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Tchernia, Pierre (1928-2016)
Une vie, une œuvre
publié le dimanche 9 octobre 2016

par Lucien Logette
Jeune cinéma en ligne directe


 


L’ami public n° 1.
Cette appellation, un peu trop dégoulinante de gentillesse, il l’avait lui-même choisie, comme titre d’une des nombreuses émissions de télévision qu’il a créées ou animées.

Mais la gentillesse et la bonhomie n’étaient pas pour lui une posture, une manière de convaincre les téléspectateurs, qui, de toutes façons, lui étaient acquis.
Il était vraiment gentil et bonhomme : la façon dont il rassurait, avant l’enregistrement de l’émission, les candidats de Monsieur Cinéma, était toute paternelle et sans calculs (tout le contraire d’autres animateurs de jeux).

Le public ne s’y trompait pas et sa popularité n’était pas due à un quelconque talent de bonimenteur mais à son aisance à se situer de plain-pied avec son auditoire. Si Monsieur Cinéma et ses variantes, Le Dernier des cinq ou Jeudi Cinéma (puis Mardi Cinéma) ont réussi à retenir l’attention vingt ans durant, ce n’est pas par accident, mais par accord profond avec ses spectateurs.

C’était également un fin lettré.
Scénariste pour Robert Dhéry ou adaptateur de Astérix, mais pas seulement.
L’analyse de la thématique et de l’écriture de Simenon à propos de Chez Krull et du Bourgmestre de Furnes que nous l’avons entendu confier un soir à un Louis de Funès ébahi, entre deux prises du Dernier des cinq, prouvait une connaissance sans failles de l’univers de l’écrivain.
Comme ses téléfilms d’après Barjavel - Le Voyageur imprudent - ou quelques nouvelles de Marcel Aymé, qui témoignent de la sûreté de son goût.

L’émotion causée par sa disparition va sans doute amener la télévision publique, dont il était le dernier survivant de l’équipe des fondateurs de 1949, à programmer un de ses films - certainement Le Viager (1971), le premier et le plus célèbre, grâce à l’interprétation de Michel Serrault.
Mais on aimerait revoir Les Gaspards (1974), avec son Philippe Noiret régnant dans les catacombes parisiennes sur une bande de révoltés ; le sujet, passionnant, évoquait les grands anciens, Les Compagnons de Jéhu ou Les Compagnons de Baal. Noiret en Fantômas moderne, la belle idée ! Mais le film ne se voulait qu’une comédie (d’ailleurs réussie).

Il fut certes l’ambassadeur des films de Disney - la gentillesse, toujours.
Allez, on le lui pardonne.
Comme dans la chanson de Brassens, c’était un vrai "brave type".


 
©Catherine Prévert

Lucien Logette
Jeune cinéma en ligne directe

* Catherine Prévert connaissait bien Pierre Tchernia, elle fut scripte sur Le Viager.

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