home > Films > Nocturama (2016)
Nocturama (2016)
de Bertrand Bonello
publié le mercredi 31 août 2016

par Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 31 août 2016


 


Bertrand Bonello tente la représentation cinématographique d’un terrorisme aveugle et anonyme survenant à Paris.
Pour toutes sortes de raisons, réaliser un film sur un tel sujet est problématique. Le terrorisme dans le présent de nos vies est à l’heure actuelle un fait si grave qu’il semble impossible d’en tracer, de façon même fictionnelle, une simple esquisse tant elle serait lacunaire, simpliste et probablement fausse. Cependant le pari insensé que choisit Bertrand Bonello d’en définir une abstraction cinématographique n’est pas complètement dénué d’intérêt.


 

Paris est filmé de façon méthodique, froide, efficace. Se joue devant le spectateur un ballet assez embrouillé de jeunes personnes, filles et garçons de toutes origines, dans les couloirs, escalators, quais et rames du métro, filmage capable de faire craindre le pire comme de se méprendre sur la finalité du jeu. Aucune connivence affichée entre eux, de simples regards échangés parfois au détour d’un escalier. Quelque chose se trame, mais quoi ? Rien n’est indiqué, en dehors de quelques bâtons de dynamite placés grâce à la complicité de vigiles corrompus.
Et l’explosion à lieu en trois endroits différents de la capitale.


 

La mise en scène du film à la fois juge et partie, entraîne de façon subtile la neutralité du réalisateur et installe la situation dans une confusion douteuse.
Rien n’est dit, à part l’autonomie des jeunes enfermés dans le grand magasin. Cette longue deuxième partie du film est-elle la finalité ? Est-elle un joyeux étalage d’une crise consumériste de la jeunesse ? La supplication d’un jeune Arabe implorant de l’aide alors qu’il sait qu’il va mourir, est-elle un message ultime ? et lequel ? La simple phrase prononcée par Adèle Haenel dans la rue - "Ça devait arriver" - prophétie énigmatique et encore une fois lacunaire, n’élucide rien de la situation présente, si ce n’est le vague sentiment d’une atmosphère sociale anxiogène.


 

Les plans sur les dos des personnages marchant dans la ville dans la première partie révèlent la mise en place d’une méthode et d’une organisation qui se veut implacable, la seconde partie évoque des caractères séduits par les tentations diverses que propose la société de consommation.


 

Le refus du monde dont parle Bertrand Bonello est réduit à sa juste expression, insuffisante et discutable, dans un contexte très délicat et sensible.

Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma en ligne directe

Nocturama. Réal, sc : Bertrand Bonello ; ph : Léo Hinstin ; mont : Fabrice Rouaud. Int : Finnegan Oldfield, Vincent Rottiers, Hamza Meziani, Manai Issa, Martin Guyot, Luis Rego, Hermine Karagheuz, Adèle Haenel (France-Allemagne-Belgique, 2016, 130 mn).

Revue Jeune Cinéma - Mentions Légales et Contacts