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Tortue rouge (la) (2016)
de Michael Dudok de Wit
publié le mercredi 29 juin 2016

par Bernard Nave
Jeune Cinéma n°374, été 2016

Sélection officielle Un certain regard du Festival de Cannes 2016

Sortie le mercredi 29 juin 2016


 


Réalisé en collaboration avec le studio Ghibli, le film de Michael Dudok de Wit garde toute sa spécificité esthétique dans l’épure du trait, la douceur des couleurs pastel, l’absence de dialogue et la sobriété de la musique.
Présenté ainsi, La Tortue rouge ne cherche en aucune manière un évitement du sens, mais il le trouve en se hissant sur la ligne de crête de la poésie. L’histoire qui nous est contée se concentre sur un sujet à la simplicité biblique.


 


 

Un homme pris dans une terrible tempête est rejeté sur une île tropicale déserte dont il a vite fait le tour. Pour seuls compagnons, il trouve de petits crabes malicieux, de jeunes tortues qui s’empressent de prendre le large. Il assemble plusieurs fois un radeau, mais chaque tentative avorte, son embarcation détruite par une force invisible qui vient d’en dessous.


 

À son troisième essai, il voit qu’il s’agit d’une énorme tortue rouge qu’il retrouve sur la plage et qu’il retourne sur le dos pour se venger. À la mort de celle-ci, la carapace se fend, de laquelle émerge un corps féminin à l’ample chevelure rousse. Ce minimalisme narratif emmène le spectateur dans un territoire de l’essentiel, celui de l’homme réinventé dans sa dimension originelle.

Plus que de démarche écologique, comme on a tendance à parler à propos du film, il s’agit pour Michael Dudok de Wit de retrouver une dimension primitive du cinéma, celle de dire les choses à travers un langage de l’image débarrassé de la gangue du verbe, de jouer la carte propre au cinéma d’animation, à savoir la possibilité de créer un monde imaginaire bâti sur un processus proprement artistique.
Nous sommes, le temps du film, abstraits du quotidien, renvoyés à un état de contemplation immédiate, de méditation poétique. Tout effet de réalité n’est cependant pas totalement exclu, comme la séquence de la vague géante, tsunami qui détruit tout sur son passage.


 


 

Pour autant, elle s’inscrit pleinement dans une vision d’un monde originel, non pas celui de Robinson, mais plutôt celui d’une Genèse réinventée, areligieuse, heureuse et apaisée. Apaisante.

Bernard Nave
Jeune Cinéma n°374, été 2016


La Tortue rouge. Réal, sc, création graphique : Michael Dudok de Wit ; mont : Céline Kélépikis ; anim : Jean-Christophe Lie ; mu : Laurent Perez Del Mar (France-Japon-Belgique, 2016, 80 mn).



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