La semaine est extrêmement faible sur le plan des découvertes et des inédits. Tous les programmes, dans leur majorité, sont constitués de reprises, certains films passant pour la cinquième ou sixième fois à la même heure. Il est encore permis d’aller au cinéma ou de regarder des DVD.
Samedi 24 décembre 2016
20.40 : Le Pôle Express de Robert Zemeckis (2004), OCS Max
La technique d’animation du "motion-capture" est parfois un peu fatigante pour les yeux, mais puisque Noël il y a, autant choisir une belle histoire. Et le livre original de Chris Van Allsburg était un chef-d’œuvre, dont il reste quelque chose.
20.40 : Charlie et la chocolaterie de Mel Stuart (1971), OCS Géants
Cette première adaptation du roman de Roald Dahl passa à peu près inaperçue à l’époque et ce n’est pas le tapage fait autour de la nouvelle version qui a pu la sortir de l’oubli. Onze ans après Tim Burton, on peut enfin redécouvrir ce film charmant, d’uns simplicité et d’une invention plaisantes, sans tape-à-l’œil ni surabondance d’effets spéciaux.
20.45 : La Vie privée de Sherlock Holmes de Billy Wilder (1970), TCM
Déjà passé il y a sept mois, mais il n’y a guère d’autres choix en première partie de soirée sur le bouquet Ciné+. Wilder ne déçoit jamais (son ultime film, Buddy Buddy, excepté). Robert Stephens n’a pas l’élégance de Basil Rathbone ni la fougue de Benedict Cumberbatch, mais il endosse fort convenablement les habits du personnage. Trauner a recréé Londres avec le même génie jadis employé à recréer Paris.
22.15 : Out One, épisode 7, de Jacques Rivette (1971), Classic
On continue à le conseiller, même si ceux qui ont été accrochés depuis le début n’ont plus besoin d’être avertis et si ceux qui n’ont pas supporté les exercices théâtraux des deux premiers épisodes ont laissé tomber. Difficile de s’y remettre maintenant, alors que le complot des 13 touche à sa fin.
22.50 : L’Aventure intérieure de Joe Dante (1987), TCM
Entre deux Gremlins, Dante a tourné ce bon film de SF, un peu inspiré tout de même du Voyage fantastique de Richard Fleischer - dans lequel Dennis Quaid, dans son sous-marin microscopique, explore le corps de Martin Short et lutte contre la montre (comme il le fera l’année suivante dans D.O.A.). Il possède moins de charme que Raquel Welch dans le sous-marin de Fleischer, mais on peut faire avec.
23.15 : Sherlock Holmes et l’arme secrète de Roy William Neill (1942), Polar
En VO. Fort pratique d’enchaîner avec les aventures du détective traitées par Wilder, avec son brio et son ironie habituelle, et cette version vintage, par ailleurs une des meilleures de la série réalisée par R.W. Neill pendant la guerre.
Dimanche 25 décembre 2016
20.40 : Kingdom of Heaven de Ridley Scott (2004), OCS Max
Le plus curieux, c’est que ce film n’ait jamais été programmé depuis deux ans, alors qu’il l’emporte sur tous les produits médiévaux ou de heroic fantasy vus sur les chaînes. Le Moyen-Âge revu par Scott est aussi beau que la période napoléonienne des Duellistes ou l’univers dickien de Blade Runner.
20.40 : Chantons sous la pluie de Stanley Donen & Gene Kelly (1952), OCS Géants
Un Noël sans le trio Gene Kelly-Debbie Reynolds-Donald O’Connor ne serait pas vraiment une fête. Inutile de résister : dès le premier plan, les projecteurs illuminant la façade du cinéma et l’arrivée de Lamont and Lockwood, c’est parti pour le plus beau film de l’histoire. 105 minutes plus tard, on en redemande.
20.45 : Fanfan la Tulipe de Christian-Jaque (1951), Classic
Enore un film inépuisable, comme le Robin des Bois de Curtiz & Keighley ou Les Enfants du paradis, tous ceux qu’on peut revoir dix fois sans se lasser. C’est le rôle qui a le mieux convenu à Gérard Philipe - avec à l’opposée, Monsieur Ripois -, séduisant, galopant, ferraillant (on comprend qu’il ait cherché à recommencer avec Till l’Espiègle quelques années plus tard). Gina Lollobrigida, pas encore une star. Et un dialogue signé Jeanson.
20.50 : Quo Vadis ? de Mervyn LeRoy (1951), Arte
Osons avouer une faiblesse certaine pour ce péplum qui ne fait pas dans la dentelle (160 mn). Peut-être à cause de Deborak Kerr, dans un rôle inhabituel (mais elle y brille comme partout), de Peter Ustinov, grattant sa lyre devant Rome en flammes comme dans les images d’Épinal, du combat d’Ursus (l’ex-champion de boxe Buddy Baer) terrassant le taureau.
