Jeune Cinéma en ligne directe (octobre 2016)
Tous les 22 octobre, c’est l’anniversaire de Sarah Bernhardt (1844-1923).
En 2016, ça lui fait 172 ans.
Pour lui faire fête, on peut convoquer toute son époque, et les suivantes.
Même ceux qui ne l’aimaient pas, elle leur clouait le bec.
Ça augmentait d’autant son prestige et sa liberté.
Cette année, on aime bien que ce soit Georges Clairin (1843-1919), son ami de Belle-Île en mer, qui lui fasse fête à elle autant qu’à ses personnages.
Elle est la Cléopâtre de Victorien Sardou (1890).
Elle est la reine d’Espagne Donã Maria dans Ruy Blas de Hugo (1895).
Elle est Mélisande dans La Princesse lointaine de Edmond Rostand (1899).
Pour lui, elle est Ophélie, alors que pour les autres, elle est Hamlet en 1899.
Elle est Thérèse, aussi, dans La Vierge d’Avila de Catulle Mendès (1906).
Elle est elle-même, enfin, alanguie comme il convient quand on est une diva.
Et quand Clairin, face à elle, se prend presque pour Arcimboldo, on a le sentiment de percer un secret, une intimité qui n’appartient qu’à eux.
Son amie Louise Abbéma (1853-1927) aussi nous donne ce sentiment de secret dévoilé, avec un portrait d’elle où on lui voit soudain un autre visage, maigre, nu, révélant la tragédie derrière la tragédienne.
Pour nous, elle habite toujours rue de l’École de médecine à Paris, et non pas le Père-Lachaise.
Nous sommes de ceux, complotistes, qui pensons que les actus Pathé de 1923 pourraient être un fake.
On l’aime en Théroigne de Méricourt (de Paul Hervieu) en 1902, quand elle (dé)clame "Vive la révolution !", même si c’est d’une toute petite voix.
On l’aime aussi quand elle prie pour nos ennemis en 1918, en récitant du Louis Payen (1875-1927).
Jeune Cinéma en ligne directe (octobre 2016)