Le troisième film de Na Hong-Jin se place dans la lignée de ses précédents The Chaser (2008) et The Murderer (2011) : c’est un thriller haletant et sanguinolent, à la différence près que le surnaturel s’introduit cette fois-ci dans le récit.

Une série de meurtres violents, d’une sauvagerie inexpliquée, frappe les habitants d’un village. La police est vite dépassée par l’horreur des événements, alors que la famille de l’officier principal, simplet et peu téméraire, semble touchée elle aussi par le mal inconnu qui atteint certains villageois. Très vite, un étrange Japonais vivant en ermite à proximité du village est accusé d’en être à l’origine. Démunie, la famille du policier fait appel à un chaman pour enrayer le mal.

Na confirme son excellence dans l’art du thriller.
La tension ne retombe à aucun moment et le film est un savant mélange de suspense, de rebondissements, de scènes tirées tout droit de films d’horreur mais également ponctuées de moments comiques, suffisamment bien placés pour que le film ne sombre pas dans un macabre trop chargé en hémoglobine.
L’univers sordide et l’atmosphère pesante sont alimentés par des scènes en plan rapproché, confinées dans des pièces ou des espaces réduits, ou des extérieurs balayés par la pluie qui semblent enfermer les personnages.

Le réalisateur maîtrise parfaitement son récit, suffisamment cadencé, et mis en scène de manière parfois presque hypnotique. Les scènes assourdissantes de chamanisme en constituent le summum.
Le résultat est magistral, qui, s’il nous rappelle L’Exorciste à certains moments et nous fait parfois même fermer les yeux, dépasse largement le film de genre.

Laetitia Kulyk
Jeune Cinéma n° 374, été 2016

The Strangers (Goksung). Réal, sc : Na Hong-jin ; ph : Alex Hong Kyung-pyo ; mont : Kim Sun-min. Int : Kwak Do-won, Hwang Jun-min, Jun Kunimura (Corée, 2016, 156 mn).