sa poche), Jeanne Cherhal et Emel Mathlouthi (chanteuse tunisienne très engagée). Ce film choral représente pour elle et le réalisateur un possible pont entre Téhéran et Paris, pont musical et solidaire pour la résistance et la liberté des femmes en Iran.


 


 

L’ardeur, l’exaltation et la force règnent tout au long du film. Un immense bonheur à chanter jaillit dans les voix, renforcé encore par l’interdit pesant et menaçant qui leur est fait dans leur vie quotidienne. Cette dimension passe de façon fort habile par la mise en scène en caméra cachée, voix parlée et audible sur écran noir, lorsque Sara Najafi rend visite aux institutions à la fois culturelles - la Guidance islamique - et religieuses. Instants suspendus à l’autorité dans un cinéma assombri par la censure et le fanatisme : paroles échangées dans le noir !


 


 

Le film est flamboyant de couleurs, de sons, de voix. La musique, c’est le diable ! disent les prêcheurs. Non, la musique est diablement lumineuse, diablement sensible et bouleversante, diablement déchirante et belle quand elle est gagnée sur l’obscurantisme. No Land’s Song est un hymne à la liberté des femmes opprimées et à leurs voix enfin libérées par le cinéma.

Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n° 371-372, mars 2016


No Land’s Song. Réal, sc : Ayat Najafi ; ph : Sarah Blum, Kooyar Kalari ; mont : Kamiz Schokofeh, Julia Wiedwald. Int : Imed Alibi, Élise Caron, Jeanne Cherhal, Chakad Fesharaki, Sébastien Hoog, Emel Mathlouti (Iran-France-Allemagne, 2014, 91 mn).



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