Voici un magnifique, tendre et cruel film d’animation en stop-motion, adapté du roman de Gilles Paris, Autobiographie d’une courgette, et scénarisé par Céline Sciamma.

Courgette est le surnom que sa maman alcoolique donnait à Icare, jeune garçon aux cheveux bleus, qui va se retrouver orphelin et placé dans un centre d’accueil pour enfants.

Réalisé avec brio et poésie, avec des marionnettes dans des décors sublimes, ce film fait penser parfois aux films d’animation tchèques de la grande époque, mais on oublie qu’il s’agit d’objets animés. Très vite, on est sous le charme et la magie de l’enfance, avec ses visages, ses mimiques, ses pleurs et ses rires.

Courgette arrive dans le centre, accompagné par un policier qui l’a pris en affection, avec son cerf-volant et la canette de bière de sa mère comme talismans. Il va être confronté à l’hostilité, puis à la fraternité de ce petit groupe dont chacun enfant a une histoire tragique à supporter et à vivre.

Dans ce film drôle et émouvant, on retrouve la cruauté et la candeur de l’enfance, et chaque détail compte à la fois dans la narration mais aussi dans la poésie naturelle et envoûtante mise en œuvre : des frites dans une assiette, une mèche rebelle qui cache un regard d’enfant désespéré, un cartable, une valise, un bateau fait avec une canette défoncée et qui cache un magnétophone, etc.

À la fin de ce film intense, on ne peut cacher ses larmes devant le mystère de l’amour, de la maternité et de la vie tout court, dans ces photos d’enfants qui crânent et qui posent en fait pour la postérité devant le foyer d’accueil en faisant mille grimaces.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n° 374, été 2016

Ma vie de courgette. Réal, sc : Claude Barras ; sc : Céline Sciamma d’après le roman Autobiographie d’une Courgette de Gilles Paris ; voix : Gaspard Schlatter, Sixtine Murat, Michel Vuillermoz (Suisse-France, 2016, 66 mn).