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Autre Côté de l’espoir (l’) (2016)
de Aki Kaurismäki
publié le mercredi 15 mars 2017

par Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma en ligne directe

Ours d’argent au Festival de Berlin 2017

Sortie le mercredi 15 mars 2017


 


Dans le port d’Helsinki, filmé longuement en lents mouvements giratoires, les coques noires d’énormes paquebots couvrent les trois-quarts de l’image. Ainsi débute le nouveau film d’Aki Kaurismäki.

D’emblée, s’installe une atmosphère de transit, d’éloignement, de perdition peut-être, où les êtres connus (souvent les mêmes acteurs, Sakari Kuosmanen, Janne Hyytiänen, Iikka Koivula) et inconnus (Sherwan Haji, Simon Hussein Al-Bazoon, Nuppu Koivu) se croisent travaillent et réalisent ensemble une part de leur destinée. Comme souvent dans les films de Kaurismäki, se mêlent à la solitude profonde, une mélancolie et un humour aussi éclatant que dérisoire.


 

L’Autre Côté de l’espoir (1) relate l’histoire croisée de Khaled, jeune migrant syrien arrivé à Helsinki, et Wikhström, représentant de commerce, qui change de vie, quitte sa femme et son travail pour ouvrir un restaurant. La narration, conçue en différentes séquences, ponctuée par les moments musicaux de rock finlandais de Tuomari Nurmio, réserve des espaces entre lesquels les personnages s’efforcent d’agir au mieux pour réussir leur vie. Khaled lutte chaque jour pour son intégration et l’obtention de papiers, Wikhström risque tout et joue au casino pour ouvrir son restaurant.


 

Le langage de Kaurismäki use des mêmes formes, grands à-plats de couleurs vives, statisme des personnages, immobilité et lenteur des plans, scandés au rythme des guitares. Les personnages sont filmés face caméra, les visages aux expressions silencieuses sont saisis tour à tour d’un effroi passager, parfois d’une tristesse profonde ou encore d’une douce indifférence. Le restaurant est le refuge où travaillent tous les naufragés de la vie ; Khaled, finalement, s’y retrouve.

La particularité du film est son alternance entre un présent qui montre une situation précaire, difficile et risquée, d’où les personnages tentent à tout prix de s’en sortir, et un temps de pure fiction où chacun joue un rôle, imaginaire, drôle, rempli d’humour, sorte de farce distanciée du monde réel.


 

Les films de Kaurismäki ne vont jamais seuls, au premier succède le suivant, puis l’autre, et ainsi de suite, chacun évoque de façon obsessionnelle, la même vision du monde, nostalgique et triste, où malgré une lueur d’espoir et l’avenir possible d’autres vies, leur coloration est souvent teintée d’obscur.

Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma en ligne directe

1. Le film est dédié à la mémoire de Peter von Bagh (1943-2014.

L’Autre Côté de l’espoir (Toivon tuolla puolen). Réal, sc : Aki Kaurismäki ; ph : Timo Salminen ; mont : Samu Heikkilä ; déc : Markku Pätilä. Int : Sherwan Haji, Sakari Kuosmanen, Ilkka Koivula, Janne Hyytiäinen, Nuppu Koivu, Kaija Pakarinen (Filande-Allemagne, 2016, 98 mn).

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