home > Films > Harmonium (2016)
Harmonium (2016)
de Kôji Fukada
publié le mercredi 11 janvier 2017

par Thomas Coster
Jeune Cinéma n°377, décembre 2016

Sélection officielle Un certain regard au Festival de Cannes 2016.
Prix du jury

Sortie le mercredi 11 janvier 2017


 


Découvert en 2013 pour Au revoir l’été, Kôji Fukada fait son retour en salles avec Harmonium, remarquable film noir sur des individus que la famille conduit à se dévorer. Le prétexte d’une intrigue policière lui permet d’interroger longuement les ressources de ses personnages, leur conception du monde et les limites de leur amour.


 

Toshio et Akié vivent en banlieue avec leur petite fille Hotaru. Un lointain ami de Toshio se présente un matin : il sort de prison et cherche du travail. Le mari l’engage immédiatement et décide de loger chez lui cet être mystérieux, mais séduisant, qui apprend l’harmonium à Hotaru, et pour qui la jeune femme ne cache pas son affection. Tentée par l’adultère, celle-ci se refuse finalement à lui, précipitant un accident extraordinaire qui bouleverse l’équilibre familial.


 

Ce qui est en jeu, on le comprend vite, n’est pas tant la résolution (hypothétique) du récit que la révélation, dans la confrontation des individus à une violence aveugle, avec leurs tourments profonds, leurs véritables visages.

Le réalisateur japonais, aux influences rohmériennes revendiquées, décrit lui-même sa vision du réalisme cinématographique comme une rencontre entre un jeu d’acteur naturel et un texte très travaillé.
Le film, coupé en deux grandes partie (avant et après le drame), confronte l’idée du couple et de la famille japonaise aux désirs antagonistes des individus, le plus souvent dans des scènes dialoguées d’une précision théâtrale. Les excellentes prestations de Kanji Furutachi et Mariko Tsutsui emportent la conviction, et l’on regrette de ne pas comprendre la langue pour en goûter tout le sel.


 

On peut déplorer quelques séquences oniriques dispensables et un peu trop dramatisantes. Ces faux-pas sont compensés par la simplicité des prises de vue, les plans souvent fixes, en longue focale, et l’économie du mouvement, particulièrement dans les rares scènes de violences.
Le film a obtenu un prix du jury Un certain regard largement mérité lors du dernier Festival de Cannes.

Thomas Coster
Jeune Cinéma n° 377, décembre 2016


Harmonium (Fuchi ni Tatsu). Réal, sc, mont : Kôji Fukada ; ph : Kenichi Negishi ; déc : Kensuke Suzuki. Int : Tadanobu Asano, Mariko Tsutsui, Taiga, Kanji Furutachi, Takahiro Miura (Japon, 2016, 118 mn).



Revue Jeune Cinéma - Mentions Légales et Contacts