22.20 : Out One, épisode 8 de Jacques Rivette (1971), Classic
Fin de l’épopée parisienne (et un peu normande). Une dernière fois l’allée des Cygnes, la terrasse du Moulin-Rouge (dite terrasse des Trois Satrapes), la chambre de Juliet Berto, la villa de Bernadette Lafont, la statue de la porte Dorée. Adieu. De loin le film le plus mémorable de son auteur, création collective dont il fut le catalyseur - jamais il ne retrouvera, malgre les beautés de Céline et Julie ou de La Bande des quatre, une intensité semblable.
23.35 : Les Monstres de Dino Risi (1963), Classic
Note du 15 avril 2016 : "L’apothéose du film à sketches, l’équivalent italien de Hara-kiri mensuel : méchant, bête, cynique et dévastateur. Tout ce qui comptait à l’époque dans le cinéma transalpin est venu y faire trois petits tours."
Lundi 26 décembre 2016
20.40 : Le Tigre du Bengale de Fritz Lang (1959)
Dernier passage en décembre 2015. Vu l’état des lieux alentour, on peut s’installer, avec précaution, devant les deux épisodes (le second, Le Tombeau hindou passe à 22.20). Note du 8 décembre 2015 : "Il existe un coffret DVD du diptyque (Le Tigre + Le Tombeau hindou), qui présente un bonus de choix : la version de 1938 de Richard Eichberg, jamais citée (pas plus que celle de Joe May, 1921), et qui offre pourtant un spectacle tout à fait plaisant, avec une sincérité et une naïveté bien absentes de la version langienne."
20.45 : Tout ce qui brille de Hervé Mimram & Géraldine Nakache (2010), Émotion
Un des deux seuls film français passant à cette heure-ci sur les seize chaînes cinéma du câble. Comment ne pas avoir envie de le promouvoir ? D’autant qu’il ne s’agit pas, malgré les apparences, d’un film girly : les actrices (la réalisatrice et Leïla Bekhti) sont excellentes et leur situation de filles de banlieue est posée sans clichés. La suite avec les mêmes, quatre ans plus tard, Nous York, fut nettement moins réussie.
20.45 : Une femme iranienne de Negar Azarbayjani (2011), Club
On ne perçoit le cinéma iranien que par bribes et chaque film constitue une découverte - ici, comment une femme de prisonnier pour dettes devient chauffeure de taxi (le taxi dans le cinéma iranien est quasiment un sous-genre). Un premier film remarquable, qui n’a pas été suivi d’un second.
Tout ce qui est proposé en deuxième partie de soirée sur les bouquets - Démineurs (Premier), Little Buddha (Famiz), Timbuktu (Club), Quand les aigles attaquent (Classic), "La Bataille de la vallée du Diable" (TCM), "Dreamgirls" (Paramount Channel), De l’autre côté (OCS City) - est passé et repassé durant ces dernières semaines. Ce qui n’interdit pas d’en regoûter quelques-uns. Mais, bon… Une consolation : la programmation de 2017 ne pourra pas être pire.
Mardi 27 décembre 2016
20.40 : Le crime est notre affaire de Pascal Thomas (2008), OCS Choc
Inutile d’être trop exigeant à cette date. Alors, pourquoi pas un film bien calibré, à l’ombre d’Agatha Christie, même si et les personnages et les sujets n’ont rien à voir avec la romancière. Catherine Frot et André Dussolier s’en donnent à cœur joie. Il n’est cependant pas interdit de leur préférer certains épisodes avec le duo Samuel Labarthe-Blandine Bellavoir de la série télévisée Les Petits Meurtres d’A.C.
20.45 : Discount de Louis-Julien Petit (2014), Premier
Un premier film "social" : des employés d’un supermarché en lutte contre leur patron décident de pratiquer la récupération collective des denrées et de les revendre à bas prix aux pauvres du coin (les Hauts-de-France). Les acteurs, inconnus mais remarquables, sont emmenés par Corinne Masiero, qui, malgré sa cinquantaine de films et téléfilms en moins de dix ans, nous étonne encore.
20.45 : Minority Report de Steven Spielberg (2002), TCM
Pas passé depuis octobre 2014, à moins qu’on ne l’ai pas repéré. Dans la série des adaptation des nouvelles ou romans de Philip K. Dick, c’est une des plus réussies - il faut dire que l’idée originelle, la détection des criminels avant leurs actes, est déjà forte. Et Spielberg a mis le paquet sur les effets (alors que le monde futur de l’écrivain est un monde intérieur). On supporte Tom Cruise car il y a Colin Farrell.
