Jeune Cinéma en ligne directe
Journal de Ben Cash (26 mars 2017)
À propos de l’exposition Anthropo-scene (Paris, 2017)
Hier, à la Galerie Alberta-Pane on vernissait Gayle Chong Kwan : Anthropo-scene (25 mars-16 mai 2017).
Comment résister avec un titre pareil, qui nous renvoie à tous nos soucis ?
Gayle Chong Kwan se réfère explicitement au Prix Nobel Paul Crutzen (cf. la biblographie et quelques étapes expliquées).
La "société contre nature" produit des déchets impossibles à résorber, s’engage dans des perspectives en cul-de-sac, et engendre des problématiques en formes d’apories.
L’artiste en tire les conséquences avec ses installations. (*)
La nouvelle relation entre l’homme et la nature "complique" la relation entre l’artificiel et le naturel, brouille les réels et les imaginaires, comme les représentations du temps. Le "ici-et-maintenant" se métamorphose lentement en "époque", autant dire que la notion d’éternité à échelle humaine - se fait - se fera - de plus en plus perceptible.
Il y a longtemps que Chong Kwan - dont l’œuvre part des idées, traverse le visible, et revient aux idées - dépasse toutes les myopies, pour se confronter à l’histoire, aux fouilles, aux ruines, aux multiples sédimentations de l’humanité, et donc aux couches de nos déchets désormais immortels. "Il est bon de regarder en arrière", dit-elle.
Il était inévitable qu’elle s’immerge dans cette vision aussi matérialiste que métaphysique d’un monde courant vers un nouveau chaos, qui se différencie pourtant de la traditionnelle apocalypse, et qu’elle la travaille.
* En 2015, l’artiste avait déjà participé à une exposition collective au même titre, à Londres au Bloomberg Space, avec Marie Lelouche, Michelangelo Penso & João Vilhena.
Galerie Alberta-Pane, 47 rue de Montmorency, 75003 Paris.