Jazz à Juan 2016
Brève
publié le dimanche 24 juillet 2016

Jeune Cinéma en ligne directe

Journal de Hushpuppy (dimanche 24 juillet 2016)


 



 

C’est ce soir la fin de Jazz à Juan 2016, 56e édition (14-24 juillet 2016).


 

Nous nous souvenons de la 1ère édition, c’était en juillet 1960, au pied du Fort Carré (pas "dans les murs" comme on l’a trouvé sur le Net.) La pinède, le square Gould à Juan, c’est venu plus tard. Nous n’en retrouvons pas de traces dans nos vieux carnets. Il a dû y avoir deux éditions au pied du fort de Vauban. 1960 et 1961 ?
Il faudrait vérifier dans les archives de la Mairie. Ah que le grand océan du Net est périlleux ! Et combien nous aimons les chercheurs, les archivistes, les bibliothécaires, les vieux bouquins et les carnets personnels ! Leur temps viendra après le Big One informatique qui ne manquera pas d’advenir.

Sur cette 1ère édition, l’INA, avec Jean-Claude Averty, s’est polarisée sur la musique, pas sur le cadre. Et c’est normal.

Il y avait aussi eu une parade, le 10 juillet 1960, pour fêter Sidney Bechet (1897-1959), citoyen d’honneur, le patron, qui venait de mourir, avec Claude Luter (1923-2006) pour inaugurer sa statue.
L’INA s’en souvient.


 

Nous nous souvenons aussi du festival de juillet 1966, où avait triomphé Charles Lloyd.

Nous nous souvenons de ce que, 10 ans après, Philippe Carles & Jean-Louis Comolli célébraient : "l’inouï" corrosif et discordant free jazz, et de ce qu’ils dénonçaient : "le calibrage du jazz-consommation", où tout se dissout.
La récup, quoi.
Les imprécations peuvent-elles devenir divertissement ?

Ils citaient Michel Leiris :
"Il faut qu’on s’habitue à ne pas chercher partout que l’agréable. La musique n’est pas plus faite pour charmer les oreilles, même de façon austère que la peinture pour enchanter les yeux. […] Qu’il en soit fini une fois pour toutes de ce principe hédonistique qui, au fond, se retrouve - sous une forme plus ou moins déguisée - à la racine d’à peu près toute attaque contre une nouveauté ! (1)


 

1. Michel Leiris, Brisées, Mercure de France (1966), cité par Philippe Carles & Jean-Louis Comolli dans Free Jazz Black Power (Champs libre, 1971 ; Galilée, 1979, p. 344).

Tant de temps a passé, les idéologies et les musiques se sont métamorphosées. Le métissages, on doit les accueillir avec la plus grande attention, les "races" pures n’existent pas.

Et à Juan, ils sont tous là, maintenant, les musiciens, laissant leurs traces sur le bitume, côte à côte.


 


 


 

Juillet 2016.
Le programme de cette édition était habituel et brillant.
Avec des soirées gratuites, "sur invitation", mais des invitations distribuées par l’Office du tourisme.


 

Ouverture, dans la Pinède, le mercredi 13 juillet 2016 avec Les Victoires du jazz, 14e édition.

Le jeudi 14 juillet 2016, le programme, c’était JZ Music All Stars, orchestre des Carabiniers du Pince, Didier Lockwood, les Violons barbares et Guo Gan.
Lockwood a joué du violon au milieu de la foule, ignorant tout du drame qui se jouait dans le même temps à Nice, sur la Prom’.


 

Aparté de l’année du Singe : Nice est la concurrente jazz de Juan, pour des raisons historiques et des méli-mélos humains que nous refusons de prendre en compte.

C’est ainsi que le Nice Jazz festival (jazz assez métissé) se présente comme le premier, "depuis 1948", alors qu’il s’est interrompu ensuite jusqu’en 1971.

C’est ainsi que Jazz à Juan (jazz plus exigeant) se présente comme uniquement juanais, sans même évoquer le Fort Carré, de l’autre côté du Cap, du côté d’Antibes, comme s’il ne pouvait y en avoir que pour le Square Gould. Question de sponsoring ?


 

L’origine, c’est toujours important, il ne faut jamais dénier ou éluder une naissance sous peine de piper les dés.
En 1960, au Fort Carré, à mi chemin entre Nice et Juan, loin de la foule bruyante des nuits du Pam Pam au Voom Voom et du petit casino blanc et provincial, à distance respectueuse de la Siesta qui venait d’ouvrir au bord de la mer (avec ses vampires en cage et son karting), et pas encore gagné par l’extension du vieux Port devenu un port de parvenus, l’espace était plus sauvage, en accord avec les accords du free.

C’est que les odeurs de la mer et celles de la nuit ne sont pas les mêmes d’un côté et de l’autre du Cap, à l’Ouest le sable et à l’Est les galets. En bas du Fort Carré, en 1960, il y avait aussi la magie et la lenteur des commencements. C’est dommage de reléguer dans l’oubli ces événements des sens, qui ont besoin d’être racontés pour ne pas être perdus, et que ni les cartes postales anciennes vendues sur Delcampe, ni même nos propres vieilles photos, ne peuvent restituer.


 

Tout ce qu’on sait, en cette année 2016, nous autres, c’est que Nice avait programmé son festival aux mêmes dates que Juan : du 16 au 20 juillet 2016, et que les amateurs était squeezés, esquichés dans un stupide double bind. Ah oui, c’est "pris en otages" qu’on dit aujourd’hui. Quoiqu’il en soit, après les horreurs du 19 tonnes, il y a eu prescription de cette minuscule sous-guerre.

Fin de l’aparté.

Donc tout a été annulé à Nice. Et à Juan, on a annulé les concerts des 15, 16 et 18 juillet 2016, et le "Best of du Off" dans les rues programmé le 17.
Le 19, de toute façon, c’était une pause prévue.

On aura donc raté Johnny Gallagher et Earth Wind and Fire, Vintage Trouble et Buddy Buy, Archie Shepp, Charles Lloyd New Quartet, Gregory Porter.
Jazz à Juan aura eu aussi quelques soirées "normales".

Ce soir, on retourne à la Pinède Gould et c’est gratuit.

* À 20h30 : American Gospel Jr.


 

Office de Tourisme de Juan les Pins, 60, chemin des Sables, 06160 Juan-les-Pins.

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