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Django (2016)
de Étienne Comar
publié le mercredi 26 avril 2017

par Nicolas Villodre
Jeune Cinéma n° 380, mai 2017

Sortie le mercredi 26 avril 2017


 


Difficile de faire mieux, y compris de nos jours, dans des genres tels que que le long métrage, la fiction, le semi-biopic à la Bird, que le merveilleux film de Paul Paviot, Django Reinhardt (1957), court, documenté, poétique grâce à ses collaborateurs, dans les deux sens du terme, Jean Cocteau (pour la préface) et Chris Marker (pour les commentaires), voire, sur le grave sujet de la déportation du peuple tsigane, le Canta gitano (1982) de Tony Gatlif.


 

Django de Étienne Comar pointe les défauts d’une production hexagonale comme La Danseuse : conformisme esthétique, coupes innécessaires (plan-séquence raté dès le premier solo de six-cordes), longueurs et redondances, désinvolture historique (l’Occupation vue par le petit bout de la lorgnette avec l’épisode de Thonon-les-Bains vécu façon “petite vadrouille”, la Résistance étant symbolisée par le swing et la danse), approximations narratives, fautes de goût agaçantes, comme celle qui consiste à achever (si l’on peut dire) le requiem de Django par un auteur de musique de film au mètre.


 

Mise à part Cécile de France, embarquée par erreur dans la galéasse, la distribution, pour ne pas dire le casting, est impeccable.
Sont remarquables l’idée de faire jouer le guitariste-compositeur de génie par Reda Kateb, celle d’engager tout ou partie d’une “tribu prophétique aux prunelles ardentes” sédentarisée à Forbach, usant, qui plus est, de la langue manouche - mi-romani, mi-allemande - mais aussi l’excellent Patrick Mille pour incarner Charles Delaunay, fils des deux peintres et cofondateur du Hot Club de France.


 

La production (le vrai métier de Étienne Comar) est cossue, avec des décors aux petits oignons, des verdines plus vraies que nature, d’élégants costumes d’époque, une figuration intelligente, des salles de spectacle, des coulisses, des bureaux et des extérieurs fort bien repérés et captés par les caméras de Christophe Beaucarne (les options en matière d’étalonnage étant plus discutables).
Pour peu qu’on zappe ici et là des dialogues décrivant ce qu’on est censé voir et, qu’à l’instar de l’aveugle inaugurant l’opus ou du protagoniste le closant, on rabatte les paupières, on savoure alors pleinement la B.O., une playlist des plus réjouissantes. Ce film est aussi, ne l’oublions pas, musical.

Grâce soit donc rendue au trio Rosenberg, que l’on peut admirer plus à loisir dans le beau DVD de Sophie Paviot, Gypsy guitar masters (2005).
Nonnie, Nous’che et Stochelo rejouent pour nous en les arrangeant subtilement, dans l’esprit de son créateur, d’immortelles pépites de Django.

Nicolas Villodre
Jeune Cinéma n° 380, mai 2017

Django. Réal : Étienne Comar ; sc : E.C. Alexis Salatko ; ph : Christophe Beaucarne ; mont : Monica Coleman. Int : Reda Kateb, Cécile de France, Beata Palya, Bimbam Merstein, Antoine Laurent, Aloïse Sauvage, Patrick Mille (France, 2016, 115 mn).

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