22.30 : Shakespeare in Love de John Madden (1998), Émotion
C’est sans doute le seul film de Madden qui nous ait fait sortir de notre torpeur (un peu aussi son précédent, La Dame de Windsor avec Judi Dench, également présente ici). La rencontre ambiguë de Joseph Fiennes-Shakespeare et Gwyneth Paltrow-Viola est une jolie trouvaille et l’évocation de Londres à la fin du XVIe siècle est inventive. Ou comment l’amour entravé fabrique des chefs-d’œuvres. Il faut préciser que Tom Stoppard, scénariste, est un connaisseur hors pair du dramaturge - voir sa pièce Rosencrantz et Guilderstein sont morts.
Mercredi 28 décembre 2016
20.45 : L’Île mystérieuse de Cy Endfield (1961), Classic
La carrière d’Endfield, chassé par le maccarthysme et réfugié en Angleterre, ne fut pas celle qu’elle aurait pu être. Il n’empêche que ses quelques films britanniques, Train d’enfer, par ex., sont des séries B réussies. Et son adaptation de Jules Verne en vaut bien d’autres, bien servie par des effets spéciaux signés Ray Harryhausen (quelques jolis monstres préhistoriques). Herbert Lom en capitaine Nemo n’est pas ridicule.
20.45 : En route vers le Sud de Jack Nicholson (1978), TCM
Pas passé depuis bientôt deux ans. Nicholson n’a signé que trois titres, tous estimables, de son Vas-y, fonce initial à son dernier The Two Jakes. Ici, il se souvient qu’il a tourné avec Monte Hellman, même s’il n’atteint pas la sécheresse du maître.
20.55 : Et Dieu créa la femme de Roger Vadim (1956), Arte
Il est de bon ton de plaisanter aujourd’hui sur les audaces du film, qui font long feu désormais. Ce fut pourtant, au mitan des années 50, une déflagration incroyable qui permit à toutes les associations morales et bien-pensantes de lever leurs boucliers. Une femme libérée, avec dix ans d’avance ! S’il a vieilli (mais quel film de soixante ans d’âge n’a pas vieilli ?), il demeure une borne miliaire dans la représentation des rapports amoureux à l’écran. Notons la fin du slogan qui accompagnait le film : "… et le Diable créa B.B.".
21.00 : A Master Builder de Jonathan Demme (2013), Sundance Channel
"Adaptation de Solness le constructeur d’Ibsen, dédié à la mémoire de Louis Malle - on y retrouve Wallace Shawn et André Gregory, comme dans My Dinner With André. Demme n’a pas gommé l’aspect théâtral, au contraire, et c’est tant mieux, car les acteurs en sont magnifiés." Note du 6 janvier 2016
22.15 : Ni le ciel ni la terre de Clément Cogitore (2015), OCS Choc
Note du 24 août 2016 : "Encore une découverte cannoise (Semaine 2015) qui a beaucoup impressionné la critique, plus que ses quelques spectateurs lors de sa sortie. Il faut dire que l’ambition était grande : faire de la guerre en Afghanistan une expérience fantastico-métaphysique. On n’est pas certain d’avoir saisi toutes les intentions de l’auteur, mais le film existe - avec, outre Jérémie Rénier, toute la jeune classe des comédiens d’avenir, Swann Arlaud, Kevin Azaïs, Finnegan Oldfield."
00.10 : Nana de Christian-jaque (1955), Classic
Intéressant d’enchaîner le visionnement du film de Bardot avec celui de Martine Carol, alors au sommet de sa gloire, tourné l’année précédente. Le passage d’une époque à une autre est net. Même si la Carol a encore interprété une vingtaine de films, elle appartenait à une autre période. À part ça, le produit est correct - avec des scénaristes aussi talentueux que Jean Ferry, Albert Valentin et Henri Jeanson, il ne peut qu’en rester quelque chose, même si la distribution, Charles Boyer, Jean Debucourt, Jacques Castelot, fait très "grand cinéma français".
Jeudi 29 décembre 2016
20.45 : Le Dernier Loup de Jean-Jacques Annaud (2015), Émotion
La Mongolie intérieure pendant la Révolution culturelle. On peut penser ce qu’on veut d’Annaud, il faut lui reconnaître le sens de l’espace, Tibet, désert tunisien ou forêt cambodgienne, et le talent de rendre les grooses bestioles plus intéressantes que les gens. Alors, après l’ours, les tigres, pourquoi pas le temps des loups ?
