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Wolf and Sheep (2016)
de Shahrbanoo Sadat
publié le mardi 29 novembre 2016

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 30 novembre 2016


 


À 26 ans, la réalisatrice afghane Shahrbanoo Sadat nous livre un film magnifique, en forme de conte sur l’enfance, l’exil et la solitude.

Dans les montagnes d’Afghanistan, les enfants bergers obéissent aux règles : surveiller les troupeaux et ne pas fréquenter le sexe opposé.
Alors que les garçons chahutent et s’entraînent à la fronde pour éloigner les loups, les filles fument en cachette, jouent à se marier, et se moquent de la petite Sediqa, considérée comme maudite. Les légendes que racontent leurs aînés se mêlent à la vie, et éclairent les mystères de leur monde protégé, mais jusqu’à quand ?


 

Le titre, Loup et mouton, prend tout son sens : il s’agit bien sûr de ce sempiternel combat entre bêtes sauvages et animaux domestiqués, modèle La Chèvre de monsieur Seguin.
Mais on peut y lire aussi en filigrane le combat que mènent les tortionnaires de tout bord contre les habitants pacifiques - à la fin, les bergers quittent en hâte leurs habitations des montagnes car ils ont vu des hommes en armes arriver.

Tout au long du film, on comprend que ce qui est montré a été vécu par la réalisatrice, qui se confie de façon très éclairante : "Durant mon enfance, j’ai passé sept ans dans un village isolé, situé dans une région rurale de l’Afghanistan. C’est là que j’ai commencé à observer le monde autour de moi. Ma très mauvaise vue, mon accent différent, ainsi que la réputation de mon grand-père qui était en contact avec les morts, faisaient que les villageois me rejetaient."


 

On sent bien ici le rejet, même si, en apparence, le monde des enfants semble plus pacifique. Il n’en est rien. Les garçons, qui vivent séparés des filles et gardent les troupeaux, manifestent parfois leur violence larvée, comme dans la séquence de la fronde dans laquelle l’un d’eux perd un œil. Les filles, quant à elles, font aussi des bêtises et disent beaucoup de mal en osant à peine fantasmer sur leur avenir, notamment amoureux.

On perçoit que Shahrbanoo Sadat a dû beaucoup souffrir de cette sensation d’être tenue à l’écart d’un groupe, dans une société patriarcale, cloisonnée, traditionnaliste et sévère.
Son film est un exorcisme et la promesse d’un avenir meilleur.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Wolf and Sheep. Réal, sc : Shahrbanoo Sadat ; ph : Virginie Surdej ; mont : Alexandra Strauss. Int : Sediqa Rasuli, Qodratollah Qadiri, Amina Musavi, Sahar Karimi (Afghanistan-Danemark-France-Suède, 2016, 86 mn).

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