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Moi, Daniel Blake (2016) I
de Ken Loach
publié le mercredi 26 octobre 2016

par Gérard Camy
Jeune Cinéma n°374, été 2016

Sélection officielle en compétition du Festival de Cannes 2016
Palme d’or

Sortie le mercredi 26 octobre 2016


 


Ken Loach, 80 ans, est toujours, cinquante ans après, le jeune homme en colère du téléfilm Cathy Come Home (1966). Sa caméra, pourfendeuse de toutes les injustices sociales, en Grande-Bretagne et ailleurs, frappe une nouvelle fois, avec la même vigueur. La cible choisie avec son scénariste Paul Laverty, fidèle depuis Carla’s Song (1996) : ces sociétés chargées par le ministère du Travail britannique de repérer tous les potentiels tire-au-flanc, afin de leur supprimer chômage et aide sociale, quitte à embarquer des innocents dans les charrettes. À l’image de Daniel Blake, ouvrier menuisier victime d’un accident cardiaque à son travail, qui se voit signifier un repos obligatoire et total par son médecin.


 

C’est alors que la machine implacable se met en route. Un formulaire rempli, quelques mauvaises réponses à des questions, et Daniel Blake se voit refuser une pension d’invalidité. En outre, il doit se mettre en quête d’un travail s’il ne veut pas perdre son allocation chômage. Comme la plupart des héros de Ken Loach et Paul Laverty, Daniel Blake est un homme ordinaire et magnifique, opiniâtre et impuissant, altruiste et courageux, prisonnier d’une administration chargée d’appliquer des règles kafkaïennes insensées, sans autre logique que celle du profit, abolissant tout lien social.


 

Il fait la connaissance de Katie, mère célibataire, perdue avec ses deux enfants, victime elle aussi de cette fureur programmée. Malgré ses difficultés, il la prend sous son aile, et trouve une nouvelle raison de se battre, en veillant sur elle et en devenant un "grand-père" pour les deux enfants. Dave Jones, connu pour ses spectacles comiques, est un Daniel Blake extraordinaire pour qui, comme pour Ken Loach, l’humour est la politesse du désespoir.
Avec ce film poignant et nécessaire, Ken Loach remporte une deuxième Palme d’or, après celle du Vent se lève en 2006, et rejoint le cercle fermé des réalisateurs bipalmés.
Et c’est tant mieux.

Gérard Camy
Jeune Cinéma n°374, été 2016


Moi, Daniel Blake (I, Daniel Blake). Réal : Ken Loach ; sc : Paul Laverty ; ph : Robbie Ryan ; mont : Jonathan Morris ; mu : George Fenton. Int : Dave Jones, Hayley Squires, Brianna Shann, Dylan Phillip Mckiernan (Grande-Bretagne-France-Belgique, 2016, 100 mn).



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