20.45 : Ma vie avec Liberace de Steven Soderbergh (2013), Club
Note du 25 octobre 2016 : "Premier téléfilm de Soderbergh, après ses adieux au cinéma (Effets secondaires), ce qui ne l’a pas empêché de concourir à Cannes. Il faut dire que le (télé)film le méritait : production somptueuse (HBO, c’est tout dire), sujet audacieux - la biographie du pianiste homosexuel virtuose -, interprétation virtuose également du couple inattendu Michael Douglas - Matt Damon."
20.45 : Femmes en prison de Lewis Seiler (1955), Classic
Toujours Ida Lupino, merci Classic, mais ici devant la caméra (elle ne tournera plus avant Dortoir des anges, 1966, repassé hier sur la chaîne. Tout est dans le titre, et les femmes en question sont, outre Ida, Audrey Totter, Phyllis Thaxter et Jan Sterling, c’est-à-dire de la star de série B solide. Et comme Seiler est un réalisateur efficace, spécialiste du polar et autres mauvais genres… C’est la seule véritable découverte de la soirée, car le film ne semble pas avoir été exploité depuis sa sortie en 1955.
20.45 : Barry Lyndon de Stanley Kubrick (1975), TCM
Comme il s’agit d’un chef-d’œuvre certifié, on n’essaiera pas d’en décourager l’éventuel spectateur innocent. Mais on peut penser que la "lenteur envoûtante" célébrée ici et là est une autre façon de décrire l’ennui qui nous a pris à chaque révision du film. Une photo sublime et des costumes irréprochables ne font pas une œuvre à eux seuls. On peut lire le roman de Thackeray avec profit, il est plus enlevé que son adaptation.
21.00 : Ces garçons qui venaient du Brésil de Franklin J. Schaffner (1978), Sundance TV
Schaffner + Ira Levin + Gregory Peck + Laurence Olivier + James Mason = un plaisir toujours renouvelé, même si on sait ce que cachent les expériences du médecin nazi et comment cela va se terminer. C’est la force des grands films de suspense de fonctionner encore lorsque la surprise est éteinte.
22.30 : Billy Wilder de X (2016), OCS Géants
Impossible de connaître le nom du responsable de ce documentaire inédit. Faire un portrait de Billy en 55 minutes, c’est une performance. De quoi compléter le Portrait d’un homme parfait à 60%, tourné par Michel Ciment et Annie Tresgot qui faisait le point en 1980.
Vendredi 30 décembre 2016
20.40 : Le Chant du Missouri de VIncente Minnelli (1944), OCS Géants
Pendant ces fêtes, les musicals se comptent sur les doigts d’une seule main, ce qui est dramatique : Kelly, Astaire, Charisse sont vraiment les seules choses qui pourraient nous faire accepter la période. À défaut de Tous en scène ou de Un jour à New York, on pourra se consoler, un tout petit peu, avec cette opérette bien filmée par Minnelli mais où la convention règne (ah, le charme de la société sudiste !) et où les grands moments musicaux manquent. Heureusement, il y a Judy Garland, l’âge du rôle, et Margaret O’Brien, notre chouchou.
20.45 : Stupeur et tremblements d’Alain Corneau (2002), Club
Corneau était autant lui-même en adaptant Jim Thompson, Antonio Tabucchi, Pascal Quignard ou Amélie Nothomb, jamais incommodé par la barrière des genres. Il filme le Japon d’aussi près qu’il avait filmé l’Inde de Nocturne indien ou la France de Marin Marais. Sylvie Testud, capable de toutes les performances, est tout à fait à l’aise dans cet univers glacial de l’entreprise nipponne.
21.00 : Maria Montez : la pelicula de Vicente Peñarrocha (2014), Sundance TV
Le film, inédit, nous est inconnu. Mais le sujet est intéressant - on ne pensait pas que quelqu’un pouvait se passionner pour l’actrice au point de lui consacrer un film. Mais elle est née en République dominicaine, pays d’origine du réalisateur. Elle fut une star de la série B, joua chez Siodmak et Ophuls, incarna une Antinéa assez rigolote, épousa Jean-Pierre Aumont, et vint mourir à Paris (elle est enterrée à Montparnasse). C’est donc la surprise (bonne ?) du jour.
22.20 : Les Trois Mousquetaires de George Sidney (1948), Classic
Ce n’est pas une comédie musicale, mais c’est tout comme, car Sidney a filmé tous les duels et autres batailles comme une chorégraphie (et Gene Kelly-d’Artagnan en reprendra quelques plans dans Chantons sous la pluie). Lana Turner est une milady de Winter tout à fait haïssable, Vincent Price un Richelieu tout à fait ridicule et Frank Morgan un Louis XIII tout à fait à la hauteur de sa légende.