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Tate, Henry (1819-1899)
Brève
publié le lundi 10 avril 2017

Héritage de Henry Tate

Jeune Cinéma en ligne directe
Journal de Ben Cash (Lundi 10 avril 2017)


 


Lundi 10 avril 2017

À Londres, la Tate Britain (* Cf. infra) célèbre le 50e anniversaire du Sexual Offences Act 1967, dépénalisation de l’homosexualité masculine au Royaume-Uni : Queer British Art 1861–1967 (24 mars-1er octobre 2017).


 

C’est l’occasion d’élargir le souvenir à la vieille loi sur la Bougrerie.

Et de méditer sur les diverses oppositions nature-culture concoctées par les civilisations, conflictuelles, simplistes parce que binaires.


 

Au début des années 70, Serge Moscovici rappelait que les sociétés ne sont pas "hors nature ni contre nature, mais dans la nature et par la nature".
En 2017, on peut mesurer la guerre interne qui fait rage, sur tous les fronts, avec les terrifiants dégâts que l’on sait, des deux côtés, mœurs comme climats, avec pronostic vital engagé pour l’espèce humaine.
Il est urgent de renouer un dialogue "diplomatique" entre nature et culture. Et, pour ce qui concerne les cultures, c’est sans doute aux articulations et aux marges qu’on peut les travailler.

Tate Britain, Millbank, Westminster, London SW1P 4RG


* La famille des musées Tate

Quelque part dans la nuit des temps, dans un des 9 ciels du Paradis, Sir Henry Tate (1819-1899) fait sans doute partie des bienheureux.

L’apprenti épicier, devenu gros machand de sucre, était attentif à ce jeune capitalisme épanoui qui le portait et à ses ignobles inégalités. Alors il redistribuait, un bar et une salle de danse pour ses ouvriers, des dons discrets aux hôpitaux, aux bibliothèques, aux universités…


 

Il faisait aussi collection de tableaux contemporains, une petite collection, 65 pièces tout au plus, avec quelques pièces maitresses de ces préraphaélites que plus personne n’ignore aujourd’hui.


 

Dix ans avant sa mort, il voulut en faire don à la National Gallery, qui n’en voulut pas. Alors il fit construire un musée public pour l’abriter, sur un espace offert par le gouvernement, la prison de Millbank (1816-1890) qui servait de centre de détention aux condamnés avant leur départ pour l’Australie.


 

Il était contemporain de Karl Marx (1818-1883) qu’il n’avait sans doute pas lu et ne croisait probablement pas dans la bonne ville de Londres, l’un avec ses sugar cube chez Tate & Sons, l’autre avec ses furoncles à la bibliothèque du British Museum.
Mais Mr Tate, philanthrope, ne se satisfaisait pas de la simple accumulation de son capital.
Il avait l’instinct précurseur d’une évidence qui ne serait théorisée que 50 ans plus tard par Abraham Maslow, avec sa théorie de la pyramide des besoins.


 

Mais peut-être aussi, avait-il le sentiment diffus du statut spécial des œuvres d’art, des "marchandises" pas comme les autres, le lien entre le travail vivant et le travail mort, la nécessité morale (et politique ?) de rendre au peuple des travailleurs les beautés qu’il avait créées par procuration.

Henry Tate, qui n’accepta d’être anobli que tardivement et pour ne pas vexer la famille royale, est à l’origine d’une famille de musées qui s’est joliment développée, et de plus, splendide ironie, sur des lieux de travail et d’oppression.
Dans cette catégorie, directement de l’usine au musée, on connaît aussi le musée du Grand Hornu (MAC’s).

L’ancêtre, son musée à lui, la National Gallery of British Art fut inaugurée en 1897. Nos générations l’appelaient la Tate Gallery, entrée libre, grand succès.
La Tate Gallery était moderne et contemporaine.
Une modernité pousse l’autre, et, humain ou œuvre, on ne sait jamais très bien, où est le présent de "jusqu’à nos jours", ni à quel moment exactement on est passé, insensiblement, de contemporain à moderne, ni si c’est une promotion ou une calcification.

Pour la Tate Gallery, la reproduction s’est faite par scissiparité.

* En 2000, la vieille Tate est devenue la Tate Britain.

* La jeune Tate s’appelle la Tate Modern, elle est construite sur une centrale électrique désaffectée.

Et puis, il y a deux autres Tate :

* La Tate Liverpool, ouverte en 1988 et construite sur un entrepôt de l’Albert Dock.

* La Tate StIves en Cornouailles, construite en 1993, sur le site d’une ancienne usine.

À Londres, les grands musées sont gratuits.
Bref, Sir Henry Tate doit être heureux de la réussite de sa transmission à une descendance élargie.

Et, en ce printemps 2017, Oscar Wilde (1854-1900) aussi doit être heureux.


Post Scriptum :

Pendant ce temps, la Tate Modern, voit loin.

Elle nous invite dès maintenant, pour le printemps 2018, à suivre le Picasso de l’année 1932.

C’est Picasso 1932. Love, Fame, Tragedy (8 mars-9 septembre 2018).

En montre : Le Rêve (1932).


 

Tate Modern, Bankside, London SE1 9TG.

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