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Astruc, Alexandre (1923-2016)
Une vie, une œuvre
publié le vendredi 20 mai 2016

par Lucien Logette
Jeune Cinéma en ligne directe


 


Alexandre Astruc est mort dans la nuit du 18 au 19 mai 2016, à 92 ans.

S’il a sa place dans l’histoire du cinéma français, c’est plus par ses critiques des années 40 que par la vingtaine de films qu’il a signés, entre grand et petit écran. Il est certain qu’on va retrouver la "caméra-stylo", qu’il inventa dans L’Écran français en 1948, brandie dans tous les hommages qui vont éclore. Ce ne fut pourtant qu’une théorie qu’il ne mit guère en pratique, retrouvant dès son premier film important, Le Rideau cramoisi (1952), la tradition et le classicisme de la grande littérature.
À part La Longue Marche (1966), sur un scénario écrit avec Jean-Charles Tacchella, tous ses films furent des adaptations, choisies aux bonnes sources : Jules Barbey d’Aurevilly, Honoré de Balzac, Gustave Flaubert, Guy de Maupassant, Edgar Poe, Françoise Sagan, Jacques Laurent.

On en fit le parrain de la Nouvelle Vague, ce qui l’irritait, car rien n’était plus éloigné de son filmage soigné que les films issus de l’école des Cahiers. Excepté ceux de Éric Rohmer, peut-être - son court métrage Evariste Galois (1965) a la rigueur des exercices rohmériens destinés à la télévision scolaire.

Il n’est pas certain que ses films vieillissent aussi bien que ses textes critiques ou les nombreux romans et souvenirs qu’il égrena, entre Les Vacances (1945) et Le Plaisir en toutes choses (2015). Pour prendre un exemple, sa version de Une vie (1958) souffrira de la comparaison avec celle, lorsqu’elle sortira, que vient de tourner Stéphane Brizé (2016) : d’un côté, une illustration appliquée et raide, de l’autre une recréation inspirée du roman de Maupassant, elliptique et vibrante. Idem pour L’Éducation sentimentale (1962) ou Le Puits et le Pendule (1964) : c’est du cinéma irréprochable, mais daté.


 

En 1992, il avait rassemblé ses écrits critiques (1942-1984), aux éditions de l’Archipel et en 1996, publié ses souvenirs, Le Montreur d’ombres (1). C’est là sans doute qu’il faut chercher sa véritable dimension.

Lucien Logette
Jeune Cinéma en ligne directe

1. Alexandre Astruc, Le Montreur d’ombres, Bartillat, 1992.



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