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Metro Manila (2013)
de Sean Ellis
publié le samedi 2 avril 2016

Cf. Printemps 2014

Les saisons, chronique DVD

par Jérôme Fabre

 

Jeune Cinéma n°360, été 2014

Sortie le mercredi 17 juillet 2013


 


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De nouvelles terres, de nouveaux moyens de production sont investis par une frange de cinéastes anglo-saxons à la recherche de souplesse et d’exotisme dans le cinéma de genre.

C’était le cas de Gareth Evans, avec son film d’action The Raid (2011), que nous avons chroniqué récemment, fabriqué en Indonésie, c’est aussi le cas de Sean Ellis, Anglais qui s’en va, avec Metro Manila (*), poser sa caméra aux Philippines.
Bien que primé à Cognac, Metro Manila est un faux polar, le réalisateur, comme dans Cashback (2006), préférant se tenir à la lisière des genres, les effleurer, se retenir, pour privilégier un autre propos, ici celui de la chronique sociale.

S’il est un genre qu’il tient à raviver, avec cette histoire d’un couple de campagnards désargentés qui tente sa chance à la capitale, c’est celui du néoréalisme, veine que Ellis investit sans calcul, avec une ingénuité, une simplicité et une honnêteté confondantes.

Il filme de beaux personnages, leur force naïve face au désordre et l’adversité du monde, avec une empathie et une humanité toute "dardennienne". Il est rare, à l’heure du cinéma "méta", comme ils disent, des mises en abyme et des relectures en tout genre, de voir un film complètement dénué de cynisme : les bourgeois de gauche (Télérama, Le Monde, Les Cahiers, etc.) ont eu beau jeu de hurler à l’accumulation de clichés (mais ils sont certainement plus fins sociologues de l’archipel que je ne le suis), j’ai pour ma part tendance à croire que la misère est en effet peuplée de clichés.

Alors oui, elle se prostitue, il devient convoyeur de fonds dans l’un des quartiers les plus dangereux de Manille. Et ici le réalisateur fait le choix moral le plus audacieux de ce film admirable : il ne montre aucun braquage. C’est le seul film au monde sur des convoyeurs de fonds qui ne se font pas braquer ! Ce refus intègre d’émailler de spectaculaire le cœur modeste de son histoire est une magnifique profession de foi cinématographique.

Jérôme Fabre


Jeune Cinéma n°358, mars 2014

* M6 Vidéo.

Metro Manila. Réal, ph : Sean Ellis ; sc : S.E. & Frank E. Flowers ; mont : Richard Mettler ; mu : Robin Foster. Int : Jake Macapagal, Althea Vega, John Arcilla (Grande-Bretagne, 2013, 115 mn).

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