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Tombé du ciel (2016)
de Wissam Charaf
publié le mercredi 15 mars 2017

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 15 mars 2017


 


Après quatre courts métrages et un documentaire, le cinéaste Franco-Libanais Wissam Charaf nous offre son premier long métrage de fiction, plutôt court pour un long (70 mn.) et plutôt long pour un court. Nous sommes donc dans un entre-deux volontaire puisque ce film, au nom éloquent de Tombé du ciel, replonge le spectateur dans la guerre civile qui a longtemps ravagé le Liban. Comme si cette plaie ne s’était jamais refermée, le réalisateur revient sur ce traumatisme qui a marqué sa génération, née pendant cette guerre civile qui a fait plus de 200 000 morts.

Qui est tombé du ciel ?
Non pas une bombe, mais un revenant, Samir, ancien milicien déclaré mort, qui revient dans la vie de son frère, Omar, devenu garde du corps à Beyrouth.
Mais cette résurrection fait l’effet d’une bombe dans la vie d’un homme au regard d’enfant, et au corps de colosse, intégré nolens volens à la vie beyroutine. Le film commence d’ailleurs sur un plan montrant Samir avançant péniblement dans une neige molle et qui se retrouve dans les rues de Beyrouth, ramassé comme un détritus par des hommes de la voierie puis jeté devant la boîte de nuit où travaille Omar, son frère, qui va finir par le reconnaître après l’avoir frappé.


 

Le film commence comme un conte oriental, avec de très belles images qu’il conservera jusqu’au bout, dans le format presque carré (1.33) qui donne aux plans plus de réalité, plus de crudité, voire de cruauté.
Il s’agit d’une histoire qui va naviguer sans cesse entre fiction et réalité, Samir se comportant comme un fantôme revenu pour hanter la conscience de son frère, trop bien intégré dans un Liban qui n’a pas fini de se battre contre ses démons.

Wissam Charaf définit l’état du pays et de sa capitale : "Le film nous installe dans cette zone volcanique qu’est le Liban d’aujourd’hui. Beyrouth, c’est une zone indécise, cette ville ressemble à un asile de fous à ciel ouvert." Cette situation est celle de tous ces pays du Proche-Orient qui ont basculé, ou l’ont déjà fait, dans une guerre civile qui ne dit pas son nom.


 

Il n’empêche que le film est parfois drôle, burlesque même, avec l’humour provocant des premiers films d’Almodovar, comme s’il fallait installer la liberté durement acquise dans l’outrance des images et des mots. Les personnages sont particulièrement bien dirigés, de manière sobre, contrairement à certains autres films libanais qui mettent plus l’accent sur le pathos.

Entre comique de situations, gags et images inattendues, Wissam Charaf navigue en donnant l’impression, comme ses personnages, de ne pas trop savoir où il veut accoster. Son style va sans doute s’étoffer. Mais Tombé du ciel, film sur l’errance entre deux mondes, un peu inabouti, ne laisse pas indifférent et promet de beaux lendemains au réalisateur si, après ce galop d’essai, il continue dans cette veine tragicomique, bien en harmonie avec la situation actuelle au Liban.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Tombé du ciel. Réal, sc, mu : Wissam Charaf ; sc : Mariette Desert ; ph : Martin Rit ; mont : Martin Rit & William Laboury. Int : Raed Yassin, Rodrigue Sleiman, Said Serhan, Yumna Marwan, George Melki (France-Liban, 2016, 70 mn).

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