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Love Exposure (2008)
de Sono Sion
publié le samedi 24 décembre 2016

Cf. Été 2013
Les saisons, chronique DVD

par Jérôme Fabre
Jeune Cinéma n°354, automne 2013

Sélection du festival de Berlin 2009
Pas de sortie française


 


Le film-monstre de Sono Sion, Love Exposure (*), est l’aboutissement d’un travail débuté avec le collectif Tokyo Gagaga (tournages à l’arrache, improvisation, happenings, etc.), alors que le réalisateur japonais sort aujourd’hui des films plus tenus comme Guilty of Romance (2011), The Land of Hope (2012), sinon moins subversifs.

L’histoire est rebattue : ayant promis à sa mère au seuil de la mort d’épouser la Vierge Marie, humilié par son père devenu prêtre rigoriste et débauché qui l’enjoint de confesser chaque fois toujours plus de péchés, Yu devient champion de tôsatsu (ou chasse aux photos de petites culottes - sport national au Japon, néanmoins puni aujourd’hui de huit ans d’emprisonnement).

Ayant finalement rencontré la Vierge, qui s’avèrera être sa demi-sœur, Yu, longtemps éconduit par la belle qui lui préfère les rêves saphiques, finira par la conquérir en l’arrachant, paré des habits de la Femme Scorpion, aux griffes d’une secte. Ça commence comme du Ferrara, continue comme un roman d’apprentissage, se noie longuement dans une sauce "comedy" de TV japonaise et finit comme Vol au-dessus d’un nid de coucou.

Les dix premières minutes sont belles à pleurer, sinon c’est la plupart du temps le grand n’importe quoi, mais tout le monde bat des mains car c’est japonais (cf. la presse enthousiaste).
Tous les thèmes de Sion sont là, religiosité exacerbée, inceste, révolte, étirés sur près de quatre heures quand même, et on ne peut nier qu’il donne un éclairage original sur les travers nippons (sectarisme, obsession de l’image adolescente, âpreté de l’éducation, soumission et domination, etc.).
Son amour du Grand-Guignol, son utilisation de la musique classique et l’engagement total de sa troupe de comédiens produit quelques fulgurances, mais pour le reste, sous l’œil de sa caméra DV très cheap, il n’est aucune mise en scène, et la dramaturgie s’avère vite indigeste.

Où le cinéma underground japonais conflue, dans les pages des revues avisées et autorisées, avec une nouvelle tendance de cinéma français indigent (fait dans l’urgence et la liberté, comme dirait les Cahiers du Cinéma) incarnée par La Fille du 4 juillet et autres Rencontres d’après minuit.

Jérôme Fabre
Jeune Cinéma n°354, automne 2013

* HK Vidéo.

Love Exposure (Ai no mukidashi). Réal, sc : Sono Sion ; ph : Sôhei Tanikawa ; mu : Tomohide Harada ; mont : Jun’ichi Itô. Int : Takahiro Nishijima, Hikari Mitsushima, Sakura Andō, Makiko Watanabe, Atsuro Watabe (Japon, 2008, 237 mn).

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